Tchéquie – La Tchéquie assurera la présidence tournante de l’Union européenne de juillet à décembre 2022 et les autorités tchèques en ont déjà arrêté certaines priorités : l’élargissement de l’Union en direction des Balkans occidentaux, l’arrêt et le contrôle de l’immigration extra-européenne, la stabilité des voisins de l’Union et la coopération avec l’Asie. Des thèmes centraux pour les pays du groupe de Visegrád (Pologne, Tchéquie, Slovaquie, Hongrie) sur lesquels ils tentent d’influencer ensemble leurs partenaires au sein de l’UE.
Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Tomáš Petříček, a ainsi déclaré ce lundi 25 janvier : « Au nom du ministère des Affaires étrangères, je peux confirmer que l’une des priorités sera les Balkans occidentaux et l’élargissement de l’Union européenne. Bien sûr, la question de la stabilité dans le voisinage élargi de l’Union européenne en ce qui concerne la migration et les conflits, en particulier en Afrique, seront une autre priorité. De plus, nous parlons de coopération avec les États asiatiques ».
L’intégration des Balkans, un objectif stratégique
Concernant l’élargissement, M. Petříček propose notamment la tenue d’une conférence intergouvernementale avec la Macédoine du Nord et l’Albanie dès les prochains mois afin de démarrer au plus vite des négociations en vue de leur adhésion. Comme l’expliquait notamment dans un entretien au Visegrád Post le président du Parlement hongrois, László Kövér, l’élargissement de l’UE aux Balkans occidentaux – c’est-à-dire l’intégration de la Bosnie, de la Macédoine du Nord, de l’Albanie, de la Serbie et du Monténégro dans l’UE – est une priorité stratégique pour les quatre pays du groupe de Visegrád, et ce depuis de nombreuses années. Un agenda que la Tchéquie entend bien faire avancer durant sa présidence de l’UE.
Pour le V4, cette région voisine de l’UE, qu’on pourrait même considérer comme enclavée dans l’UE – avec l’Italie à l’ouest, la Roumanie et la Bulgarie à l’est, la Grèce au sud et la Croatie et la Hongrie au nord -, pauvre et en crise démographique, est toujours en proie à des tensions ethniques qui n’ont pas été résolues à l’issue des différentes guerres qui ont suivi l’éclatement de la Yougoslavie. En parallèle, l’ingérence des États-Unis, de la Russie, de la Turquie, de l’Allemagne et des monarchies arabes comporte beaucoup de risques selon les pays du Groupe de Visegrád qui par ailleurs, outre la stabilité de leur voisinage direct, ont pour intérêt de bénéficier de nouveaux marchés à portée de leurs investisseurs.
À ces considération se rajoute également le fait que l’intégration des Balkans occidentaux dans l’UE, selon toute vraisemblance, renforcerait au sein des institutions européennes le poids de l’Europe centrale et orientale.
Un budget restreint porté sur l’essentiel
Cette présidence tchèque pourrait par ailleurs être la plus économe jusqu’à présent avec un budget prévisionnel de 47,5 millions d’euros – que l’opposition sociale-démocrate (ČSSD) juge trop faible. Ce à quoi M. Petříček rétorque : « Il ne s’agit pas de dépenser des ressources inutiles pour divers événements représentatifs, ce que nous souhaitons, c’est de nous assurer de faire respecter nos priorités dans la législation européenne, par exemple en orientant les relations avec les principaux partenaires de l’UE là où nous pensons qu’elles devraient être ».