Pologne – Le parti nationaliste polonais Ruch Narodowy (Mouvement national, RN) – principale composante de la coalition nationale-conservatrice Konfederacja – tenait, ce samedi 11 juin, son congrès à Varsovie. L’occasion pour Robert Winnicki, réélu pour un mandat de quatre ans à la présidence du parti, de faire un tour d’horizon de l’actualité politique polonaise et d’aborder la question des relations polono-ukrainiennes.
« Nous entrons dans un marathon électoral… »
Robert Winnicki a ainsi appelé ses troupes à s’investir dans les prochaines échéances électorales – élections locales en octobre 2022 et surtout les législatives de l’automne 2023 : « L’heure n’est pas aux discussions pour le moment, mais au travail, parce que beaucoup de travail national, politique, confédéral nous attend – nous entrons dans un autre marathon électoral… […]
une campagne électorale continue qui prendra fin à l’automne de l’année prochaine, sauf si les gouvernants en décident autrement.
[…] Nous gagnons avec notre efficacité, notre cohérence, notre idéologie et notre dévouement. […] Le fait que nos forces et nos ressources soient beaucoup moins importantes que la propagande des centres forts, des centres dominants, qui diffèrent principalement sur le plan rhétorique, a peut-être encore impressionné quelqu’un il y a quelques années. […]
Nous avons le vent en poupe, nous sommes prêts à nous battre, nous avons des revendications concrètes qui donnent aux Polonais une chance d’avoir une réalité différente ».
« Bandera et Choukhevytch ne sont pas des héros, mais des criminels »
Par ailleurs, le président du Mouvement national a d’ores et déjà annoncé une action dans l’ensemble de la Pologne pour ce mois de juillet, intitulée « Fleurs de Volhynie » en mémoire des victimes polonaises des massacres perpétrés par les nationalistes ukrainiens au cours de la Seconde Guerre mondiale dans cette région occidentale de l’Ukraine ayant fait partie de la Pologne de 1921 à 1939 :
« Nous nous souviendrons de ces 200 000 compatriotes assassinés de manière bestiale.
Et nous nous souviendrons que Stepan Bandera ou Roman Choukhevytch [les deux principaux dirigeants nationalistes ukrainiens des années 1930/40, ndlr.] ne sont pas des héros, mais des génocidaires. Ce sont des criminels ». Au passage, Robert Winnicki a tenu à rappeler que « l’identité est essentielle » que « la mémoire est l’un des signes du mouvement national » et que le Mouvement national rejette catégoriquement les « projets de fédération utopiques » entre Pologne et Ukraine, faisant allusion au discours du président Andrzej Duda devant le parlement ukrainien où il dit notamment : « Il n’y a pas de frontières ou de barrières entre nous ; il n’y en a pas entre les nations ukrainienne et polonaise depuis longtemps ».
Pour Winnicki, les choses sont claires :
« Nous voulons coopérer en Europe centrale et orientale, […] nous voulons construire des alliances, […] nous voulons construire des coalitions d’États ayant des intérêts communs, [mais] nous rejetons sans équivoque les projets utopiques, tels que le projet récemment à la mode d’une fédération polono-ukrainienne. Nous ne voulons pas de cela, nous ne le permettrons pas.
[…] Ce n’est pas parce que nous n’aimons pas les Ukrainiens, mais parce que nous aimons et avons le plus grand respect pour l’État polonais, pour lequel des générations successives ont versé une mer de sang. [Et] aussi parce que cet État est le meilleur outil pour la réalisation des intérêts de la nation. […] Dans une situation de danger, chacun se bat pour les siens, et les projets fédéraux ne sont qu’une utopie. […]
La Fédération de Russie est [certes] une menace existentielle également pour les intérêts polonais […] mais le fait que cette menace existe ne signifie pas que les intérêts de la Pologne et ceux de l’Ukraine sont identiques dans tous les domaines. Nous avons également des intérêts divergents, et il faut en tenir compte ».
La « coalition Kaczyński-Morawiecki-Ziobro » se soumet au diktat de Bruxelles
Enfin, Robert Winnicki a également critiqué l’attitude du PiS vis-à-vis de l’Union européenne et notamment en ce qui concerne le fameux plan de relance dont le versement des fonds fait l’objet d’un chantage de la part de Bruxelles :
« La coalition Kaczyński-Morawiecki-Ziobro a signé un autre pacte [au détriment de] l’économie polonaise, [de] la souveraineté polonaise, […] sous le slogan hypocrite d’un plan de reconstruction. Ce n’est pas un plan de reconstruction, c’est un plan pour rendre la Pologne dépendante de Bruxelles ! »
Une position que Krzysztof Bosak, un autre dirigeant du Mouvement national et ancien candidat à la présidence de la République, a également développé dans son intervention : « Le gouvernement de Mateusz Morawiecki a accepté que l’UE puisse émettre des dettes, a accepté les impôts européens.
Ce n’est rien d’autre qu’un diktat en matière de politique économique ».