Tchéquie/Ukraine – Interrogé par la chaîne d’information CNN Prima News ce dimanche 6 février, le président tchèque Miloš Zeman est revenu sur l’actuelle crise russo-ukrainienne qu’il considère comme une « guerre de mots », prenant ainsi le contre-pied du gouvernement de Petr Fiala au grand dam des autorités ukrainiennes.
« Une guerre de mots »
Miloš Zeman, qui s’exprimait dans l’émission Partie de Terezie Tománková, a ainsi déclaré « ne pas partag[er] les craintes d’une éventuelle agression russe contre l’Ukraine […] Si vous comparez les profits et les pertes, parce que
[les Russes] ne sont pas idiots, ils comprendront qu’ils auraient beaucoup à y perdre »,
considérant pour sa part que si conflit armé il devait y avoir, ce dernier se limiterait sans doute aux deux républiques séparatistes de Lougansk et de Donetsk, dans le Donbass. De plus, le chef de l’État tchèque a ajouté qu’il ne soutiendrait donc pas l’envoi éventuel de soldats tchèques sur les frontières orientales de l’OTAN – jetant ainsi une pierre dans le jardin du ministre des Affaires étrangères, Jan Lipavský (Pirates) qui avait déclaré fin janvier que le déploiement de forces supplémentaires de l’OTAN sur son flanc oriental serait dans l’intérêt de la sécurité de la Tchéquie et que l’armée tchèque devrait y prendre part. On se souvient que Miloš Zeman avait initialement récusé ce ministre qu’il considérait comme peu compétent dans le domaine des Affaires étrangères. Évoquant aussi le récent don par la République tchèque de 4000 cartouches à l’Ukraine, Miloš Zeman a estimé :
« En tant qu’homme d’affaires, j’aurais préféré [les leur] vendre ».
« Zeman tente de nuire aux relations tchéco-ukrainiennes »
Ces propos du président tchèque ont été assez peu appréciés du côté de Kiev, où le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmitro Kouleba, a rapidement réagi sur Twitter : « Cette nouvelle tentative du président Zeman de nuire aux relations tchéco-ukrainiennes se soldera par un nouvel échec.
J’ai hâte d’accueillir Jan Lipavský en Ukraine, qui représente un gouvernement responsable comprenant la menace que représente une agression russe contre l’Ukraine pour la Tchéquie et l’Europe entière ».
Pas de soldats tchèques en Ukraine
De son côté, le porte-parole du ministère tchèque des Affaires étrangères, Lenka Do, a réitéré le soutien du gouvernement Fiala à l’Ukraine, mais a précisé que
« le gouvernement tchèque actuel n’enverra pas de soldats pour défendre l’Ukraine ».
Visite en Ukraine des ministres des Affaires étrangères tchèque, slovaque et autrichien
Par ailleurs, le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavský, s’est envolé ce lundi 7 février pour deux jours en direction de l’Ukraine en compagnie de ses homologues autrichien et slovaque, Alexander Schallenberg et Ivan Korčok. Les trois ministres se sont tout d’abord rendus à Kharkov, dans l’est du pays, non loin de la ligne de front avec la zone contrôlée par les séparatistes pro-russes dans le Donbass – sur laquelle les minsitres se sont rendus, vers midi, à Stanitsya Louhanska, pour marquer la solidarité européenne avec l’Ukraine –, avant de rejoindre Kiev. À cette occasion, le chef de la diplomatie tchèque a déclaré que
« les Ukrainiens doivent avoir le droit de décider d’appartenir à l’Occident et de se rapprocher de l’Union européenne et de l’Alliance de l’Atlantique Nord.
[…] Nous avons fait l’expérience, dans notre Histoire, de l’invasion par des troupes étrangères en 1968. L’Ukraine vit actuellement une expérience similaire ».