Roumanie – En présentant hier, lundi 7 décembre 2020, sa démission au lendemain des élections législatives roumaines, le premier ministre Ludovic Orban va rejoindre le monténégrin Milo Đukanović et le moldave Igor Dodon dans la fosse commune des chefs d’État et de gouvernement qui ont payé de leur carrière (pourtant assez prometteuse dans le cas de Dodon) leur agenouillement devant ce Great Reset vendu aux masses sous le nom de « Covid-19 ». Le serbe Vučić, rappelons-le, y a échappé de justesse, et reste actuellement plutôt en sursis.
La sentence dont le couperet vient de s’abattre sur sa tête concerne, en réalité, la classe politique roumaine tout entière, punie par un score de participation historiquement bas de 33%. La presse subventionnée (par le gouvernement ou, directement, par les philanthropes covidiens) cherchera bien entendu à nous faire croire que plus de dix millions de roumains ont boycotté ce scrutin de peur d’attraper la grippe, et/ou pour reprocher à Klaus Iohannis d’avoir osé « organiser des élections en pleine pandémie ». Explication sans doute applicable au cas de quelques dizaines (voire centaines) de milliers d’hypochondriaques convenablement terrorisés par les médias covidiens : 10% des boycotteurs ? Ou peut-être 15% ? Enfin, la messe est dite.
À la tête – via des parents et des proches – d’un réseau de profiteurs de guerre qui semblent avoir tiré d’appréciables dividendes du petit commerce de la peur (importation de masques, de tests plus ou moins efficaces etc.), Ludovic Orban n’était, en tout état de cause, pas là pour laisser son nom dans l’histoire, mais pour garnir un trésor de guerre. Mission accomplie. C’est tout de même sa démission que les règles de la démocratie roumaine exigent, maintenant que son parti (le PNL) est arrivé second, à près de cinq points de distance du PSD, qui domine la course à près de 30% des suffrages exprimés. Mais le fusible – si fusible il y a – devrait plutôt être le président Klaus Iohannis, lequel – en foulant une fois de plus aux pieds la constitution roumaine – a ouvertement fait campagne pour le parti vaincu – et, plus encore peut-être, contre le parti vainqueur (le PSD).
Paradoxe très byzantin : dominé, depuis la chute de Liviu Dragnea, par des individus lâches (et probablement soumis à des chantages, comme le plus gros du personnel politique roumain), ledit PSD n’a pratiquement pas fait campagne, s’efforçant apparemment de fournir à Iohannis un punching-ball inerte. Il est assez clair que ce parti d’opportunistes, qui n’aura jamais le courage de bousculer la narration covidienne tant qu’elle ne sera pas morte (de mort plus ou moins violente) dans un « pays de rang 1 ou 2 » (comme les États-Unis ou la France), ne voulait surtout pas arriver au gouvernement. Il est donc aussi extrêmement improbable qu’il cherche à constituer, autour de ses presque 30%, une coalition lui permettant d’aligner les 50% nécessaires à la formation d’un gouvernement. Et tout aussi improbable qu’il exploite son statut conservé de premier parti parlementaire pour lancer une procédure (pourtant plus que justifiée en droit) de destitution du président Iohannis, qui – sauf démission – devra boire jusqu’à la lie le calice des trois années de mandat qu’il lui reste « à tirer ». Le PSD a, de toute évidence, l’intention de laisser la gouvernance « nationale libérale » pourrir sur pied, en assumant l’austérité effrayante à laquelle va la contraindre son hystérie covidienne de 2020.
Aux prochaines présidentielles ou législatives, ce n’est d’ailleurs pas cette « droite euro-atlantiste » d’ores et déjà périmée que le PSD s’apprête à « combattre », mais l’outsider « surprise » du scrutin de dimanche dernier : l’AUR (« Alliance pour l’Union des Roumains »), parti nationaliste propulsé à presque 9% par une critique encore assez timide (mais unique dans le paysage) de la narration covidienne. D’ores et déjà diabolisé par la quasi-intégralité des médias, ce parti jadis spécialisé dans l’unionisme (irrédentisme roumain concernant la République Moldave), s’il maintient sa ligne anti-Covid et évite les pièges de l’opportunisme, pourrait assez vite, en effet, devenir le deuxième parti du pays. C’est, à mon avis, le scénario auquel se prépare la partie (surtout militaire) de l’État profond roumain qui, de concert avec l’Église orthodoxe, a fourni sa logistique et sa protection à l’AUR. Dans un, deux, ou trois ans, on devrait, « si tout va bien » assister à un réchauffé du match Iliescu/Vadim de 2000 – avec George Simion (président charismatique de l’AUR) dans le rôle de Vadim et, probablement, Marcel Ciolacu (président du PSD) dans le rôle d’Iliescu.
L’AUR étant démonisé (et Simion probablement trop intelligent pour tomber dans le piège, de toute façon), et le PSD en embuscade, le PNL sera donc obligé de former une coalition, et ne pourra pas ne pas y inclure l’alliance USR-PLUS (15%). L’USR, initialement issu des milieux associatifs de la Société Ouverte, constitue de facto le mouvement de jeunesse hipster du PNL, cherchant à se faire passer pour une alternative réelle à ce dernier. Mais, comme son score finalement assez décevant le suggère d’ores et déjà, ce parti du tertiaire urbain LGBT – déjà assez usé par sa collaboration municipale avec l’équipe Iohannis à Bucarest, et les scandales qui l’ont accompagnée – signera probablement son arrêt de mort en montant sur la charrette du dernier gouvernement PNL. Il va donc chercher à vendre sa peau au plus cher – ce qu’il a déjà commencé à faire, en avançant que la coalition (et donc le nouveau gouvernement) devrait avoir à sa tête, non pas un homme du PNL (comme l’imposerait la logique arithmétique), mais l’euro-parlementaire Renew Europe Dacian Cioloş. Toujours présenté comme « technocrate » (en vertu de quoi ?) par le discours de sa secte, cet homme bien connecté aux réseaux mondialistes les plus influents a d’abord fait main basse sur ledit USR, à l’occasion de la formation de l’alliance USR-PLUS, et ne demande probablement qu’à doubler sa mise en s’imposant, bien que minoritaire, à la tête d’une coalition PNL-USR-PLUS. C’est probablement ce que lui demandent E. Macron (sa loyauté primordiale au sein des réseaux mondialistes semblant être plutôt française) et A. Merkel, qui ont bien conscience de jouer leur tête (peut-être pas qu’au figuré) sur la poursuite à tout prix du programme de Davos.
Tous les pourcentages indiqués ci-dessus sont provisoires, ne tenant pas compte des points que vont encore glaner les gagnants, du fait de la redistribution d’à peu près 20% des voix reçues par des partis n’ayant pas franchi le seuil des 5%. Et notamment celles qui se sont – mais en vain – portées sur deux perdants relapses de la politique roumaine : Victor Ponta (politicien notoirement lié au renseignement externe), échouant dans une énième (et, espérons-le, dernière) tentative de diviser l’électorat du PSD dont il est issu, et l’inusable Train Băsescu qui, à la tête de son PMP, ne semble pas avoir réussi non plus à convaincre les Roumains qu’il représenterait une véritable alternative au système Iohannis (le PNL actuel n’étant, en réalité, qu’une perpétuation remaquillée du PDL des années Băsescu).
Néanmoins, le hic, c’est que, même après redistribution, le PNL de Iohannis et l’alliance USR-PLUS ne semblent pas devoir totaliser ensemble 51% des sièges. Ils auront donc absolument besoin du quatrième larron de cette victoire à la Pyrrhus : l’UDMR (en hongrois : RMDSZ), parti de la minorité hongroise.
Désormais privé de son allié de Budapest (Viktor Orbán, financièrement ruiné par son propre suicide covidien, et en cours de naufrage politique à l’interne), l’UDMR ne doit qu’à la faible participation générale d’avoir, une fois de plus, réussi à passer la barre des 5%. Le parti hongrois paie probablement, ce faisant, sa propre collaboration à la dictature pseudo-sanitaire – des deux côtés de la frontière, étant donné que les Hongrois de Transylvanie ont, dans leur vie quotidienne, subi de plein fouet l’impact des fermetures de frontières démagogiques décidées par Viktor Orbán. Il y a donc fort à parier qu’en cas de participation à ce gouvernement kamikaze, l’UDMR profitera à partir de janvier de sa toute dernière législature, son destin étant l’élimination (plus exactement : la relégation en ligue régionale) dès le prochain scrutin à plus forte participation. Sauf, bien sûr, si l’AUR reprend la rhétorique magyarophobe d’une partie de l’État profond, qui caractérise aussi, depuis plusieurs années, le discours de Klaus Iohannis : ce faisant, tout en se sabordant, l’AUR offrira peut-être à l’UDMR une chance de sauver in extremis sa représentation parlementaire. Espérons, là aussi, que George Simion sera plus intelligent (et plus autonome) que ça…