Moldavie – Le 30 août 2020, les citoyens du Monténégro ont eu l’honneur d’être les premiers européens à faire tomber un gouvernement covidien. Généralement attribuée à l’opposition farouche des églises orthodoxes et à des affaires de corruption, la défaite des « socialistes » monténégrins a pourtant eu lieu face à une opposition politique extrêmement divisée (comme l’est, par exemple, l’opposition hongroise) ; même si cette opposition ne semble pas avoir eu le courage de remettre en cause la narration covidienne, le moins qu’on puisse dire, c’est que l’exploitation policière opportuniste du « danger viral » par les autorités monténégrines n’a pas vraiment porté chance à Milo Đukanović.
Précédé par les violents épisodes de la fronde du peuple serbe contre les appétits covido-dictatoriaux de son président Aleksandar Vučić, ce dénouement monténégrin est maintenant suivi d’un épisode moldave.
À encore deux semaines du second tour des présidentielles moldaves, il est bien sûr trop tôt pour en tirer des leçons définitives. Mais le premier tour, célébré hier, dimanche 1er novembre 2020, a d’ores et déjà confirmé un résultat prévisible : une participation historiquement basse. Et, compte tenu du retard de 3 points du président sortant sur son adversaire sélectionné pour le second tour, il est clair que la démobilisation a surtout frappé les rangs des partisans d’Igor Dodon. Contrastant fortement avec la participation élevée des présidentielles de 2016 (les premières de l’histoire démocratique moldave qui aient été tenues au suffrage universel direct), cette désertion de l’électorat montre donc avant tout une perte de popularité dramatique du président sortant Igor Dodon, pourtant élu il y a quatre ans par la plus large des majorités électorales de l’histoire démocratique moldave. Et ce, alors même qu’il venait, en 2019, de se débarrasser de son principal concurrent, l’oligarque populiste de droite Vlad Plahotniuc, qui jouissait de sympathies diplomatiques à Washington comme à Bucarest.
Dodon, dont j’avais alors salué l’intelligence stratégique, n’a hélas pas confirmé cette observation en 2020. À l’exemple des deux puissances dont il est le plus proche (Moscou et Berlin), il s’est, au printemps, jeté corps et âme dans le show covidien, imposant à la Moldavie une dictature pseudo-sanitaire particulièrement dure (suivant le modèle roumain). Ce qu’il semble avoir oublié, c’est que, comparée, non seulement à l’Allemagne ou à la Russie, mais même à son voisin roumain, la Moldavie est un pays bien trop pauvre pour pouvoir se permettre pendant plus de quelques semaines le suicide collectif du « confinement ».
Le second tour des élections l’opposera à Maia Sandu, candidate libérale mondialiste formée à la Banque mondiale. Inutile de préciser que cette dernière n’enfreint pas davantage le tabou covidien, et que, comme dans tout le reste de l’Europe médiane, les Moldaves auront donc à choisir à la mi-novembre entre deux variantes de la même politique mondialiste oligarchique à tendance dictatoriale, que ne distingue entre elles qu’un mince vernis rhétorique – d’où, à mon avis, cette participation exceptionnellement faible. Cette divergence d’opérette, comme en Pologne et en Hongrie, tournera principalement autour de l’attitude (avant tout rhétorique) des uns et des autres vis-à-vis de l’épouvantail LGBT. Igor Dodon est connu pour des prises de position favorables à la « famille traditionnelle » – lesquelles ont pour l’instant débouché principalement sur l’organisation de quelques kermesses. Tandis que Maia Sandu, communément accusée de lesbianisme par ses détracteurs, a dû, dans l’optique de la campagne présidentielle, faire taire les mauvaises langues pour recentrer son image. Le score d’hier soir suggère que beaucoup de moldaves ne souscrivent plus à cette comédie –d’autant moins qu’ils ont précédemment vu ce même tandem pseudo-dichotomique Dodon-Sandu s’entendre comme larrons en foire lorsqu’ils ont brièvement collaboré (ou laissé leur collaboration transparaître publiquement) pour débarquer l’ancien homme fort Plahotniuc (Maia Sandu devenant alors même, pour quelques mois, le premier ministre d’Igor Dodon !). Cette manœuvre assez vertigineuse, effectuée avec l’assentiment des ambassades européennes, américaine et russe, avait pu inspirer à l’électorat quelques doutes concernant la narration géopolitique (« Est contre Ouest ») qui informait depuis plusieurs décennies le champ politique moldave. Ce débat cherchera d’ailleurs probablement à se réinviter au second tour des élections en cours, dont l’enjeu sera la récupération des voix des candidats de premier tour déboutés – notamment pour Dodon, qui ne peut que lorgner sur le bon score réalisé par Renato Usatîi, le russophile tribun local de Bălţi. Ce plébiscite populaire accordé au plus pro-kremlin des politiciens moldaves contient-il un « message codé » adressé à Igor Dodon – concernant, notamment, la nécessité d’adopter une stratégie vaccinale (ou un leurre vaccinal ?) rapide (donc russe) pour mettre fin à l’hystérie avant que tout le monde ne soit mort de faim ? Si tel est le cas, Igor Dodon aura-t-il l’intelligence – et plus encore : le « droit » (comprendre : l’autorisation de Bruxelles) de le comprendre ? Réponse dans deux semaines.
En 2020, c’est en effet au tour du positionnement socio-politique de fond du président moldave de devenir objet de doute, tout comme celui de ses homologues réputés populistes de Budapest et de Varsovie, que leur peuple voit depuis plus d’un semestre courir éperdument derrière les injonctions les plus folles d’un mondialisme libéral transformé (après désertion de BHL) en totalitarisme covidien.
Ce troisième épisode d’effritement est donc un résultat que certains, en Pologne et en Hongrie, feraient bien d’étudier de près. Bien sûr, aucun de ces pays n’est économiquement aussi fragile, démographiquement aussi exsangue, et aussi dépendant de l’économie du mandat que la République Moldave – ce qui explique probablement que la population y tolère encore des mesures dictatoriales destructrices du tissu économique, dont le gain sanitaire putatif (au vu des expériences suédoise et biélorusse) semble être – dans le meilleur des cas – de rallonger de quelques semaines ou de quelques mois en moyenne la vie d’un ou deux milliers de mourants parvenus à un âge moyen identique à l’espérance de vie de ces pays.
Néanmoins, on peut se demander dans quelle mesure les manifestations monstres actuellement en cours à Varsovie auraient – abstraction faite de leur prétexte féministe/progressiste – eu un tel succès si le gouvernement polonais s’était, dans sa gestion de crise, davantage inspiré du comportement de ses voisins de Stockholm et de Minsk.
À bon entendeur, salut.