Pologne / Tchéquie / Allemagne – Des organisations écologistes allemandes et tchèques – Greenpeace, Bund Sachsen et Sousedský spolek Uhelná (une organisation écologiste locale) – ont adressé cette semaine à la Commission européenne une plainte contre l’accord passé au début de l’année entre la Tchéquie et la Pologne à propos de la mine de lignite de Turów, en Pologne. Les pollutions causées par cette mine avait fait éclater en 2021 une crise dans les relations entre les deux pays et Prague s’était alors adressée à la Cour de Justice de l’UE. La vice-présidente espagnole de cette institution avait ordonnée à titre provisoire, en attendant un jugement sur le fond, la fermeture de cette mine qui alimente une centrale électrique responsable de 5 à 7 % de la production électrique polonaise. Cela était tellement inédit pour une ordonnance provisoire que même la partie tchèque s’en était déclarée surprise et des voix s’étaient élevées y compris en Tchéquie pour alerter sur le fait que les institutions de l’UE semblaient chercher à profiter de la situation pour étendre leurs pouvoirs sur les pays récalcitrants.
Si l’accord de février avait permis de résoudre le conflit entre Prague et Varsovie et avait conduit au retrait de la plainte déposée par la Tchéquie à la CJUE, la Commission européenne n’en a pas moins déduit entre février et juin de cette année 68,5 millions d’euros des fonds du budget européen dus à la Pologne au titre du paiement de l’astreinte journalière décidée par la vice-présidente de la CJUE en cas de non-fermeture de la mine de Turów. C’est beaucoup, mais c’est certainement moins que ce qu’aurait coûté à la Pologne la fermeture de cette importante mine de charbon alors que celui-ci manque cruellement aujourd’hui, à cause des politiques « vertes » de l’UE et des sanctions liées à la guerre en Ukraine.
Mais les écologistes allemands et tchèques sont mécontents de l’accord trouvé avec la Pologne pour limiter le préjudice environnemental causé par cette importante mine à ciel ouvert, d’autant plus que, comme ils le disent eux-mêmes, cet accord les empêchent de s’adresser à la Cour de Justice de l’UE. Or la mine de lignite de Turów est maintenant prévue pour s’étendre de 30 km² et pour rester en exploitation jusqu’en 2044, et, outre le bruit et la poussière, les riverains du côté tchèque de la frontière se plaignent toujours de l’impact de cette mine polonaise sur leurs ressources en eau.
La plainte des organisations écologistes est soutenue par un groupe d’eurodéputés, dont l’eurodéputé tchèque du Parti pirate (parti partenaire de la coalition gouvernementale) Mikuláš Peksa, qui ont écrit au Commissaire européen à l’Environnement, aux Océans et à la Pêche, le Lituanien Virginijus Sinkevičius.