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Georges Habsbourg : « Le programme Hungary Helps s’attaque à un sujet crucial »

Temps de lecture : 7 minutes

Entretien publié originellement en anglais sur S4C.news. Traduit et publié en français en partenariat avec S4C.

Hongrie – Petit fils du dernier empereur d’Autriche-Hongrie, archiduc d’Autriche, homme politique, journaliste et diplomate hongrois, récemment nommé ambassadeur à Paris, Georges Habsbourg est aussi un catholique engagé. C’est dans cette perspective que le site hongrois S4C a réalisé un entretien avec M. Habsbourg, afin qu’il témoigne de son engagement dans le programme humanitaire du gouvernement hongrois, Hungary Helps.

S4C.news (Stand For Christians) est un site d’information en anglais, rattaché au tout-en-ligne chrétien et conservateur vasarnap.hu, dépendant en partie du gouvernement hongrois. Site spécialisé sur la défense des Chrétiens à travers le monde, S4C s’efforce de mettre en avant la persécution des Chrétiens, mais aussi les succès des groupes d’influence et gouvernements actifs dans la défense du christianisme.


S4C : Georges Habsbourg est membre du comité consultatif international ; il partage avec nous ses réflexions sur le programme Hungary Helps (HHP) et sur la persécution des chrétiens dans le monde. La première question, et peut-être la plus cruciale, Monsieur Habsbourg, est la suivante : pourquoi le programme Hungary Helps (HHP) est-il si important pour vous et pourquoi avez-vous décidé d’entrer en collaboration avec celui-ci ?

Georges Habsbourg : Quand j’ai entendu parler du HHP pour la première fois, j’ai trouvé cela très intéressant. J’ai senti que c’était quelque chose de spécial, quelque chose qui n’existait dans aucun autre pays. Ce programme s’attaque à un sujet crucial, surtout dans le contexte politique actuel, où nous voyons la situation internationale des chrétiens qui souffrent dans le monde entier.

J’ai toujours eu d’excellentes relations avec les organisations humanitaires : la Croix-Rouge évidemment, mais aussi l’Ordre de Malte – elles travaillent dans le monde entier. J’ai obtenu de bonnes informations de leur part sur la gravité de la situation, en particulier là où les chrétiens sont le plus persécutés. Tout cela m’a interpellé.

S4C : En plus d’avoir aidé à convoquer le conseil, vous en étiez également membre si mes informations sont exactes ?

Georges Habsbourg : Oui, nous préférons l’appeler « organe consultatif international ». Et oui, j’en suis devenu membre dès sa création.

S4C : Vous avez mentionné que l’organisme consultatif international contribue au travail du HHP. Pouvez-vous nous donner un exemple ?

Georges Habsbourg : Je dirais que lorsque vous verrez les membres de cet organe, vous comprendrez quel type d’aide il apporte. Il y a un expert qui a déjà travaillé à la Fédération de la Croix-Rouge et qui possède une vaste expérience au niveau de l’aide humanitaire internationale. Il y a aussi des représentants du domaine de l’économie, des chefs d’entreprise, le président de l’association bancaire, etc. Nous ne nous rencontrons pas trop souvent, car évidemment nous ne voulons pas imposer un fardeau à la direction, mais quand le conseil se réunit – comme il l’a fait en décembre dernier – nous examinons les programmes d’aide, nous nous penchons sur chaque projet et en désignons les plus importants d’entre-eux ainsi que nous discutons du type de conseil que nous pouvons donner.

En effet, lorsque nous travaillons sur un site, nous déterminons quelle organisation que nous connaissons y est active, et de la meilleure manière dont nous pouvons collaborer. Lorsque nous avons un projet plus petit que nous soutenons, nous essayons de voir comment nous pouvons éventuellement l’agrandir. Lorsque nous avons apporté de l’aide au Liban – où a eu lieu cette énorme explosion – nous voulions trouver de quelle manière nous pourrions aider in situ, avec en collaboration avec d’autres organisations.

S4C : Y a-t-il eu des tentatives – en dehors de la Croix-Rouge – pour impliquer d’autres organisations ?

Georges Habsbourg : Hungary Helps coopère avec d’autres organisations. Les relations avec les organisations religieuses sont très bonnes. Ces dernières ont souvent une bonne infrastructure sur le terrain, que nous pouvons utiliser pour mener à bien nos programmes. Le HHP fait le suivi de la manière dont les subventions sont utilisées. Ce système a été conçu récemment et fonctionne bien. Nous pouvons voir comment une subvention a été utilisée et estimer ses bénéfices concrets. De toute évidence, le travail du comité consultatif international est plus réactif ; il obtient l’information et fait de son mieux pour répondre. Il s’agit d’une organisation volontaire et absolue, et lorsque nous, ou les membres présents, recevons des questions, nous essayons d’y répondre et d’aider au mieux que nous le pouvons.

S4C : Y avait-il un précédent avant que vous, Monsieur Habsbourg, deveniez membre du conseil consultatif international, d’une coopération franco-hongroise dans un projet que le HHP tentait de réaliser ? Y aura-t-il une chance de coopérer ainsi à l’avenir ?

Georges Habsbourg : Je dirais que oui niveau international et ce pas seulement avec un seul pays. Il existe de nombreuses organisations dans de nombreux pays où des projets pourraient être réalisés. Il existe de nombreuses organisations aux États-Unis avec lesquelles nous pouvons efficacement coopérer. Ce n’est pas comme en Hongrie, où le soutien provient de fonds publics. Là, vous avez différentes organisations humanitaires qui se concentrent principalement sur l’aide aux chrétiens persécutés. Je sais qu’il y a eu une forte coopération dans le passé, et cela va certainement continuer à l’avenir.

Je pense que surtout maintenant, une coopération avec les pays de Visegrád serait très intéressante, pour faire quelque chose ensemble, car ce serait un sujet très intéressant, où la coopération de Visegrád serait essentielle. Dieu merci, les relations avec les pays de Visegrád sont vraiment bonnes, j’imagine facilement une bonne synergie.

En ce qui concerne la France et l’Allemagne : absolument. Il existe des groupes humanitaires dans chacun de ces pays ; les pays les plus riches possèdent plus d’argent et ont donc plus d’opportunités d’aider que d’autres. La France a de très bonnes relations en Afrique. C’est une question très importante dans le cadre des Affaires étrangères françaises car ils suivent la situation en Afrique de près. En Afrique, en particulier avec Boko Haram, il existe beaucoup de problèmes dans de nombreux endroits ; la persécution des chrétiens y est très visible. Cela serait être un point de connexion automatique, où le HHP pourrait envisager un partenariat avec la France. Que ce soit des groupes humanitaires financés par l’État ou non-gouvernementaux, je ne suis pas encore en mesure de le dire, mais nous verrons cela à l’avenir, tout comme ce qui peut être fait en Allemagne, en France ou dans tout autre pays.

S4C : Comment le HHP peut-il aider à inverser le processus des récents attentats terroristes en Europe, atténuer la détérioration du christianisme et de ses valeurs, et le fait que les gens se soucient de moins en moins du christianisme ?

Georges Habsbourg : Je pense que HHP est une très bonne chose et qu’il devrait se concentrer sur les questions et les endroits où il peut agir efficacement. À l’heure actuelle, au Moyen-Orient, en Afrique et ailleurs, il peut vraiment représenter une aide précieuse. Il y a aussi des projets en Europe, mais il est également actif en dehors de l’Europe ces derniers temps.

Par ailleurs, oui, ce type de terrorisme existe dans quelques pays. Ce problème apparait avec une intensité variable en fonction des régions. Malheureusement, en Angleterre et en France, ce problème est plus important car il faut comprendre que ces deux pays ont un important bagage colonial. Ils ont une expérience historique différente. Quand quelqu’un est à Londres ou à Paris, il voit une communauté, qui est très forte, et qui a un bagage culturel diversifié.

Malheureusement, cela provoque manifestement plus de tension ; la scène internationale est un peu plus tendue, prenez ce qui se passe en Afrique et au Moyen-Orient. En France et en Angleterre,  la situation est la même car il y a une plus grande communauté arabe et nord-africaine. Cet état de fait amènera l’importation de plus de conflits, et à l’avenir, nous verrons que les politiques française et anglaise se pencheront sur la question afin d’élaborer une stratégie pour gérer ce type de terrorisme.

S4C : Comment la Hongrie, le HHP ou le Secrétariat d’État peuvent-ils montrer que malgré le contexte historique différent, la même chose se passe dans ces pays occidentaux – en particulier au cours des cinq dernières années, comme c’est le cas dans les pays du Moyen-Orient ?

Georges Habsbourg : Il y a une énorme différence parce qu’à l’Est, les chrétiens vivent dans une situation de diaspora, et sont peu nombreux, mais ils y ont une racine culturelle très profonde. Ils étaient chez eux et ils sont maintenant ostracisés, surtout du Moyen-Orient.

Cependant, nous savons qu’ils faisaient partie de l’histoire et de la culture et en font toujours partie aujourd’hui. C’est pourquoi nous devons les aider, et le HHP le fait avec brio. Nous les aidons à y rester pour préserver leur culture, garder leurs traditions et leurs écoles. Les gens peuvent rester chez eux, et ils ne sont pas chassés de leur pays, de leurs régions où ils vivent depuis des millénaires. La situation est très différente. Il y a eu la crise migratoire ces dernières années, mais en Europe occidentale, elle n’a pas commencé récemment, c’était bien avant cela. Surtout en France, on peut voir que depuis cinquante ans – après la fin de la période coloniale, de nombreuses personnes sont arrivées en France avec leur propre culture, leur propre style de vie, ce qui cause aujourd’hui beaucoup de problèmes. Cependant, je ne dirais pas que la situation est la même en Europe et au Moyen-Orient – nous en sommes encore loin.

S4C : Pour conclure, Monsieur Habsbourg, j’ai une question pratique concernant le HHP : quel a été, pour vous, le problème le plus important dans lequel vous avez été impliqué et que vous êtes parvenu à résoudre avec l’aide du HHP ? Je pense à la résolution d’un problème qui vous a rendu fier.

Georges Habsbourg : Il y en à deux. La premier exemple est celui d’un village qui a été intégralement reconstruit. À l’époque, je ne collaborais pas encore avec le HHP, mais le fait est qu’un qu’un village entier ait été reconstruit, restauré, de sorte que des milliers de personnes, des familles entières puissent rester sur place.

Je trouve cela remarquable. C’est une énorme opportunité pour ces gens : ils n’ont pas besoin de fuir, ils n’ont pas besoin d’aller ailleurs, il y a ce village qui a été détruit pendant la guerre, les Hongrois sont venus et ils ont reconstruit le village, un village entier ! De cette façon, ce n’est pas seulement une famille, un homme, ou un enfant qui ont été aidés, mais bien tout le village qui a été sauvé. Un autre exemple qui me réjouit est celui de la vitesse avec laquelle notre aide est arrivée au Liban [suite à l’explosion d’un entrepôt du port de Beyrouth en août 2020, ndlr]. Ce qui s’est passé là-bas est fut énorme catastrophe. De nombreux chrétiens au Liban avaient besoin d’aide. Je ne vous dit pas l’état de la ville après l’explosion… Pourtant, l’aide est arrivée très vite. C’est une chose merveilleuse qui peut être un bon exemple pour d’autres organisations ainsi que d’autres pays.