Pologne – L’arrivée et l’installation en Biélorussie des mercenaires du groupe Wagner d’Evgueni Prigojine après leur rébellion avortée fin juin 2023 suscitent de la méfiance et de l’inquiétude, tant en Lituanie qu’en Pologne, et ce au-delà des provocations d’Alexander Loukachenko en la matière.
Ainsi, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a rappelé, ce jeudi 27 juillet lors d’une conférence de presse à Sutno (un village près de la frontière biélorusse), que la Pologne, tout comme la Lituanie voisine, subit depuis deux ans une attaque hybride sur sa frontière orientale avec la Biélorussie : « Il ne s’agit pas de plaisanteries ni de quelques tentatives de franchissement illégal de la frontière.
Il s’agit d’une action planifiée par nos ennemis – la Russie et la Biélorussie – qui veulent détruire notre paix et notre ordre.
[…] C’est un signal clair de ce qui se passerait à notre frontière orientale si nous ne la sécurisions pas. Nos opposants ont voté contre cette barrière physique qui protège la frontière orientale de la Pologne, et il convient de le souligner avec insistance. »
Évoquant la question de la présence, depuis quelques semaines, du groupe Wagner sur le sol biélorusse où ils ont désormais pour mission d’assurer la formation du personnel des forces territoriales biélorusses, le chef du gouvernement polonais a déclaré considérer cela comme une menace accrue à l’égard de la Pologne : « Ce sont des mercenaires extrêmement dangereux, impitoyables et sans pitié.
Sans la protection des frontières polonaises par nos officiers et nos soldats et la mise à disposition de ressources adéquates par notre gouvernement, nous aurions eu le groupe Wagner à Varsovie en deux heures. »
De son côté, l’ancien ministre et ambassadeur biélorusse, Pavel Latouchka, opposant au régime de Minsk depuis les élections présidentielles de 2020, cité par Do Rzeczy, considère que les autorités biélorusses pourraient déguiser des mercenaires en migrants afin de déstabiliser la situation sur la frontière : « Le régime biélorusse frappe les Polonais vivant à Grodno, mais prévoit également de déstabiliser la frontière avec la Pologne. […] L’objectif [du] séjour [des mercenaires du groupe Wagner en Biélorussie] est d’aider les militaires [biélorusses] à effectuer des exercices et se perfectionner. La deuxième raison est d’utiliser la Biélorussie comme centre de transit et de logistique pour réorienter le groupe Wagner vers les pays africains. […] Aujourd’hui,
Poutine et Loukachenko pourraient avoir l’intention d’envoyer des mercenaires du groupe Wagner, déguisés en migrants, pour déclencher un conflit local à la frontière avec les pays de l’OTAN. »
Interrogé par Radio 24, le président du PiS, Jarosław Kaczyński, a quant à lui estimé que les mercenaires du groupe Wagner « ne sont pas là pour se divertir, [mais] pour créer toutes sortes de crises, principalement dirigées contre la Pologne. Nous ne savons pas encore à quoi elles ressembleront, s’il s’agira d’une continuation de la guerre hybride sous une forme plus aiguë ou de quelque chose d’encore pire. Nous devons nous y préparer. »