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Mêmes causes, mêmes effets : vague de viols dans les Uber et Bolt à Varsovie

Temps de lecture : 4 minutes

Pologne – Au début du mois, le prestigieux quotidien polonais Rzeczpospolita informait que la capitale polonaise subissait une vague de viols commis par les chauffeurs étrangers des réseaux de taxis Uber et Bolt. S’appuyant sur les données officielles, Rzeczpospolita informait que la police et le parquet de Varsovie mènent actuellement 20 enquêtes concernant 11 cas de violences sexuelles déclarés et confirmés au cours des dernières semaines de 2021 et 9 cas survenus cette année. Sur ces vingt agressions confirmées (dont 12 viols et une tentative de viol), les agresseurs présumés sont tous des hommes d’origine étrangère. Il y a six Géorgiens, deux Ouzbeks, deux Tadjiks, un Algérien et un Turkmène. La nationalité des huit autres auteurs de viols ou agressions sexuelles n’a pas encore pu établie, ce qui veut dire que ce ne sont pas non plus des autochtones. Leurs victimes sont des Polonaises et quelques étrangères. La façon d’agir des agresseurs est toujours la même : ils attaquent la nuit ou à l’aube, s’arrêtant dans une rue déserte pour agresser ou violer leur cliente.

L’ampleur du phénomène et l’augmentation dynamique du nombre de cas commencent à inquiéter les autorités. En 2021, la police de Varsovie a enregistré 79 viols en tout, et les agressions sexuelles dans les taxis Uber ou Bolt déclarées au premier trimestre de cette année et à la fin de l’année dernière constituent déjà plus de 20% du total.

Le problème des agressions sexuelles contre les passagères d’Uber et de Bolt a été rendue public par une victime sur les réseaux sociaux avant d’être timidement repris dans quelques articles de presse. Il a été également traité lors d’une conférence sur la sécurité des femmes dans les taxis commandés par application organisée à la Diète à l’initiative du député de la Plateforme civique (PO) Aleksandra Gajewska. Dans le cadre de son travail, elle a établi que l’ampleur de ce procédé est probablement très sous-évaluée car les femmes n’ont souvent pas le courage ni la détermination d’aller voir la police. En outre, les compagnies comme Uber ou Bolt feraient apparemment tout pour effacer les traces de tels incidents. Il arriverait même que les comptes et l’accès à l’application des clientes qui ont signalé ce qui leur était arrivé soient bloqués et que leurs voyages se trouvent rayés de l’historique, de sorte qu’elles n’ont aucune preuve que le voyage a eu lieu et manquent donc d’éléments pour porter plainte.

Pour de nombreux commentateurs, cette insécurité croissante dans les transports de passagers réalisés par Uber et par d’autres entreprises de ce type serait, non sans raison, la conséquence de la déréglementation irréfléchie du marché des services de transport. Les chauffeurs d’Uber ou de Bolt ne sont pas soumis aux mêmes réglementations que les chauffeurs de taxi et la vérification de leur casier judiciaire, de leur profil psychologique, de leurs compétences linguistiques ou tout simplement de leur aptitude à conduire relèvent uniquement de la bonne volonté de l’employeur américain puisqu’elle n’est pas régulée par la loi. Selon la police il serait absolument nécessaire d’exclure toute possibilité d’utilisation par plusieurs chauffeurs d’un seul et même compte au sein de l’application et d’instaurer une responsabilité civile des opérateurs pour les dégâts ou les dommages causés par leurs chauffeurs.

Mais, même en Pologne, la discussion se heurte au politiquement correct qui empêche d’aborder un des aspects de ce phénomène inquiétant : le sentiment croissant d’insécurité lié à l’afflux d’immigrants extra-européens en Pologne. Le fait que tous les agresseurs confirmés soient des étrangers est bien évidemment ignoré ou minimisé particulièrement dans les milieux libéraux et de gauche. Dans un éditorial intitulé « Ne nous défendez pas contre les étrangers dans Bolt, mais contre les violeurs dans Bolt » publié par Krytyka Polityczna (Critique politique), une revue très à gauche, la journaliste et activiste Maja Staśko affirme : « La violence chez Uber et Bolt n’est pas une question de nationalité. Il s’agit d’une question de l’avidité non réglementée des sociétés à doubler les profits au détriment de la sécurité des passagères. Et aussi une question de violeurs qui profitent de l’opportunité créée par la société pour violer. (…) Puisque, en raison de la déréglementation, la majorité des chauffeurs Uber et Bolt sont des étrangers, la majorité des auteurs de violence dans ce type de transport sont également des étrangers. »  Mais en réalité la logique de ce constat ne correspond pas à la réalité. Selon Maciej Beręsewicz de l’Université Économique de Poznań qui a réalisé une étude du marché de travailleurs de ce type de plateformes, « les étrangers ne constituent le groupe dominant dans aucune des applications de livraison ou de transport. À l’échelle nationale, environ 65 % des conducteurs et des fournisseurs sont des Polonais (…). Des étrangers sont peut-être plus souvent au volant dans les grandes villes, mais ils sont globalement minoritaires. » Les étrangers identifiés comme agresseurs sexuels de Bolt et Uber sont donc bien très surreprésentés.

Bien que le gouvernement polonais du PiS s’oppose officiellement à l’immigration de masse, ce qui lui a valu un conflit ouvert avec la Commission européenne lors de la crise migratoire des années 2015-2016, quand la Pologne a rejeté le principe de relocalisation des migrants, et bien qu’il ait agi fermement à  l’automne pour arrêter l’afflux d’immigrants moyen-orientaux organisé par le régime biélorusse, la pénurie de main d’œuvre l’incite à faciliter et même favoriser la venue d’immigrants, y compris extra-européens. En 2021, un record a été établi pour le nombre de permis de travail délivrés aux étrangers en Pologne, avec 3 millions de décisions administratives (30% de plus par rapport à l’année précédente) dont les principaux bénéficiaires étaient ukrainiens (65%) et Biélorusses (7%). Dans ce contexte, l’immigration en provenance d’Asie (Inde, Ouzbékistan, Turquie, Géorgie, Népal, Philippines) était également en forte croissance et le nombre de permis de travail délivrés aux immigrés de cette zone géographique a augmenté de 80% en un an.

La présence non-européenne plus nombreuse est désormais visible dans les rues des grandes villes de Pologne, en particulier à Varsovie. Le phénomène des violences sexuelles commises par des immigrés typiques des sociétés d’Europe occidentale va-t-il donc s’abattre avec la même brutalité sur la société polonaise avec l’accroissement de l’immigration ? Rappelons que dans une enquête sur la violence à l’égard des femmes réalisée en 2012 à l’échelle européenne par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA), sur la base des réponses  des femmes interrogées, la Pologne occupait, dans toutes les catégories, une des meilleures places du classement européen. En ce qui concerne les actes des violences, y compris les agressions sexuelles, contre les femmes depuis l’âge de 15 ans, la Pologne a enregistré le plus bas taux de réponses positives en Europe avec 19% des femmes ayant subi dans leur vie ce type de violence (contre 44% des femmes en France). Pour ce qui est des seules agressions sexuelles commises par le partenaire ou un non-partenaire, seules 5% des femmes polonaises ont reconnu avoir été victimes de tels faits alors qu’en France ce pourcentage atteignait 15%.