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L’ancien Premier ministre slovaque Robert Fico inculpé pour fondation d’une association criminelle

Temps de lecture : 3 minutes

Slovaquie – Coup de tonnerre en ce mercredi 20 avril en Slovaquie : Robert Kaliňák et Robert Fico (Smer-SD), respectivement ancien ministre de l’Intérieur et ancien Premier ministre de 2012 à 2018, ont été arrêtés par l’Agence nationale slovaque de lutte contre la criminalité (NAKA). On leur reproche d’avoir créé et dirigé une association criminelle, ainsi que d’avoir fauté par abus de pouvoir.

Plusieurs opérations de police à travers la Slovaquie

La nouvelle a rapidement été confirmée par un porte-parole de la préfecture de police, expliquant que « l’Agence de lutte contre la criminalité [avait] mené plusieurs opérations de police à travers la Slovaquie, dans le cadre desquelles plusieurs personnes, dont M.P., [l’avocat Marek Para, ndlr.] R.K. [Robert Kaliňák] et R.F. [Robert Fico], ont été arrêtées ». Dans le même temps, le procureur général spécial faisait savoir qu’une procédure contre Robert Fico, Robert Kaliňák, Tibor Gašpar (ancien chef de la police slovaque de 2012 à 2018) et Norbert Bödör (un homme d’affaire déjà impliqué dans plusieurs affaires) avait été ouverte la veille dans le cadre de trois affaires différentes. Pour le moment, Robert Fico n’a pas été placé en détention, dans la mesure où il est encore protégé par son immunité parlementaire et que sa détention nécessite l’approbation préalable du Conseil National (parlement). Selon la presse slovaque, cette affaire impliquerait également l’ancien chef de l’Agence de lutte contre la criminalité, Peter Hraško, et le directeur de son unité anti-corruption, Róbert Krajmer.

« Fico devrait démissionner »

Dans une première réaction publiée sur son compte Facebook, le Premier ministre actuel, Eduard Heger (OL’aNO), a déclaré :

« La décision des services de polices concernant l’inculpation de Robert Kaliňák, Robert Fico etc. est leur décision autonome. J’espère que cela est étayé par des preuves »,

tandis que le vice-Premier ministre Veronika Remišová (Za ľudí) appelait Robert Fico à démissionner de son mandat de député :

« Fico ne devrait pas se cacher derrière son mandat de député, il devrait démissionner »

– un appel que l’intéressé a rejeté.

Matovič accuse Fico et Kaliňák d’usage abusif des forces de police

Par ailleurs, le ministre des Finances, ancien Premier ministre et président du mouvement OL’aNO, Igor Matovič, a déclaré que

« selon les témoignages de nombreux membres de leur mafia, Fico et Kaliňák ont grossièrement exploité la police pour criminaliser leurs opposants politiques »

et estimé que cette affaire concernant non seulement les dirigeants du Smer-SD de Robert Fico, mais également ceux de sa scission Hlas-SD de Peter Pellegrini, qui avait succédé à Robert Fico au poste de Premier ministre suite au scandale provoqué par l’assassinat du journaliste d’investigation Ján Kuciak en 2018.

Robert Fico crie à la manipulation politique

De son côté, Robert Fico a également réagi en se déclarant victime d’une « pure vengeance politique » : « Aujourd’hui, en tant que leader de l’opposition, [l’Agence de lutte contre la criminalité] m’a accusé politiquement pour la quatrième fois. Pas parce que je suis soupçonné de corruption ou d’autres crimes économiques. Mais parce qu’en tant que politicien de l’opposition, je fais mon travail. […]

Il s’agit d’une vendetta politique et d’une tentative d’éliminer le chef du principal parti parlementaire d’opposition.

Ils ont inventé une histoire selon laquelle j’aurais créé un groupe criminel pour nuire à Kiska [Andrej Kiska (Za ľudí), ancien président slovaque, ndlr.], Matovič et Kollár. [Boris Kollár (Sme Rodina), président du parlement slovaque, ndlr.] La liste des victimes prouve à elle seule qu’il s’agit d’une revanche politique.

Je suis accusé parce que, en tant que Premier ministre entre 2006 et 2018, j’ai parlé des fraudes fiscales de Matovič et Kiska.

[…] Ce sont des imbéciles. Ils nous pendraient si la Slovaquie avait la peine de mort pour les délits politiques. Ils le feraient comme ils l’ont fait en Tchécoslovaquie dans les années 50 ou comme les nazis l’ont fait en Allemagne dans les années 30. […]

Nous soulignons que la coalition au pouvoir a tout foiré, nous a entraînés dans la guerre et a fait de la Slovaquie un protectorat américain. Maintenant, ils ont décidé de liquider l’opposition.

[…] Il s’agit d’un ordre politique émanant du [gouvernement]. Ils veulent détruire le Smer-SD. Nous devons arrêter cette revanche politique. […] Ils veulent me mettre en prison pour dix ans et éliminer ainsi le parti d’opposition le plus fort. [Mais]

on ne liquide pas l’opposition en attrapant le chef de l’opposition et en lui coupant la tête sur la place de la vieille ville.

[…] Nous nous battrons avec tous les instruments politiques contre ces abus ridicules qui empiètent sur la démocratie d’une manière qui n’a jamais été le cas dans l’histoire moderne de la Slovaquie ».