Pologne – Les vertus économiques de la stabilité et de la prospérité sont souvent mises en opposition par les vicissitudes des économies émergentes. Depuis l’effondrement du communisme, les gouvernements successifs d’Europe de l’Est ont pris des décisions difficiles pour donner libre cours à la richesse du capitalisme d’entreprise étranger, d’une part, et pour maintenir l’indépendance des entreprises nationales, d’autre part. La seule certitude dans la gestion de cet équilibre était que, quelle que soit la manière dont les choses se passeraient, les accusations de copinage abonderaient de la part d’une partie lésée de l’électorat.
Le succès récent du géant de l’énergie Orlen a toutefois montré que la Pologne sortait victorieuse de ce dilemme économique ambiant et se mettait au niveau des acteurs occidentaux. Orlen, qui a gagné 208 places pour atteindre la 44e position dans le classement européen « Fortune 500 », doit son succès à la confiance que lui accorde l’État polonais.
La Pologne a adopté diverses politiques énergétiques destinées à protéger les consommateurs des fluctuations des prix de l’énergie qui ont gravement déstabilisé d’autres économies occidentales, en particulier depuis la guerre en Ukraine. Acteur majeur du marché national de l’électricité, le groupe Orlen, dont le chiffre d’affaires s’élève à 2,3 milliards d’euros, est détenu à 49,9 % par l’État. Les détracteurs de cette position se sont largement tus alors que les prix de la production manufacturière et énergétique continuaient d’augmenter dans l’Allemagne voisine, où les infrastructures privées, étrangères et même dépendantes de la Russie sont toujours dominantes.
Le président du groupe Orlen, Daniel Obajtek, décrit le conglomérat, qui a récemment absorbé Energa, Lotos et PGNiG, comme un « grand groupe multi-énergie basé sur des sources de financement durables et un bilan stable ». M. Obajtek a également expliqué que « grâce à la diversification de ses activités, le groupe Orlen développe ses avantages concurrentiels et a le potentiel de mettre en œuvre des investissements qui renforcent la sécurité énergétique de la Pologne et de la région ».
Le succès d’Orlen en tant que partenariat public-privé avec l’État polonais montre que, finalement, ce que l’économie polonaise peut développer chez elle est sérieusement attractif pour les marchés internationaux. Il ne s’agit pas seulement d’un coup d’éclat au niveau national : les partenariats étrangers autrefois recherchés par la nation polonaise peuvent désormais être appréhendés dans une position de négociation plus avantageuse lors de la conclusion de contrats avec les plus grandes entités sur les marchés internationaux.
Bien qu’Orlen traite actuellement plus de 45 millions de tonnes de différents types de pétrole brut par an et gère 3 150 stations-service en Europe centrale et orientale, le classement de Fortune devrait servir de tremplin en terme de relations publiques pour un autre type de stratégie à long terme. Au-delà du raffinage du pétrole, Orlen a pour mission d’aider la Pologne à atteindre les objectifs du « Green Deal » de l’UE : construction de parcs éoliens, développement des secteurs des énergies renouvelables et de la bioénergie et, le plus ambitieux de tous, supervision de la transition nationale du charbon à l’énergie nucléaire.
Avec des intérêts dans plus de 100 pays sur 6 continents, la collaboration d’Orlen sur de grands projets d’infrastructure sera vitale pour la stratégie énergétique à long terme de la Pologne, car Orlen devient la première entreprise de combustibles et d’énergie de la région à déclarer qu’elle atteindra la neutralité totale en matière d’émissions d’ici à 2050. La société prévoit que son programme d’investissement de 19,6 milliards de zlotys (env. 4,5 mds €) en 2022 passera à 36 milliards de zlotys (env. 8,2 mds €) en 2023 et à 120 milliards de zlotys (env. 27,4 mds €) pour les seules énergies renouvelables d’ici la fin de la décennie.
Le classement « Europe 500 » de Fortune place Orlen parmi les cinq entreprises à la croissance la plus rapide – et la seule entreprise polonaise – de sa liste. Sa position au 44e rang est en fait basée sur les données de l’entreprise de l’année dernière, de sorte que cette position extrêmement forte est, en fait, une sous-estimation de la trajectoire réelle d’Orlen.
Enfin, la Pologne peut se féliciter d’avoir fait un grand bond économique en avant par rapport à l’Europe, grâce à la confiance accordée par l’État à un géant national, et la reconnaissance de Fortune confirme que ce que la Pologne peut développer chez elle a plus de valeur pour ses investisseurs, et plus de valeur pour ses consommateurs, que les contrats publics accordés à ses voisins.
L’économie polonaise s’est suffisamment redressée pour se battre parmi les titans de la scène mondiale.