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Protection immédiate sans formalités pour les réfugiés ukrainiens dans l’UE

Temps de lecture : 3 minutes

Union européenne – Alors que la guerre en Ukraine en raison de l’invasion russe en est à sa deuxième semaine et que les réfugiés ukrainiens affluent désormais dans les pays limitrophes (déjà 600 000 en Pologne, 130 000 en Hongrie, mais aussi beaucoup en Slovaquie, en Roumanie et en Moldavie), la commissaire européenne à l’Intérieur, Ylva Johansson, a annoncé ce jeudi 3 mars que l’Union européenne venait de décider à l’unanimité d’accorder une protection immédiate et temporaire à toutes les personnes en provenance d’Ukraine, dès ce vendredi 4 mars.

Un mécanisme de protection temporaire

« Décision historique en JAI [Conseil « Justice et affaires intérieures », ndlr.] en ce moment ; l’UE va accorder une protection temporaire aux personnes fuyant la guerre en Ukraine. L’UE est unie pour sauver des vies ! »

a-t-elle déclaré sur Twitter.

En effet, comme on peut le lire sur le site du Conseil européen : « Les ministres de l’Union européenne se sont accordés aujourd’hui unanimement sur la mise en place d’un mécanisme de protection temporaire pour répondre à l’afflux de personnes déplacées en provenance d’Ukraine. […] Ce dispositif permettra aux États membres de l’Union européenne d’offrir aux personnes qui fuient le conflit en Ukraine une réponse adaptée à leur situation.

Les personnes éligibles pourront bénéficier d’un statut protecteur similaire à celui de réfugié, dans n’importe quel pays de l’Union européenne pour une durée d’un an renouvelable ».

Cette protection inclut notamment un permis de séjour et l’accès au marché du travail.

La Hongrie ayant également voté en faveur de cette mesure, bien que n’y étant pas favorable, le ministre en charge de la chancellerie du Premier ministre, Gergely Gulyás, a précisé que les citoyens hongrois vivant en Subcarpatie (Transcarpatie pour les Ukrainiens) ne pourront juridiquement obtenir le statut de réfugiés, mais seront aidés au cas par cas si besoin, notamment par l’accès à un emploi. Il est également à noter que la mobilisation populaire, que ce soit en Pologne, en Hongrie, en Slovaquie, en Roumanie ou en Moldavie, est particulièrement forte. Les différents partis politiques mobilisent également leurs ressources, tandis que les mairies frontalières et celles des principales villes du pays offrent des logements ou facilitent les transports. De nombreux particuliers se sont également enregistré depuis des jours pour accueillir des familles, et les bénévoles affluent dans les gares pour réceptionner les réfugiés.

Les non-Ukrainiens surreprésentés

Parmi les personnes arrivant d’Ukraine, les non-Ukrainiens sont très largement surreprésentés, de nombreux étudiants mais aussi voyageurs ou immigrants fuyant le pays. Au début du conflit, environ 80000 étrangers étudiaient en Ukraine.

À Budapest, avant que n’arrivent les femmes et les enfants ukrainiens, les habitants de la capitale hongroise ont été surpris de voir arriver dans les premiers trains des centaines, puis des milliers d’extraeuropéens. Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a expliqué que la Hongrie avait déjà aidé 2000 étudiants indiens à rentrer chez eux et 3000 autres attendent leur tour (selon les autorités indiennes, ils étaient environ 20000 en Ukraine au début de la guerre), tandis que la Somalie, le Nigeria, Israël ou encore le Maroc ont demandé de l’aide à la Hongrie pour aider leurs citoyens en provenance d’Ukraine.

Par ailleurs, selon Do Rzeczy, la polémique relative à une prétendue « sélection raciste » selon laquelle les gardes-frontières polonais ne laisseraient pas passer les étudiants africains et asiatiques fuyant la guerre en Ukraine, ne serait pas fondée, « la Pologne laiss[ant] en effet entrer tout le monde ». Néanmoins,

des « situations très désagréables impliquant des personnes d’origine non-européenne » auraient eu lieu « dans les gares ukrainiennes […] ces personnes se retrouv[ant] en Pologne plus tard »,

tandis que de nombreux témoignages font état de diverses agressions commises par des personnes « de nationalité inconnue » dans la région de Przemyśl. Pour le moment, la police polonaise n’a confirmé que l’attaque d’une épicerie par un « un étranger de nationalité inconnue » le lundi 28 février dans la ville de Przemyśl. Mais le maire de la ville pointe du doigt des personnes qui « diffèrent en apparence de l’habitant ordinaire d’Ukraine » et les témoignages d’habitants affluent sur la croissance du sentiment d’insécurité, voire d’agressions physiques et verbales, ainsi que de vols. Selon le journaliste Łukasz Warzecha de Do Rzeczy, il est également à craindre que nombre de clandestins bloqués dans les mois précédent à la frontière biélorusse aient profité de la situation pour rentrer finalement en Pologne, avec encore plus de droits et aucun contrôle, rendant ainsi caduque une bonne partie des efforts de protection de la frontière.