Hongrie/UE – Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a une nouvelle fois critiqué les tendances hégémoniques, voire totalitaires de l’Union européenne… Ses détracteurs, et ils sont nombreux dans l’UE, veulent y voir une sorte de point Godwin dans le bras de fer entre Bruxelles et Budapest.
En fait, Viktor Orbán se trouvait le vendredi 12 mai à Veszprém, capitale européenne de la culture 2023 (avec Eleusis en Grèce, et Timișoara en Roumanie), où il participait à l’inauguration du Centre des arts de la danse et du mouvement. À l’occasion de son discours, le chef du gouvernement hongrois est revenu sur les relations difficiles entre la Hongrie et l’Union européenne :
« Parler de l’Europe aujourd’hui est une tâche difficile […] la coopération entre les États européens a toujours été difficile et complexe […]
Mais au-dessus des États-nations, depuis la chute de Rome, a toujours plané un rêve, une tentation : réunir, unir en un seul empire, les territoires de l’ancienne Rome, c’est-à-dire l’Europe.
Byzance, Charlemagne, [l’empereur du Saint-Empire] Otton, Napoléon, Hitler – pour des raisons différentes –, tous ont rêvé de l’unité européenne. Et c’est encore le cas aujourd’hui. »
Le Premier ministre hongrois a ensuite rappelé que la raison d’être initiale de la coopération européenne a été de sauvegarder la paix en Europe, or « aujourd’hui, nous sommes confrontés à une guerre » en Europe, et de demander alors :
« Si elle ne peut remplir sa mission originelle, qu’est-ce que l’Union européenne ? »
Cette nouvelle critique bien sentie à l’encontre des institutions européennes, lesquelles ont objectivement dévié de leur raison d’être initiale, a fortement déplu dans les milieux européistes. L’évocation du dictateur national-socialiste, en particulier, n’a pas manqué de faire réagir les détracteurs de Viktor Orbán qui se sont focalisés sur ce « détail ».
Ainsi, l’ancien Premier ministre socialiste hongrois et éminence grise de l’opposition actuelle, ancien banquier et ancien secrétaire de la Jeunesse communiste, Ferenc Gyurcsány, a déclaré sur Facebook :
« Orbán dit qu’Hitler voulait aussi l’unité européenne. Cet homme est malade.
[…] Dire à l’Europe qu’il n’y a pas de paix et de prospérité est un mensonge flagrant et auto-exonérant de la bouche d’Orbán. […]
Cet homme est malade. Intellectuellement, moralement, politiquement. Et selon moi, il rend notre pays malade. »
Même son de cloche de la part du ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavský (Parti pirate), lors d’un débat télévisé, le dimanche 14 mai :
« Personne n’oblige les Hongrois à faire partie de cette communauté s’ils ne s’y sentent pas à l’aise. »
De son côté, la commissaire européenne tchèque chargée des Valeurs et de la Transparence, Věra Jourová, qui participait à cette même discussion, a renchéri en déclarant qu’a son avis, la Hongrie n’était plus vraiment un pays démocratique « depuis longtemps ».