Serbie, Belgrade – Le leader nationaliste serbe Vojislav Šešelj a été acquitté par le tribunal pénal pour l’ex-Yougoslavie. Ce jugement survient peu de jours après la condamnation à 40 ans de prison de l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadžić.
L’ancien leader des Tchetniks serbes, et chef de file du Srpska radikalna stranka (parti radical serbe), Vojislav Šešelj, a été acquitté de toutes les charges qui pesaient sur lui. La procédure pénale aura durée de 2003 à 2012, et 28 années auront été requises contre lui. En 2014, il est libéré pour raison de santé (cancer) et a depuis repris ses activités politiques qu’il continue encore aujourd’hui, notamment lors de manifestations contre l’OTAN, la dernière en date étant celle de février. Šešelj été accusé de 8 crimes contre l’humanité et 6 crimes de guerre, commis durant les guerres des Balkans dans les années 90. Le 31 mars 2016, le tribunal pénal pour l’ex-Yougoslavie acquitte définitivement le leader nationaliste serbe, actuellement en campagne pour les élections législatives du mois prochain.
La semaine passée, c’est en revanche 40 ans de prison qui ont échu à l’ancien président des Serbes de Bosnie, Radovan Karadžić, par ce même tribunal. Karadžić a été reconnu coupable de génocide pour le « massacre de Srebenica » de juillet 1995. Mais Karadžić a également été reconnu coupable de persécutions, exterminations, crimes de guerre, expulsions, et responsable du siège de Sarajevo qui aura duré 44 mois et coûté la vie à environ 10.000 personnes. Le condamné est resté calme, mais se dit déçu et surpris par le verdict, et son avocat a annoncé vouloir faire appel. Cette condamnation vient après 5 ans de procès qui ont suivi une cavale de 12 années. Selon Karadžić lui-même, un marché aurait été conclu avec les États-Unis, pour garantir son impunité en échange de son retrait de la vie politique. Karadžić aura vécu jusqu’en 2008 à Belgrade sous un nom d’emprunt et organisant même des conférences dans son nouveau domaine, la médecine alternative. Il y aura eu au total 497 jours d’audience.
Cette condamnation a été saluée par les responsables bosniaques musulmans, dont Bakir Izetbegović, chef musulman du triumvirat bosniaque. Il parle même du « plus important verdict depuis Nuremberg ». D’aucuns regrettent qu’il n’ait pas été condamné à perpétuité. Mais côté serbe, la partialité du tribunal est souvent dénoncée, et la date du rendu du verdict a poussé à la colère de nombreux Serbes. Annoncé le 24 mars, le verdict tombe ainsi le jour anniversaire du 24 mars 1999, date du début des bombardements de l’OTAN contre la Serbie.