Le communisme a déjà fait plus de 100 millions de victimes dans le monde. Aujourd’hui encore, il est des gens qui meurent du fait du communisme. Pourtant, dans la conscience mondiale, il n’est pas présenté d’une manière aussi clairement négative que le nazisme, le Troisième Reich ou l’Holocauste. Le visage de Lénine se retrouve sur des T-shirts, Staline est le héros de mèmes et de gifs joviaux, et des monuments sont érigés en l’honneur de Marx, même en Occident. Pourquoi, de tous les systèmes politiques et idéologies totalitaires, celui qui a fait le plus de victimes est-il si blanchi aujourd’hui ?
Un article de Radosław Wojtas, publié initialement sur Sovereignty.pl. Pour lire la version intégrale, en anglais, sur Sovereignty.pl, veuillez cliquer ici.
[…] Récemment encore, en Pologne, les forces politiques critiques à l’égard de la Russie étaient qualifiées de russophobes ; les tentatives de décommunisation de l’espace public – débaptiser des rues, démonter des monuments communistes – ont été efficacement bloquées ; et aux États-Unis, il y a quelques années, les autorités de Jersey City ont voulu démanteler un monument dédié au massacre de Katyn, l’assassinat en masse des élites polonaises par les Russes au printemps 1940.
C’est pourquoi il est si important de montrer le vrai visage du communisme et de rappeler aux gens à quoi mène l’idéologie communiste. L’un des lieux conçus pour remplir cette mission est le musée des victimes du communisme à Washington, D.C.. Cet établissement a été créé à l’initiative de la Fondation pour la mémoire des victimes du communisme, une organisation à but non lucratif créée par le Congrès américain en 1993, qui se consacre à l’éducation, à la recherche, aux activités de défense des droits de l’homme dans les pays encore touchés par le communisme et à la commémoration des victimes de ce système totalitaire.
Mais ce sont les Polonais qui ont le plus contribué à sa création. L’un des principaux bailleurs de fonds du musée est la Fondation nationale polonaise, qui contribue à hauteur de 10 millions de dollars à la création du site. « À Washington, outre de nombreux bureaux gouvernementaux, se trouvent des groupes de réflexion et des institutions non gouvernementales. Nous voulons que ce musée devienne, pour eux aussi, une plateforme éducative, un lieu d’échange d’idées. C’est l’endroit idéal pour présenter nos expériences », a déclaré Marcin Zarzecki, président du conseil d’administration de la Fondation nationale polonaise, lors de l’inauguration du musée. « Nous espérons qu’à travers des films et des jeux éducatifs, la connaissance de ces événements pourra atteindre le public le plus large possible de jeunes Américains », a-t-il ajouté. Michal Góras, vice-président de la Fondation nationale polonaise, a souligné sans détour : « L’exposition tente de montrer de la manière la plus forte possible que le système communiste est un mal contre lequel nous devons lutter ».
Le musée a ouvert ses portes l’année dernière, le 8 juin 2022. « C’est un moment unique, car grâce à la détermination de nombreuses personnes dans la capitale américaine, à quelques centaines de mètres de la Maison Blanche [900 15th Street, ndlr], il a été possible d’ouvrir un musée qui, d’une manière très moderne et dans une perspective large, montre à quel point le système communiste est criminel, combien de sang de victimes se trouve sur les mains des oppresseurs communistes », a déclaré le Dr. Rafal Leskiewicz, historien et porte-parole de l’Institut de la mémoire nationale, qui a eu l’occasion de voir l’exposition à Washington, dans un entretien donné à l’hebdomadaire Do Rzeczy. « C’est important parce que le musée est situé dans un endroit où se croisent les chemins des lobbyistes américains, des personnes qui façonnent les opinions – journalistes, hommes politiques, membres du Congrès – tous ceux pour qui ce récit devrait être important et constituer une sorte de réflexion pour comprendre le monde moderne et les menaces modernes posées par tout système totalitaire », a souligné M. Leskiewicz.
À propos de la Pologne à Washington
L’ensemble du musée a une superficie de 900 mètres carrés. Il se compose d’une section de conférence et d’une section d’exposition. La section d’exposition se compose de trois parties. La galerie 1 raconte l’histoire de la naissance du communisme, de Marx et Engels et leur « Manifeste communiste » aux sanglantes révolutions russes, en passant par les promesses utopiques de Lénine. En arrivant à la deuxième galerie, le spectateur a l’occasion de voir ce que ces utopies ont engendré. Cette partie est en effet consacrée aux crimes staliniens – meurtres de masse et déportations, terreur à une échelle inimaginable. Elle présente également les profils de ceux qui ont eu le courage de résister. La dernière galerie – « Miracles et larmes » – est précisément consacrée à ceux qui ont résisté au communisme. Elle raconte l’histoire de l’effondrement du communisme dans le bloc de l’Est, mais présente également la propagation du communisme en Afrique, en Asie et en Amérique latine, et rend hommage aux personnes qui sont aujourd’hui victimes de l’idéologie communiste – en Chine, au Laos, en Corée du Nord, au Viêt Nam, à Cuba.
Le musée est interactif. Les visiteurs peuvent notamment participer à un jeu décisionnel dans lequel ils incarnent un personnage vivant sous le système communiste, regarder un film sur les origines du communisme et la bataille de Varsovie, ou encore des séquences sur l’histoire des goulags.
Beaucoup d’espace est consacré à la Pologne. L’histoire de notre pays commence avec le Miracle sur la Vistule, à savoir la défaite des bolcheviks par les Polonais et l’arrêt de la conquête soviétique de l’Europe. Cependant, l’exposition met surtout l’accent sur la contribution polonaise à la transition démocratique en Europe centrale et orientale avant 1989. « Ce qui m’a le plus impressionné, c’est la référence à la Pologne. Cela montre que ce sont les Polonais qui ont le plus contribué à l’effondrement du système communiste en Europe centrale et orientale. L’exposition présente principalement la contribution du syndicat Solidarité, un mouvement de masse de 10 millions de personnes qui a fait vaciller les fondations du système communiste. La figure de Jean-Paul II y est visiblement exposée. Il est également extrêmement important pour moi de montrer la figure de M. Witold Pilecki », a déclaré M. Leskiewicz. Et d’ajouter : « En Pologne, nous sommes en mesure de raconter l’histoire du système communiste et de son effondrement, nous savons ce qui se cache derrière le mouvement social de masse de Solidarność, mais les Américains ne le savent pas nécessairement, c’est pourquoi il est extrêmement important de présenter cette perspective ».
L’une des figures dont les visiteurs du musée pourront découvrir la biographie est Witold Pilecki. Un héros et un patriote polonais. Un soldat qui a combattu dans la guerre contre les bolcheviks, défenseur de Grodno, participant à la bataille de Varsovie ou à ce que l’on appelle le Miracle sur la Vistule. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Pilecki a pris part à des batailles défensives (sous son commandement, les Uhlans ont détruit, entre autres, sept chars allemands et deux avions non armés), et après le 17 octobre 1939, il a été actif dans la clandestinité. En 1940, il s’est volontairement soumis à l’arrestation et à l’emprisonnement dans le camp de concentration allemand d’Auschwitz. Tout cela pour que le monde apprenne les atrocités commises par les Allemands derrière les murs du camp. Les « rapports de Pilecki », ainsi que les « rapports Karski », ont été les premières sources décrivant les meurtres de masse commis dans les camps allemands, y compris l’Holocauste.
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Version intégrale (en anglais) sur Sovereignty.pl
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Traduction : Visegrád Post