Hongrie – La décision est tombée hier 27 janvier à Bruxelles. Chris Borowski, le porte-parole de Frontex a déclaré que l’agence européenne « suspend toutes ses activités en Hongrie ». En cause : le refoulement de migrants illégaux vers la Serbie.
Arrêt de la CJUE de décembre 2020
Or, les autorités européennes – dont la Cour européenne de Justice dans un arrêt rendu en décembre 2020 – considèrent ces refoulements de migrants à la frontière serbo-hongroise – frontière extérieure de l’Union européenne et de l’espace Schengen – comme des « violations » du droit européen dont Frontex craint d’être tenue comme « complice » en cas de poursuite de sa coopération avec la Hongrie. Et dès hier après-midi, la commissaire européenne aux Affaires intérieures, la sociale-démocrate suédoise Ylva Johansson exprimait sa satisfaction sur Twitter.
Comité Helsinki hongrois
En décembre dernier donc, la Cour européenne de justice (CJUE) au Luxembourg avait jugé illégales (affaire C-808/18) un certain nombre de dispositions législatives hongroises permettant justement ces expulsions de migrants en situation irrégulière – c’est-à-dire ayant eux-mêmes traversé illégalement la frontière hongroise et de l’Union européenne. Depuis ce jugement, l’ONG hongroise « Comité Helsinki hongrois » (Magyar Helsinki Bizottság) avait répertorié les refoulements que les autorités de Budapest avaient continué à pratiquer et exhorté plusieurs fois Frontex de se retirer du pays, une exigence à laquelle l’agence européenne s’est finalement conformée. « C’est tout simplement monstrueux que les choses continuent comme ça après le verdict », avait notamment déclaré András Lederer, du comité Helsinki hongrois.
Des mesures strictes de protection des frontières
En juin 2020, la CJUE avait déjà déclaré illégale la pratique des « zones de transit » que la Hongrie avait installées sur sa frontière après les événements de 2015. À ce moment-là, le gouvernement de Viktor Orbán avait immédiatement pris acte de l’arrêt de Luxembourg et avait fermé lesdites zones de transit à Röszke et Kelebia. Cette fois-ci, il n’en fut rien et les autorités hongroises ont expulsé au moins 4 400 migrants illégaux depuis l’arrêt de la CJUE du mois de décembre. Interrogé à ce sujet par le site euobserver.com, le gouvernement de Viktor Orbán a répondu que « la Hongrie a introduit un système juridique spécial qui prévoit, entre autres, des mesures strictes de protection des frontières ».
La lutte contre l’immigration illégale, extra-européenne et massive est un cheval de bataille du gouvernement conservateur hongrois de Viktor Orbán depuis la crise des migrants de 2015. Viktor Orbán s’était alors opposé à l’approche germano-bruxelloise de cette vague d’immigration massive et a fermé la route des Balkans en construisant une barrière surveillée à la frontière de l’Union européenne avec la Serbie.