Pologne/Lituanie – Le président polonais Andrzej Duda a accueilli son homologue lituanien Gitanas Nausėda, jeudi 7 juillet, à Szypliszki, une localité située dans l’isthme de Suwałki séparant la Biélorussie voisine de la région russe de Kaliningrad. Au cœur des discussions, les sanctions appliquées par la Lituanie au transit de biens vers l’enclave russe. Depuis, la Lituanie a reculé et un accord a été trouvé au niveau européen pour faire redescendre les tensions d’un cran avec la Russie.
Démonstration d’unité et de force de l’OTAN
La rencontre des présidents a été faite sous l’égide de l’OTAN. « Nous sommes venus ici pour montrer que cet endroit est sûr », a notamment déclaré sur Twitter le président polonais. C’est en effet dans ce village proche de la frontière lituanienne que se situe le commandement mobile de la Division Nord Est, une unité multinationale de l’OTAN, chargée d’assurer la sécurité de
ce « lieu stratégique très important pour l’ensemble de l’OTAN qu’est l’isthme de Suwałki ».
À cette occasion, M. Duda a également tenu à remercier les troupes présentes (polonaises, lituaniennes et états-uniennes), avec qui les deux chefs d’État ont partagé le repas, « d’être prêtes à servir et de s’assurer que cette terre soit sûre ». En cas de conflit armé entre l’OTAN et la Russie, cette région constituerait un objectif prioritaire à conquérir pour la Russie, estiment les stratèges de l’OTAN.
Les sanctions européennes créent des tensions autour de Kaliningrad
Une telle perspective resurgit tout particulièrement tandis que la tension monte entre la Lituanie – une ancienne république soviétique – et la Russie suite aux sanctions prises par l’Union européenne à l’encontre de la Russie après l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022. Ces sanctions s’appliquent tout naturellement à l’enclave de Kaliningrad et tout particulièrement aux échanges entre l’enclave et la Russie, bien que garantis par des accords internationaux. Mais l’interprétation lituanienne des paquets de sanction a résulté en véritable blocus de l’enclave, provoquant l’ire de Moscou et du gouverneur de l’oblast, Anton Alikhanov, qui parle de véritable blocus illégal. Ainsi, à partir du 18 juin, il n’était plus possible d’importer à Kaliningrad de l’acier ou des produits sidérurgiques en provenance de Russie du fait du blocage par la Lituanie. Le pays balte a ensuite annoncé que son embargo concernerait le charbon (10 août) et le pétrole (5 décembre).
En réaction, le gouverneur de Kaliningrad, Anton Alikhanov, a demandé l’établissement d’un corridor « à travers la Lituanie », menaçant en creux d’utiliser la force pour l’obtenir. Or, le corridor le plus court passerait justement par l’isthme de Suwałki.
La Pologne comme médiateur
Cette décision lituanienne est apparue être une décision unilatérale du gouvernement de Vilnius, réalisée sans consultation au préalable de ses partenaires.
Et en premier lieu, c’est la Pologne qui a réagi immédiatement, particulièrement concernée par la sécurité autour de l’enclave de Kaliningrad, frontalière avec la République de Pologne sur près de 210 km. Bien que pays le plus engagé sur tous les plans aux côtés de l’Ukraine dans le conflit qui oppose son voisin oriental à la Fédération de Russie, la Pologne n’a pas souhaité envenimer la situation à sa frontière avec la Russie et a très vite agit en tant que médiateur entre la Lituanie et l’Union européenne pour trouver une issue à cette situation, tout en respectant et en appliquant les sanctions européennes contre la Russie.
Un accord a finalement été trouvé : mercredi 13 juillet, la Commission européenne a publié un document précisant que les sanctions ne s’appliquaient pas au transit de marchandises par voie ferroviaire entre la Russie et ses parties non-contiguës, en l’occurrence, l’oblast de Kaliningrad. Une décision acceptée par la Lituanie qui a cependant insisté pour garder un contrôle sur le transit passant sur son territoire et pour que le transit reste similaire à celui des années précédentes en terme de volume.