Pologne – Nouveau coup de théâtre ce vendredi 25 juin au sein de la coalition gouvernementale polonaise de la Droite unie : trois députés du PiS (Zbigniew Girzyński, Małgorzata Janowska et Arkadiusz Czartoryski) viennent de quitter le parti gouvernemental et son groupe parlementaire. Ils sont en désaccord avec les augmentations d’impôts prévues par le programme dit « Nouvel Ordre polonais » – qui toucheront notamment les petits entrepreneurs –, ainsi qu’avec la ségrégation qui est en train d’être mise en place – en Pologne comme dans de nombreux pays européens – entre vaccinés et non-vaccinés. Sur le papier, cela signifie que la Droite unie (le PiS et ses alliés, Solidarna Polska, Porozumienie et le Parti républicain nouvellement fondé) ne dispose plus de la majorité absolue au Sejm.
Wybór Polska, le Choix de la Pologne
Interrogée par la presse, Małgorzata Janowska explique que les trois frondeurs ont créé leur propre groupe, Wybór Polska (Le Choix de la Pologne), dont elle est la présidente, et précise :
« Nous ne serons pas une opposition totale, nous évaluerons substantiellement chaque projet. Nous n’excluons personne […] Nous voulons voter pour ce qui est bon pour la Pologne. Nous allons certainement analyser chaque vote séparément ».
La raison fondamentale pour laquelle ils viennent de quitter le PiS est le programme du « Nouvel Ordre polonais » qui, selon eux, « aura un impact tragique sur l’économie du pays ».
Lors d’une conférence de presse, Zbigniew Girzyński, explique que sa décision de quitter le PiS est essentiellement motivée par ledit « Nouvel Ordre polonais » : « Les Polonais ont généré toute leur prospérité avec un travail honnête.
Il m’a semblé que si les petits entrepreneurs étaient le groupe social qui a donné le pouvoir au PiS en 2015, le PiS en prendrait un soin particulier. Malheureusement, la perspective esquissée dans l’ « Ordre polonais » s’oppose à cela. Cela conduira au fait qu’il y aura deux employeurs en Pologne : l’État et les grandes entreprises internationales ».
Rejet de toute « ségrégation des citoyens »
Girzyński a également souligné rejeter toute « ségrégation des citoyens » comme cela s’annonce avec le passeport vaccinal. « Nous établissons un groupe parlementaire, mais nous ne le faisons pas pour avoir une position de négociation au sein de la Droite unie […] nous voulons donner de l’espoir à tous ceux qui se sentent délaissés par le PiS », a-t-il poursuivi.
« Nous espérons que cela aidera PiS à revenir de ce mauvais chemin. S’il ne revient pas, nous sommes convaincus que notre groupe s’élargira. Beaucoup de gens partagent nos doutes ».
Le PiS minimise
Du côté du PiS, on essaie tout naturellement de minimiser l’impact de cette scission que la porte-parole du PiS, Anita Czerwińska, a commentée lors d’une conférence de presse en sous-entendant plus que clairement que les raisons du départ des trois députés pourraient être bien différentes de ce qu’ils en disent : « Nous sommes convaincus que cette décision soudaine, dans le cas du député Girzyński, est liée à l’affaire qui a été largement commentée il y a quelques jours. Il s’agit de ce qui s’est passé dans le bureau d’Adam Hofman. Ce n’est un secret pour personne que ces messieurs entretiennent des relations sociales et professionnelles […] Quant au député Czartoryski, il ne l’a pas dit aujourd’hui, mais là aussi c’est l’enjeu. On ne sait pas quelle sera la fin de cette affaire, mais le député a formulé de telles attentes vis-à-vis de la direction du parti et du club pour discuter de cette affaire. Malheureusement, les politiciens ne peuvent pas interférer dans de telles procédures […] En ce qui concerne Mme Janowska, il semble y avoir un malentendu et nous essaierons de le clarifier ».
Du point de vue des rapports de force au sein du Sejm, le groupe de la Droite unie dispose certes de 229 sièges seulement, soit deux sièges de moins que la majorité absolue, mais, même si les trois députés frondeurs de Wybór Polska venaient à faire défaut, il y a néanmoins encore un député de Porozumienie, un député du nouveau Parti républicain (tous deux non-membres du groupe parlementaire de la Droite unie) et surtout les quatre députés du groupe Kukiz’15 avec lequel le PiS a récemment conclu un accord de coopération – sans même parler des onzes élus du parti nationaliste Konfederacja qui n’iront certainement pas s’allier avec le PO.