Hongrie, Budapest – Le mardi 8 novembre, le parlement hongrois a rejeté le projet d’amendement constitutionnel du Fidesz, parti de Viktor Orbán, qui avait pour but d’interdire l’installation de « populations étrangères » en Hongrie sans le consentement du parlement hongrois. Le parti populiste Jobbik n’a pas voté pour le projet de loi, arguant que ce n’était pas assez, exigeant la fin des permis de résidence pour les riches étrangers.
Après le référendum sur les quotas obligatoires le 2 octobre, au cours duquel le peuple hongrois a voté non à 98,3%, le premier ministre hongrois Viktor Orbán a présenté un projet d’amendement visant à protéger la Hongrie, en utilisant sa constitution, de tout installation d’étrangers qui n’aurait pas été acceptée par le parlement hongrois – cette modification de la Constitution vise évidemment à éviter les quotas de l’UE décidés en 2015.
Au sommet de Bratislava, la chancelière allemande Angela Merkel avait toutefois abandonné son idée de quotas obligatoires, cependant le premier ministre hongrois a préféré jouer la sécurité avec une modification constitutionnelle. Selon le plan original, la Hongrie devait recevoir 1.294 migrants, mais le gouvernement hongrois a déclaré que son but était d’empêcher toute future réinstallation.
Le mardi 8 novembre, le parlement a voté NON au projet de loi, par 131 voix pour (les membres du FIDESZ et du KDNP), 3 contre (le parti de gauche Együtt et le parti libéral). 133 votes étaient nécessaires pour adopter le projet de modification constitutionnelle. La plupart des législateurs de gauche et les députés populistes de droite du parti Jobbik se sont abstenus. Le Jobbik avait lié sa promesse de voter pour l’amendement constitutionnel proposé par le gouvernement à la volonté du gouvernement de supprimer le programme d’obligations de résidence, ce qui, a insisté le Jobbik, est un projet corrompu qui menace la sécurité nationale. Le gouvernement a insisté sur le fait que les deux questions n’étaient pas liées.
Le Jobbik a donc été accusé par certains membres du Fidesz de trahison. En réponse, lors du vote, les députés du Jobbik ont tenu une bannière sur laquelle était écrit: «Les traîtres sont ceux qui ont également laissé entrer les terroristes pour de l’argent !», faisant référence au risque de sécurité nationale qui pose le programme d’obligations de résidence selon le Jobbik. Ces obligations de résidence permettent aux citoyens non européens de s’installer en Hongrie. Ils doivent investir 300.000 euros (qu’ils peuvent le récupérer après cinq ans) en obligations du gouvernement hongrois et verser 60.000 euros par famille. Ces obligations de résidence ont été vendues à des Irakiens qui, selon le Jobbik, représentent une menace potentielle. Mais la plupart des obligations de résidence ont été achetées par des Chinois et des Russes. Selon certains sondages, les deux tiers des citoyens hongrois sont contre ce programme.
Le dirigeant du Jobbik, Gábor Vona, a déclaré que les législateurs de son parti étaient prêts à appuyer l’amendement constitutionnel si le programme d’obligations de résidence était annulé. M. Vona a déclaré lors d’une conférence de presse que les obligations de résidence devraient être abandonnées et que les bureaux qui les vendent doivent fermer. En présentant trois propositions sur la lutte contre le terrorisme, il a déclaré que le Jobbik exige également la conclusion d’une affaire concernant l’homme d’affaires saoudien Ghaith Pharaon, qui est sur une liste du FBI pour soutenir le terrorisme et aider l’immigration illégale. Il est entré librement en Hongrie en 2015 et a donc le droit de voyager n’importe où dans l’espace Schengen. Vona a ajouté que le Jobbik propose des consultations des cinq partis principaux sur ces questions qui se tiendront vendredi. Commentant le vote de mardi, il a déclaré: «Pour le Fidesz, ce n’est pas la protection du pays qui est importante, mais le butin».
Sans le soutien du Jobbik, le gouvernement sera incapable d’adopter l’amendement constitutionnel. Par conséquent, Viktor Orbán devra abandonner le projet de loi et subir une grande défaite politique sur la migration qui est son cheval de bataille depuis un an et demi, ou accepter les conditions du principal parti d’opposition, le parti radical de droite Jobbik, en mettant une fin aux obligations de résidence.