Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Discours intégral de Viktor Orbán à la 32ème Université d’été de Bálványos le 22 juillet 2023

Temps de lecture : 21 minutes

Hongrie / Roumanie – Comme tous les ans, fin juillet, Viktor Orbán tient un discours de philosophie politique à l’université d’été de Bálványos à Tusványos (ou Tusnádfürdő), en Transylvanie – région anciennement hongroise, dont certaines parties sont toujours peuplées majoritairement de hongrois, et où le Fidesz fait presque l’unanimité. Au cœur de la Roumanie actuelle, des milliers de partisans de Viktor Orbán se réunissent tous les étés pour écouter la pensée de l’homme fort de Budapest.

Ainsi, en 2014, c’est là qu’il avait introduit le concept de démocratie illibérale. Chaque année, il y a développé différents thèmes, tels que l’importance du V4, la nécessité de défendre la civilisation chrétienne ou encore de combattre l’immigration massive et illégale ainsi que les réseaux Soros.

Discours de M. Viktor Orbán, premier ministre de Hongrie,
à la 32ème Université d’été de Bálványos

le 22 juillet 2023 à Tusnádfürdő (Băile Tuşnad, en Roumanie)

Mesdames et Messieurs, bonjour !

C’est en perçant les forces roumaines que nous sommes arrivés ici, mais nous voulons plutôt voir en elles un comité d’accueil, pour la bonne raison que dans le cadre de notre lutte européenne pour le christianisme, nous autres chrétiens latins affaiblis aurons besoin aussi de l’orthodoxie roumaine. C’est pourquoi nous saluons la communauté roumaine qui s’intéresse à notre action.

C’est chaque année un casse-tête de savoir ce dont il faut parler, parce que nous savons bien dès le début ce que nous en conclurons, mais la question est de savoir comment nous y arriverons. Cette année, ma réflexion a été facilitée par un aide-mémoire, que les Affaires étrangères roumaines – relevant plutôt, si je comprends bien, de la compétence présidentielle – se hâtant à mon secours, m’ont fait parvenir sous la forme d’une note, qui précisait ce que je n’aurai pas le droit de dire, ce que j’aurai le droit de dire et ce que je devrai éviter de dire et comment. C’est un document d’État officiel. Voici ce qu’il dit :

  • Ne pas parler de ce qui peut froisser la sensibilité roumaine, à savoir les symboles nationaux. Bon, je crois que nous pouvons nous mettre d’accord là-dessus : je n’en parlerai pas, mais je salue nos amis arrivés ici avec des drapeaux hongrois et sicules.
  • Ne pas parler des droits collectifs des minorités. Bon, je n’en parlerai pas non plus, je me borne à constater que ces droits existent et que les Hongrois qui vivent ici y ont droit.
  • Ne pas parler d’unités administratives territoriales roumaines inexistantes. Je me suis demandé à quoi ils pensaient. Sans doute à la Transylvanie et au Pays sicule. Mais nous n’avons jamais prétendu qu’il s’agissait d’unités territoriales roumaines…
  • Parler de certaines choses, mais sans les présenter en clef négative. Il s’agit par exemple des valeurs européennes. Et pour ceux qui, comme moi, pratiquent la politique européenne, les « valeurs européennes » représentent aujourd’hui trois choses : migration, LGBTQ et guerre. Chers Amis roumains, il est inutile de les présenter en clef négative, elles se présentent en clef négative toutes seules !
  • Et une pépite pour la fin : il faudra éviter « les accents xénophobes à connotation révisionniste en liaison avec le phénomène migratoire ». Voilà un beau voyage dans le temps communiste : cela me fait penser aux blagues de Hofi[1], qui mettait les gens au défi de prononcer d’un seul souffle, sans reprendre haleine, la succession de mots suivante :« impérialiste-révisionniste-bourgeois-clérical-chauviniste-fasciste ». On en a froid dans le dos. On va donc éviter ces accents.

En revanche, si déjà nous avons reçu cette note, qu’allons-nous proposer à nos amis roumains ? Tout d’abord, si le président roumain vient en Hongrie et s’y exprime publiquement, comme nous l’y pressons, nous n’allons pas lui prescrire de quoi il pourra parler ni ce qu’il aura le droit de dire. Nous rappelons également à nos frères roumains que la Hongrie soutient totalement leur plus grande ambition nationale actuelle : l’adhésion à Schengen, et nous appelons leur attention sur le fait qu’à compter du 1er juillet 2024 c’est la Hongrie qui exercera la présidence de l’Union, et qu’un des objectifs majeurs de notre programme est que la Roumanie obtienne son adhésion à Schengen. D’ici là, nous pouvons constater que la Roumanie a un nouveau chef de gouvernement, que je salue. Nouveau premier ministre, nouvelle chance. Peut-être en sortira-t-il quelque chose de bon pour nos deux pays. Depuis que je suis premier ministre, il est mon vingtième collègue roumain. Peut-être la vingtième fois sera la bonne…

Voyons maintenant, après avoir pris note de cette note, de quoi nous devons parler.

Nous vivons une période particulièrement dangereuse de l’histoire de l’humanité. Ces années sont celles du grand changement. Ce changement touche tous les points et tous les pays de la Terre. C’est pourquoi, si nous voulons dire quelque chose de valable sur la Hongrie, sur les Hongrois du Bassin des Carpates, nous devons d’abord parler du monde. Le cœur de mon propos est que l’équilibre des forces du monde s’est déplacé, et que nous en subissons aujourd’hui les lourdes conséquences. Rappelons-nous : à l’issue de la Seconde guerre mondiale, un équilibre des forces a régné pendant quatre-vingts ans sur le monde. Cette période s’est divisée en deux parties pour nous, les Hongrois : il y a eu les premières 45 années, pendant lesquelles les Anglo-saxons nous ont livrés aux communistes soviétiques. Parenthèse : à cette époque, ils ne faisaient pas autant les difficiles avec les Russes qu’aujourd’hui. Et il y a eu ensuite les 33 années qui nous ont menés jusqu’à aujourd’hui, pendant lesquelles nous avons pu vivre en liberté, sans occupation militaire, sans Union soviétique et sans communistes. Quatre-vingts ans ! Bien que la fin du communisme soviétique fût un grand changement, l’équilibre du monde n’en a pas souffert, parce que nous avons réussi à faire sortir l’Union soviétique de l’Histoire sans guerre. Maintenant en revanche, la Chine a déplacé le point d’équilibre du monde. C’est là une vieille crainte du monde occidental. Napoléon avait déjà dit : « Laissez dormir la Chine, car quand elle s’éveillera, le monde tremblera ». Il est intéressant de voir comment nous en sommes arrivés là.

Je fais une brève digression méthodologique : selon mon expérience, lorsque l’on prend une décision politique, il faut avoir devant soi trois dimensions temporelles, et classer la décision à prendre dans l’une d’entre elles. Et ce n’est qu’une fois que l’on a procédé à ce classement que l’on peut prendre la décision concrète. Ces trois dimensions temporelles qui gouvernent la politique sont : le temps tactique, le temps stratégique et le temps historique. Une erreur dans le classement, et il en résultera des conséquences inattendues. J’en veux deux exemples : lorsque la chancelière Merkel s’est trouvée confrontée à l’invasion migratoire de 2015, elle a classé le problème dans le temps tactique, et a affirmé que nous y arriverons, « wir schaffen das ». Il est clair aujourd’hui que cette question relevait au contraire du temps stratégique, parce que la conséquence de sa décision a été une modification de la culture tout entière de l’Allemagne. Second exemple : la Chine. États-Unis, début des années 1970. Les USA décident de faire sortir la Chine de son isolement, sans doute dans le but de mieux pouvoir gérer les Russes. Ils ont donc classé cette question dans le temps stratégique. Mais il s’avère que la question en cause – faire sortir la Chine de son isolement – relevait en réalité du temps historique, parce qu’en conséquence de cette décision les États-Unis, et nous tous, nous trouvons aujourd’hui face à une force plus grande que celle que nous avions voulu soumettre.

À classement erroné, conséquences inattendues. Mais aujourd’hui, ce qui est fait est fait. Il est de fait qu’il n’y a jamais eu de changement dans l’équilibre des forces aussi global, aussi rapide et aussi tectonique que celui que nous vivons aujourd’hui. Rappelons-nous, ou plutôt observons attentivement la montée en puissance de la Chine, qui est bien différente de celle des États-Unis. Les États-Unis « sont devenus », la Chine « est ». En d’autres termes, il s’agit d’un retour, du retour d’une civilisation cinq fois millénaire et comptant un milliard quatre-cents millions d’individus. Et c’est un problème qu’il nous appartient de résoudre, parce qu’il ne se résoudra pas tout seul. La Chine est devenue une centrale de production, elle a en réalité déjà dépassé les États-Unis, ou est en train de les dépasser en ce moment-même. Construction automobile, ordinateurs, semi-conducteurs, médicaments, systèmes d’info-communication : dans tous ces domaines, ils sont les premiers dans le monde. Ce qui est arrivé, c’est que la Chine a parcouru en trente ans les trois cents ans de la révolution industrielle et de la révolution de l’information globale du monde occidental. En conséquence de quoi elle a fait sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté, et le bien-être global et le savoir global de l’humanité sont aujourd’hui plus grands qu’auparavant. Mais s’il en est ainsi, où est le danger ? Le danger, mes chers amis, est que la médaille d’or est déjà attribuée. À la suite de leur guerre civile, à compter des années 1870, les États-Unis ont grandi dans la conscience qu’ils sont le premier pays du monde, que leur primauté dans l’économie mondiale est leur droit inaliénable, qu’elle fait partie de leur identité nationale, une sorte de dogme, et chaque fois que cette position s’est trouvée menacée, les États-Unis l’ont toujours défendue avec succès. Ils l’ont défendue contre l’Union soviétique et – parlons-en – contre l’Europe aussi : il y a encore quelques décennies, le projet de l’Union européenne consistait à bâtir l’euro comme monnaie mondiale aux côtés du dollar. Nous voyons où se trouve aujourd’hui l’euro. L’Europe avait aussi un autre projet : celui d’une grande zone de libre-échange s’étendant de Lisbonne à Vladivostok. Et que voyons-nous aujourd’hui ? La zone de libre-échange s’étend, dans le meilleur des cas, de Lisbonne à Donetsk. En 2010, les États-Unis et l’Union européenne représentaient chacun 22 à 23% de la production mondiale totale. Aujourd’hui, les USA en représentent 25%, et l’Union européenne, 17. En d’autres termes, les États-Unis ont repoussé avec succès la tentative de l’Union européenne de se rapprocher d’eux, voire de les dépasser.

Il existe une corrélation simple en matière de politique internationale. Plus grand est le PNB d’un pays, son produit national, plus grande est son influence dans les affaires du monde. Et nous voyons aujourd’hui que la domination américaine est en constant recul sur la scène mondiale. Les premiers de la classe n’aiment pas beaucoup cela. Leur raisonnement est simple, on peut le résumer ainsi : « nous sommes sur le toit du monde, et si nous nous y sommes hissés, c’est pour y rester à jamais. Il y a évidemment ce facteur qu’on appelle l’Histoire, qui est désagréable, mais l’essentiel est que c’est toujours à d’autres pays, à d’autres peuples qu’elle met des bâtons dans les roues. « Pour nous, l’affaire est entendue, et nous resterons ici, sur le toit du monde, jusqu’à la fin des temps ». C’est là une idée séduisante, mais la vérité dérangeante des jours que nous vivons est qu’il n’y a pas de vainqueurs permanents ni de vaincus permanents dans la politique mondiale. Une vérité encore plus dérangeante est que les processus actuels jouent en faveur de l’Asie et de la Chine – qu’il s’agisse d’économie, de développement technologique ou même de force militaire. Une autre vérité encore plus dérangeante est qu’un changement se produit également dans les institutions internationales : il est bien connu que ce sont ceux qui créent les institutions internationales qui bénéficient de leurs faveurs. C’est pourquoi la Chine a tout simplement créé les siennes. Nous voici face aux BRICS, à la « Ceinture et la Route », et à la Banque Asiatique d’Investissement dans les Infrastructures, dont les ressources consacrées au développement dépassent de plusieurs fois les ressources de tous les pays occidentaux consacrées au développement.

Cela signifie que l’Asie, en d’autres termes la Chine, se dresse devant nous dans ses atours complets de grande puissance. Elle a une profession de foi civilisationnelle : elle est le centre du monde, ce qui libère chez elle énergie intérieure, fierté, confiance en soi et ambition. Elle a une perspective à long terme : mettre fin à un siècle d’humiliations et – pour paraphraser les Américains – « make China great again ». Elle a un programme à moyen terme : restaurer la domination sur l’Asie qu’elle exerçait avant l’arrivée des Occidentaux. Et elle a un antidote contre l’arme principale des USA, l’arme de « softpower » de la puissance américaine que nous appelons « valeurs universelles ». Eh bien, ces « valeurs universelles », les Chinois s’en gaussent tout simplement, disant qu’elles ne sont qu’un mythe occidental et qu’en réalité le discours sur les valeurs universelles n’est qu’une philosophie dirigée contre les autres civilisations non-occidentales, et de ce point de vue, il faut dire qu’il y a un peu de vrai.

Cela veut dire, Mesdames et Messieurs, que nous vivons d’une manière qui nous rapproche tous les jours du choc. La question, la question à un million de dollars est : le choc peut-il être évité ? De plus en plus d’ouvrages et d’études paraissent sur ce sujet. Je les ai parcourus. L’une de ces études qui mérite attention dit que sur les trois cents dernières années il y a eu 16 cas où un nouveau champion s’est élevé au niveau de la première puissance mondiale, voire l’a dépassée. La mauvaise nouvelle est que sur ces 16 cas identifiés 12 se sont terminés par une guerre, et 4 seulement se sont réglés pacifiquement. Nous nous trouvons donc dans le moment le plus dangereux de la politique mondiale, lorsque le numéro un mondial se voit rétrogradé à la seconde place. L’expérience montre que le numéro un mondial se considère comme de meilleure volonté et animé de meilleures intentions qu’il ne l’est en vérité, et qu’il attribue de mauvaises intentions à son rival plus fréquemment qu’il ne le mériterait, ou devrait le mériter. Par voie de conséquence, les parties en présence se basent non pas sur les intentions, mais les capacités de l’autre, c’est-à-dire non pas sur ce qu’il veut faire, mais sur ce dont il serait capable. Et voilà la guerre toute prête. C’est ce qu’on appelle le piège de Thucydide, qui a écrit l’histoire de la guerre du Péloponnèse entre Sparte et Athènes, et a pour la première fois identifié ce problème.

En ce qui concerne notre propre vie, il en résulte que le choc – y compris militaire – entre les deux grands est plus probable que nous ne le voyons d’ici, de Tusnádfürdő. Une bonne nouvelle, ou tout au moins un rayon d’espoir, est que la guerre n’est pas inévitable. La condition en est qu’à la place de l’équilibre perdu le monde soit capable d’en trouver un nouveau. La question est de savoir comment. La vérité est que c’est l’affaire des grands garçons. Nous n’avons pas voix à ce chapitre. Ne nous trompons pas de rôle : tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’il faudrait faire aujourd’hui quelque chose qui n’a pas de précédent : les grands doivent accepter le fait qu’il y a deux Soleils dans le ciel. C’est là une manière de penser radicalement différente de celle avec laquelle nous avons vécu au cours des siècles passés. Les parties en présence devraient se reconnaître comme étant à égalité, indépendamment de l’état ponctuel de leurs rapports de force. Vous voyez que les dirigeants américains se succèdent à Pékin. C’est le signe qu’aux États-Unis l’on voit le danger, que l’on voit la gravité du problème. Le ministre des Affaires étrangères y est allé, le ministre des Finances y est allé, et tout dernièrement le conseiller spécial pour la sécurité Kissinger y est allé aussi. Et si vous suivez les actualités, vous avez pu voir que les Japonais ont déclaré il y a quelques jours qu’ils vont doubler leurs dépenses militaires et mettre sur pied une des armées les plus puissantes du monde.

Eh bien, que faut-il retenir de tout cela pour ce qui nous concerne ? Ce que nous devons comprendre, c’est que la mise en place du nouvel équilibre ne se fera pas du jour au lendemain, ni d’un mois à l’autre. Un processus de cette nature exige une génération entière. C’est-à-dire que pas seulement nous, mais aussi nos enfants et nos petits-enfants vivront leur vie dans ce contexte mondial, dans ce temps mondial, dans cet esprit du temps, et que c’est dans cet environnement, dans cet esprit que nous autres Hongrois devrons trouver notre bonheur et que c’est en prenant tout cela en compte que nous devrons élaborer nos projets nationaux.

Rapprochons-nous un peu de Tusnádfürdő, et disons quelques mots de l’Union européenne. Si vous jetez un œil sur l’Union européenne d’aujourd’hui, vous pouvez voir à quel point elle est tourmentée et angoissée, qu’elle se sent encerclée. Elle a de bonnes raisons pour cela. L’Union comprend environ 400 millions d’habitants, auxquels si l’on ajoute les 400 autres millions du monde occidental, l’on obtient 800 millions de personnes qui sont entourées de 7 milliards d’autres. Et l’Union européenne a bien raison de se voir ainsi, car elle est à la fois riche et faible. Une Union riche et faible, qui se voit entourée d’un monde en révolte : un fracas confus, de vieilles blessures, beaucoup de bouches affamées, un développement sans pareil, une consommation vertigineuse, des millions prêts à partir pour l’Europe… Elle voit la vague des millions de gens rassemblés au Sahel et qui, si nous n’arrivons pas à la stabiliser, pourra s’abattre sur la rive européenne de la mer Méditerranée. Au début de la semaine, il y avait un sommet Union européenne-Amérique du Sud à Bruxelles, où j’ai entendu tout cela de mes propres oreilles, vu de mes propres yeux. Les expressions qui revenaient le plus souvent dans la bouche des dirigeants d’Amérique latine étaient : genocide de peuples, se référant, je crois, à l’extermination des populations natives ; slavery, commerce d’esclaves ; reparatory justice, signifiant, je crois, une sorte d’indemnisation d’injustices passées. Voilà à quoi ils pensent. Rien d’étonnant que l’Union européenne se sente assiégée.

Et si nous jetons un œil sur le classement du Fonds Monétaire International des pays selon la dimension de leur PNB, nous voyons que dans le classement projeté pour 2030, le Royaume-Uni, l’Italie et la France ne figurent plus parmi les dix premiers, alors qu’ils y sont encore aujourd’hui, et que l’Allemagne recule à la dixième place. Voilà la réalité. Aujourd’hui, cette peur, ce sentiment d’être assiégée pousse notre Union européenne à se replier, effrayée des défis auxquels elle est confrontée. Elle est comme un boxeur vieilli, qui exhibe ses ceintures de champion mais ne veut plus monter sur le ring. Il en résulte un repli, un enfermement dans un ghetto économique, politique et culturel. Les éléments de langage en ont été trouvés, un exercice dans lequel l’Union excelle. Elle est toujours imbattable pour décrire en peu de mots une situation complexe. Le repli sur soi est appelé « decoupling », c’est-à-dire déconnexion, ou plus finement « derisking », ce qui signifie diminution du risque. De ce point de vue, la politique menée vis-à-vis de la Russie est elle aussi une tentative de déconnexion : au travers des sanctions, l’on a déconnecté la Russie de l’économie européenne. Il est évidemment possible de déconnecter l’Europe de l’énergie russe, mais c’est en réalité inefficace et illusoire, parce qu’il est impossible de couper la Russie des autres parties du monde. Les matières premières russes seront achetées par quelqu’un d’autre, pendant que nous subirons les effets de l’inflation de guerre et perdrons notre compétitivité. Je vous donne deux chiffres : avant la guerre russe, l’Union européenne payait 300 milliards d’euros pour ses achats de gaz et l’électricité ; l’année dernière, ce montant est passé à 653 milliards. C’est-à-dire qu’aujourd’hui l’économie européenne fonctionne et veut subsister dans un contexte où le prix de l’énergie a doublé, alors que dans d’autres parties du monde il est demeuré au niveau de la période antérieure. C’est là le grand débat de l’Europe pour les années à venir. Nous autres Hongrois devrons nous y adapter. Décrocher ou affronter la concurrence mondiale. Derisking ou connectivity – comme on dit à Bruxelles.

Une petite digression, à titre d’information : les grandes entreprises européennes ne veulent pas se « déconnecter ». Elles ne veulent pas non plus quitter la Russie. J’ai parcouru les statistiques concernées. Des 1.400 principales entreprises européennes, seules 8,5% se sont retirées de Russie. 8,5% ! 84% de l’industrie pharmaceutique y est restée. 79% de l’industrie minière européenne est toujours en Russie, ainsi que 70% des entreprises du secteur de l’énergie et 77% des industries manufacturières. Et vous n’allez pas le deviner : l’année dernière, en 2022, les entreprises occidentales qui sont restées sur place ont versé au total 3,5 milliards de dollars dans le budget russe. Vue sous cet angle, l’agression perpétrée par les Ukrainiens contre la pauvre petite OTP[2] n’est rien d’autre qu’une manifestation de hongarophobie. Nous devons donc la rejeter. Et je ne parle même pas des petits malins européens, qui ont fait doubler de manière inattendue en une seule année le volume des marchandises exportées d’Allemagne vers le Kazakhstan. On se demande pourquoi…

L’autre processus européen dans lequel les Hongrois doivent se positionner dans les prochaines années est la confrontation entre les fédéralistes et les souverainistes. Empire ou nations ? Dans ce domaine, nous avons été frappés au cœur quand nos amis anglais, par le Brexit, ont quitté l’Union européenne. Le Brexit a rompu l’équilibre entre les souverainistes et les fédéralistes au sein de l’Union. Auparavant, du côté des fédéralistes, il y avait les Français et les Allemands, et de l’autre les Anglais et nous, le V4. Si les Anglais étaient restés dans l’Union européenne, nous n’aurions jamais eu à apprendre des expressions telles que « mécanisme d’État de droit », « conditionnalité » ou « gouvernance économique », elles n’existeraient même pas. Il n’a été possible de les introduire dans le vocabulaire de l’Union européenne que parce que les Britanniques en sont sortis et que nous, le V4, n’avons pas pu y faire obstacle. Qui plus est, les fédéralistes ont lancé une attaque en règle contre le V4. Nous en voyons tous les résultats. Les Tchèques se sont pratiquement pliés, la Slovaquie hésite, seuls les Polonais et les Hongrois résistent. Il y a naturellement des chances que le camp des souverainistes s’agrandisse, j’en vois, car l’Italie s’est dotée d’un gouvernement de cette sensibilité. Quelque chose bouge aussi en Autriche, et demain il y aura des élections en Espagne. Mais ne nous berçons pas d’illusions : les fédéralistes se sont engagés dans une tentative d’exclusion : ils ont clairement déclaré qu’ils souhaitent un changement de gouvernement en Hongrie. Ils ont même financé l’opposition hongroise au travers de tous les moyens de la corruption politique. Ils font à présent la même chose en Pologne, et rappelez-vous comment ils ont cherché à empêcher que la droite menée par Giorgia Meloni remporte la victoire en Italie. Aucune de ces tentatives n’a réussi, et j’ai bon espoir qu’à la suite des élections européennes de juin 2024 et de la redistribution des rapports de force qui s’en suivra un équilibre plus favorable à nos intérêts que ce n’est le cas aujourd’hui s’installera en Europe.

Et nous voici arrivés à la Hongrie.

Que peut et que devrait faire la Hongrie dans cette situation internationale, dans ce milieu européen, en pleine débâcle ? Le plus important est de rester lucides. Je ne pense pas ici aux onze siècles de notre histoire, ni même à la formule géniale du RMDSZ[3] : « mille ans en Transylvanie, cent ans en Roumanie ». La feuille de route que nous devons suivre maintenant est celle sur laquelle nous sommes enfin partis en 2010, après les vingt premières confuses années de la transition démocratique. Nous avons ouvert une nouvelle ère en 2010, et c’est sur elle que nous devons garder les yeux fixés, quelles que soient les difficultés – éclairs, tonnerre ou orages – qui se présenteront. Nous vivons dans une ère nouvelle, fondée sur des bases à la fois spirituelles et économiques.

Évoquons d’abord brièvement les bases spirituelles de cette ère. Elles sont résumées dans notre Constitution. La nouvelle Constitution hongroise est le document qui nous différencie le plus clairement des autres pays de l’Union européenne. Si vous lisez les constitutions des pays de l’Europe, qui sont des constitutions libérales, vous verrez que c’est le « je » qui en est le centre. Si vous lisez la Constitution hongroise, vous verrez que c’est le « nous » qui en est le centre. La Constitution hongroise part du principe qu’il y a un endroit qui est le nôtre : notre pays, qu’il y a une communauté qui est la nôtre : notre nation, et qu’il y a un mode de vie, plus précisément un ordre de vie, qui est le nôtre : notre culture et notre langue. Notre point de départ spirituel formulé dans la Constitution est donc que les choses les plus importantes de la vie humaine sont celles que l’on ne peut pas se procurer seuls, et c’est pour cela que le « nous » est placé au centre de notre Constitution. L’on ne peut se procurer seul ni la paix, ni la famille, ni l’amitié, ni la loi, ni l’esprit de communauté. Ni non plus la liberté. Car l’homme seul n’est pas libre, il est solitaire. Tout ce qui est bon dans la vie est pour l’essentiel basé sur l’interaction avec les autres, et si aux termes de notre Constitution ces bonnes choses sont les plus importantes de notre vie, ce sont bien elles qui doivent être protégées dans la société et dans l’ordre juridique. En avoir conscience, comme nous le faisons aujourd’hui, constitue la base spirituelle de notre nouvelle ère, où ces éléments communs de la vie de l’individu se présentent comme des liants. C’est pourquoi la Constitution hongroise est une constitution de l’attachement, qui souhaite renforcer ces liens au travers d’une culture de l’attachement. Les constitutions libérales dessinent un monde non pas de l’attachement, mais du détachement, elles ne veulent pas renforcer, mais rejeter quelque chose au nom de la liberté individuelle. Notre Constitution, au contraire, renforce le lieu où vivront nos enfants, c’est-à-dire notre pays. Elle renforce notre nature d’homme et de femme, parce que c’est ce lien que nous appelons famille. Et elle renforce nos frontières, parce que c’est ainsi que nous pouvons dire avec qui nous voulons vivre. Nous n’avons pas pris la mauvaise décision en 2011 en élaborant notre nouvelle Constitution hongroise, nationale et chrétienne, s’écartant des autres constitutions européennes : bien au contraire, nous pouvons affirmer que nous avons pris la bonne décision, car nous avons maintenant sur le dos la crise migratoire dont on voit bien qu’elle ne peut pas être gérée sur une base libérale. Et voilà aussi la campagne LGBTQ, celle du genre, dont il s’est avéré qu’elles ne peuvent être repoussées que sur une base communautaire, fondée sur la protection de l’enfance.

L’échec des pays fonctionnant sur des bases libérales tient au fait qu’ils ont cru que de nouvelles communautés prendront la place des anciennes, alors que c’est une aliénation d’un type particulier qui est apparue partout. Bien sûr, la France, qui en souffre, est une grande nation, la gloire lui appartient, et elle y trouvera certainement une solution. Mais en considérant les bases spirituelles, en creusant un tout petit peu plus profond, l’on peut affirmer qu’une prise de conscience anthropologique se cache au fond des bases spirituelles de la nouvelle ère. Car voici deux cents et quelques années, à l’époque des Lumières, les intellectuels de gauche internationalistes et d’esprit libéral, ainsi que les dirigeants politiques ont cru qu’après le rejet de la religion et du christianisme viendra une communauté idéale, « éclairée », basée sur la reconnaissance du bien et du bien public, qui vivra une vie libre et d’ordre supérieur, basée sur des vérités sociales sociologiquement reconnues. C’est cela qu’ils ont espéré du rejet du christianisme et de la religion. Cette hypothèse n’était pas encore exclue il y a deux cents ans. Cela aurait très bien pu en aller ainsi. Mais deux cents ans ont passé, et l’on voit aujourd’hui que ce n’était qu’une illusion : le rejet du christianisme a fait de nous, dans les faits, des païens hédonistes. C’est cela, la réalité. Et c’est pourquoi, à mes yeux, il était évident que notre Constitution soit promulguée le jour de Pâques, devenant ainsi, en tout bien tout honneur, une « constitution pascale ».

C’est cela, Mesdames et Messieurs, qui est à la base du conflit entre l’Union européenne et la Hongrie. L’Union européenne rejette notre héritage chrétien, elle organise un changement de population au travers de la migration, elle mène une campagne LGBTQ contre les nations européennes attachées à la famille. Voici quelques jours, la Lituanie est tombée, elle qui avait une excellente et remarquable loi de protection de l’enfance, de laquelle nous nous étions inspirés pour l’élaboration de la nôtre. Et je vois que sous l’effet de la forte pression, les Lituaniens ont retiré et abrogé leurs lois de protection de l’enfance adoptées pas plus tôt qu’en 2012. « Timeo Danaos et dona ferentes » : voilà où conduit l’amitié américaine, mes chers Amis !

Nous devons donc constater qu’une nouvelle classe politique a aujourd’hui vu le jour en Europe, qui ne doit de comptes à personne, n’a plus de convictions ni chrétiennes, ni démocratiques, et que la gouvernance fédéraliste en Europe a conduit à un empire incontrôlable. Nous n’avons pas le choix. Nous avons beau aimer l’Europe, elle a beau être la nôtre, nous devons malgré tout nous insurger. Notre position est claire : nous ne souhaitons pas que tout le monde ait la même foi, nous ne souhaitons pas que tout le monde vive la même vie de famille, ou prenne part aux mêmes fêtes, mais nous restons attachés à notre patrie commune, à notre langue commune, à notre sphère publique commune, à notre culture commune, dans la conviction que tout cela forme la base de la sécurité, de la liberté et du bien-être des Hongrois et doit donc être défendu à tout prix. C’est pourquoi nous ne conclurons pas de compromis. Nous ne reculerons pas. Nous défendrons nos droits en Europe. Nous ne céderons ni au chantage politique, ni au chantage financier. L’on peut peut-être transiger dans les questions relevant du temps tactique, voire du temps stratégique, mais dans celles relevant du temps historique, jamais.

Et enfin, si Zsolt[4] m’y autorise, je dirai encore quelques mots des bases économiques de notre nouvelle ère. Voilà treize ans que nous bâtissons notre nouveau système économique. Sur cette durée, il se présente assez bien et ses performances sont bonnes. Nous attendions de lui qu’il serve la Hongrie jusqu’en 2030 sans modifications majeures, afin de permettre à la Hongrie et aux Hongrois vivant dans le Bassin des Carpates de vivre dans la sécurité et le progrès. Proportionnellement au temps passé, nous avançons de manière satisfaisante vers cet objectif. En treize ans, la performance de l’économie hongroise a triplé, passant de 27.000 milliards [72 milliards d’euros, ndt] à 80.000 milliards de forints [213 milliards d’euros, ndt]. Et bien que l’on nous enseigne dans les écoles politiques qu’un chiffre et une date ne doivent jamais figurer dans la même phrase, je dirai tout de même que notre objectif est un PNB de 160.000 milliards de forints [426 milliards d’euros, ndt] pour 2030. Si nous regardons nos objectifs de convergence, je peux dire qu’en 2010 nous nous trouvions à 66% de la moyenne européenne, en 2022 à 78 % et que pour 2030 nous visons la tranche comprise entre 85 et 90%. Si nous regardons la compétitivité de l’économie hongroise, c’est-à-dire ses exportations, je peux dire que nous les avons doublées en treize ans, et que la part des produits hongrois, c’est-à-dire la part des produits des entreprises de propriété hongroise a augmenté. Nous réduisons comme prévu notre dépendance énergétique : nous en sommes actuellement à 28%, et à l’horizon 2030 – Paks2, énergie solaire, développement des réseaux – nous voulons arriver à réduire à zéro nos importations d’énergie électrique. C’est dans cette perspective que nous construisons nos centrales énergétiques, au prix d’un investissement de 11.500 milliards de forints [30 milliards d’euros, ndt]. Le taux d’emploi était de 62 % en 2010, il est de 77 % aujourd’hui et nous voudrions le porter à 85 % à l’horizon 2030. Nous avons en cours un programme de développement considérable dans le domaine des universités. En 2010, aucune université hongroise ne figurait dans les premiers 5 % mondiaux. L’année dernière, onze universités hongroises y figuraient déjà. En ce qui concerne le soutien aux familles, notre taux de fécondité était de 1,2 en 2010, nous l’avons porté à 1,5. Mais pour que notre population ne baisse pas, il devrait être à 2,1. L’on voit que nous sommes en grande difficulté dans ce domaine, et nous devons continuer à mobiliser sur la politique familiale toutes nos forces, toute notre énergie, toutes nos ressources y compris budgétaires. Et nos forces armées commencent aussi à se redresser. Nous avons, nous aurons peu à peu une armée digne de ce nom. Au lieu de salariés en uniforme, nous aurons des combattants. Nous avons aussi désormais, à ses côtés, une industrie militaire. Nous faisons partie du petit nombre des pays-membres de l’OTAN qui sont capables de consacrer au moins 2 % de leur produit national brut à leur défense. Et en ce qui concerne la cohésion de la nation, notre programme pour l’horizon 2030 progresse lui aussi de manière satisfaisante. Nous avons multiplié par 10 les ressources affectées au-delà de nos frontières à la cohésion nationale et aujourd’hui, alors même que nous nous débattons dans toutes sortes de difficultés, nous aurons multiplié cette année par 5, c’est-à-dire de 500 %, le soutien à l’enseignement et à l’éducation. Et je dois dire que les résultats sont là : je voudrais féliciter tous les Sicules et tous les Transylvains qui ont pris part aux campagnes de signatures du Minority Safepack et de l’initiative Régions nationales et ont été capables, dans chacune de ces causes, de rassembler plus d’un million de signatures. Il y a fallu de la force, de la force humaine, c’est un grand résultat. Félicitations à vous !

Et pour finir : ces fondements économiques de notre nouvelle ère ont beau bien résonner, il y a tout de même un hic, et c’est avec cela que je voudrais conclure mon propos. Le hic est qu’en trois ans nous sommes entrés en collision avec deux météorites. D’abord en 2020 avec le Covid. Nous nous en sommes sortis tant bien que mal, et nous avons retrouvé relativement rapidement le chemin que nous nous étions tracés dans la perspective 2030. Mais une nouvelle météorite nous a frappés en 2022 : celle de la guerre, et elle est sensiblement plus coriace. Cette météorite nous a fait dévier de notre chemin. Et je peux vous dire aujourd’hui que la Hongrie, les Hongrois et le gouvernement hongrois combattent sans relâche pour que nous puissions nous retrouver sur le chemin bien tracé qui doit nous conduire jusqu’en 2030 et dont nous avons été écartés. Je vois que le retour sur ce chemin pourra avoir lieu au plus tôt aux alentours de juillet 2024. J’ai bon espoir de pouvoir vous annoncer, l‘année prochaine, que la croissance de la Hongrie est redevenue significative, que les crédits bancaires se sont redressés et que nous avons retrouvé une trajectoire de croissance largement supérieure à la moyenne européenne.

Nous avons dépassé la période la plus difficile. L’inflation battait tous les records, nous sommes en train de la briser et nous avons toutes les chances pour qu’elle redescende au-dessous de 10 % d’ici à la fin de l’année, c’est-à-dire qu’elle revienne à un chiffre. Le premier semestre de l’année a été très difficile, parce que l’inflation a augmenté en Hongrie plus vite que les salaires. Il n’y en avait pas eu d’exemple depuis bien longtemps, peut-être depuis dix ans. Mais nous nous redresserons sur le second semestre, et si le Bon Dieu nous vient en aide, nous arriverons à faire en sorte que sur l’ensemble de l’année 2023 le pouvoir d’achat des salaires n’aura pas baissé. Les intérêts des emprunts sont eux aussi astronomiquement élevés aujourd’hui en Hongrie, et je prévois leur normalisation, leur retour à un niveau acceptable au plus tôt pour le premier trimestre de l’année prochaine. Cela veut dire que si nous travaillons bien, si nous avons de la chance et si le Bon Dieu nous aide, nous nous trouverons déjà, au moment des élections européennes et de nos élections municipales de 2024, sur le chemin bien tracé qui nous mènera jusqu’en 2030. Nous pourrons alors, à notre Université d’été de 2024, aborder tranquillement nos projets pour la période 2030-2040.

En résumé donc, Mesdames et Messieurs, je peux vous dire ceci : gardons la tête froide dans les affaires du monde, établissons des liens dans l’économie mondiale, luttons dans les débats de l’Union européenne, tenons bon dans les questions spirituelles et restons persévérants dans la cohésion nationale.

Le Bon Dieu au-dessus de nous tous, la Hongrie avant tout ! Allez la Hongrie, allez les Hongrois !

[1] Géza Hofi (1936-2002), humoriste hongrois.

[2] L’OTP, la première banque hongroise, a été placée par les autorités ukrainiennes sur la liste des entreprises favorisant l’effort de guerre de la Russie

[3] RMDSZ : Alliance démocratique des Hongrois de Roumanie, parti politique de la minorité hongroise locale

[4] Zsolt Németh, président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement hongrois et organisateur de l’Université d’été.

Traduction fournie par le service de communication international du gouvernement hongrois, ajustements effectués par le Visegrád Post.