Par Alexandre Árpád Szigethy.
Hongrie, Budapest – C’est désormais à intervalle régulier que sortent les nouveaux épisodes du feuilleton « Orbán contre ONG ». Le sujet de mon article précédent portait sur les Jeux Olympiques, notamment sur la controverse au centre de laquelle leur organisation fut artificiellement placée. Pour rappel, le gouvernement appuyait la candidature de Budapest pour l’organisation des jeux. Puis, suite à la récolte du nombre de signatures nécessaire à un référendum par le jeune parti d’opposition « Momentum », ce même gouvernement botta en touche et retira la candidature, rendant l’objet dudit référendum vide de sens coupant l’herbe sous les pieds de l’opposition qui se voyait déjà profiter des fruits politiques d’un combat médiatique prolongé.
J’avais alors souligné que cet événement d’actualité s’inscrivit dans un schéma plus large, une bigger picture, qui prend racine dans la vie politique hongroise dès 2010, soit au deuxième mandat de Viktor Orban.
Ce dernier, de manière assez frontale et à peine dissimulée par des considérations juridiques se référant à son statut international, s’en prend à l’Université d’Europe Centrale (CEU), celle-là même qui – créée et financée par George Soros – produit l’élite libérale qui peuple la nébuleuse de l’opposition.
Notons que si jusqu’à l’automne 2015, George Soros n’apparaît que comme une éminence grise dans des analyses que d’aucuns taxent de complotistes, il devient dès lors que nommé par Viktor Orbán, le visage de l’ennemi libéral (ou plutôt, anti-illibéral). Ce tournant donne non seulement toute la légitimité aux analyses jusqu’alors prises à la légère, mais, avec l’affaire de la CEU, force l’opposition libérale à se ranger ouvertement derrière Soros.
Si lors de l’épisode précédent le gouvernement a du, dos au mur, prendre une mesure radicale et faire un sacrifice qui le soulagea rapidement d’une énième controverse vouée à s’éterniser, là, c’est lui qui dicte le tempo. La réaction ne se fait pas attendre et c’est tout de suite que des milliers de manifestants, guidés par les représentants des mêmes groupuscules libéraux se rassemblent « spontanément » sur plusieurs jours pour afficher leur soutien à l’université menacée de fermeture. Comme d’habitude, on a peur de la dictature, on craint pour la démocratie, pour l’appartenance à l’UE, les droits de l’homme… On s’indigne, traite le président János Áder de « merde à moustache » pour avoir osé signer la proposition de loi, fabrique des pin’s et on pousse même l’engagement politique jusqu’au « hashtag ».
Dépassés comme d’habitude, les partis politiques d’opposition suivent les militants « civils » et affichent ouvertement leur soutien à Monsieur Soros.
Loin d’être déstabilisé, le gouvernement compte sur les fêtes de Pâques pour casser le rythme de la mobilisation. Sachant à la fois qu’un grand nombre d’étudiants ayant participés aux manifestations rentreront chez leurs familles pour les fêtes et que la tranche démographique restante ne puise pas assez d’énergie dans le quinoa pour continuer la guérilla, il compte sur un essoufflement. Question de timing.