Tchéquie, Prague – Entretien avec Tomio Okamura : « Il est tout à fait clair que les valeurs de l’islam et de la démocratie occidentale sont fondamentalement incompatibles », par Alimuddin Usmani.
Cet entretien a été réalisé pour La Pravda.ch et publié le 24 mai 2016. Il nous a été suggéré par son auteur.
Né à Tokyo en 1972 d’un père japonais et d’une mère tchèque, Tomio Okamura est un entrepreneur et homme politique tchèque qui a fondé le parti Svoboda a přímá demokracie (Liberté et démocratie directe). Il a été élu en octobre 2013 à la Chambre des députés de République tchèque. Nous lui avons posé quelques questions sur la crise migratoire qui sévit en Europe.
Alimuddin Usmani : La République tchèque doit accueillir 88 requérants d’asile syriens en provenance de Turquie dans les quatre prochains mois. N’est-ce pas une raison pour demander une motion de censure à l’encontre du gouvernement ?
Tomio Okamura : Notre mouvement, Liberté et démocratie directe, exige continuellement une motion de censure, il n’y a cependant pas assez de soutien en sa faveur au parlement.
AU : Que pensez-vous de l’échec du programme de réinstallation de réfugiés chrétiens en provenance d’Iraq ?
Tomio Okamura : J’ai critiqué cette proposition dès le début, parce que je savais que cela faisait partie d’une supercherie et que cela ne fonctionnerait pas – et il s’est avéré que j’avais raison. Et cela a coûté plusieurs millions de couronnes au budget de l’État, sans apporter aucun effet positif.
Le gouvernement et l’organisation Generace 21 ont menti aux citoyens quand ils affirmaient que ces Irakiens étaient menacés de mort en Iraq et que c’est pour cette raison qu’il fallait leur venir en aide. Il s’est avéré que c’était le contraire, il s’agissait de migrants économiques, dont une part significative est finalement rentrée, de sa propre initiative, avec ses enfants en Irak – étant donné qu’ils n’étaient nullement menacés de mort. Et une autre partie d’entre eux est immédiatement partie vers l’Allemagne, sans aucune gratitude. C’est pourquoi le modèle idéal est de s’assurer que personne n’ait de raison valable de quitter son pays, pas d’importer le problème chez nous en Europe.
AU : Vous vous opposez de manière virulente à l’islam. Ne pensez-vous pas que le problème réside plutôt dans l’immigration ? S’il n’y avait pas d’immigration massive, il n’y aurait aucun problème avec l’islam en Europe.
Tomio Okamura : La migration n’est pas une conséquence de l’islam mais le contraire est vrai. Les migrations sont provoquées par les interventions des puissances occidentales dans des pays où ils n’ont pas leur place. Les tentatives d’introduction de normes occidentales et de modèles occidentaux dans les pays musulmans sont aussi mauvaises et irréalistes que celle de l’idée d’un califat mondial. Nous condamnons les deux tendances, à savoir l’idéologie agressive mondiale et impériale des USA et de ses séides, mais simultanément nous identifions également la source du mal de l’autre bord qui est celle de la politisation de l’islam en tant que doctrine qui ordonne aux musulmans de conquérir le monde et de dominer les infidèles. Il est tout à fait clair que les valeurs de l’islam et de la démocratie occidentale sont fondamentalement incompatibles, et, pour autant que nous souhaitions vivre en paix, il est indispensable que nous vivions chacun dans notre pays et que nous n’imposions pas à l’autre des valeurs antinomiques. L’islam, la liberté et la démocratie ne se mélangent pas. En Europe il y aura soit la liberté et la démocratie, soit l’islam. L’un ou l’autre. Il n’y a pas d’entre-deux. Et, moi ainsi que notre mouvement Liberté et démocratie directe promouvons la liberté et la démocratie directe.
AU : Ne pensez-vous pas que votre positionnement face à l’islam pourrait donner des arguments à ceux qui prônent l’immigration de non-musulmans en Europe, par exemple de Nigérians ou bien d’autres pays ?
Tomio Okamura : Le problème de la migration des musulmans réside dans le fait qu’il s’agit d’une migration de personnes pour lesquelles il est, par principe, impossible de s’intégrer dans la société occidentale – Je crois que, dans une large mesure, cela vaut aussi pour une grande partie des Africains. Par conséquent, le refus de l’islam en Europe n’implique pas automatiquement l’accueil de toute autre culture incompatible. Les individus, à savoir les personnes prises de manière individuelle qui migrent chez nous, peuvent amener, sous certaines conditions bien précises et pré-définies, un enrichissement mutuel – mais cela ne s’applique pas aux partisans de l’islam, pour lesquels je ne vois aucun enrichissement en direction de la démocratie et de la liberté. Et lorsque ces individus se transforment en une masse, celle-ci devient une masse qui menace les cultures autochtones. Même les blancs représentaient une menace pour nombre de cultures qui les accueillaient dans un premier temps. Tout ça pour que le blanc soit en fin de compte en voie d’éradication. L’histoire des USA est l’histoire de la colonisation d’un continent étranger, la destruction de la culture d’origine et le massacre des autochtones. Nous appliquons le même jugement à tout le monde et sommes conscients de ce que peut commettre l’homme au nom de la foi – Il est capable de commettre le plus grand mal au nom d’un bien imaginaire.
AU : Pensez-vous que le Japon, avec sa politique restrictive en matière d’immigration, est un modèle en la matière pour l’Europe ?
Tomio Okamura : Pourquoi seulement le Japon? Pourquoi pas également les riches pays arabes qui ne permettent même pas l’immigration de leurs coreligionnaires issus de pays plus pauvres? Par exemple, les Émirats Arabes Unis pratiquent un modèle qui permet à quiconque trouvant un travail de manière légale de travailler. Si toutefois il n’y a pas de travail, l’immigré doit alors rentrer chez lui. C’est correct. Il n’y a pas de recours à l’aide sociale. Mais, contrairement aux riches pays arabes qui doivent leur richesse à leurs matières premières qui sont exploitées et qui rapportent, nous, en Europe, devons notre niveau de vie à notre travail dans les conditions les plus difficiles, depuis deux mille ans. Aucun étranger n’a le droit de profiter de cette richesse sans travailler, de manière parasitaire. Voici encore quelques mots à propos du Japon– La position de refus du Japon est basée sur la sécurité, parce que les Japonais ne veulent pas accepter n’importe quelle personne qui ne respecterait pas les lois du pays, sans tenir compte du fait que les Japonais souhaitent également maintenir leur identité culturelle, à savoir leur culture spécifique et leur langue. D’après les Japonais, une intégration absolue des migrants n’est pas possible, et c’est la raison pour laquelle, quand ils évoquent l’Europe, ils disent qu’elle se dirige vers de grands problèmes. Malgré le fait que les Japonais aient un taux de natalité faible, ils ne pensent pas que la venue massive de migrants d’une culture étrangère serait bénéfique pour leur économie.
Article publié originellement sur LaPravda.ch.
Entretien réalisé fin mai 2016 par Alimuddin Usmani.