Pologne, Varsovie – Après l’introduction d’importantes allocations familiales le 1er avril, la Pologne semble s’engager encore plus sur le chemin d’une politique « pro-vie ». Alors que l’Église catholique soutient l’interdiction totale de l’avortement, le premier ministre Beata Szydło en a soutenu l’idée.
La Pologne a introduit vendredi 1er avril des allocations familiales à hauteur de 500 zlotys (120,5€) par enfant à partir du 2e enfant, sans condition de revenu. L’allocation est également versée pour les familles n’ayant qu’un enfant mais un revenu inférieur à 800 zlotys (193€) ou 1.200 zlotys (289€) en cas d’enfant handicapé. Le salaire minimum en Pologne en 2015 était de 420€ brut, et le salaire moyen, de 950€ brut.
Cette politique s’assume ouvertement nataliste. La Pologne a le 9e taux de fécondité le plus bas du monde, avec 1,33 enfant par femme. Mais le gouvernement est prêt à aller plus loin encore. Alors que l’avortement est plus encadré en Pologne – avortement autorisé jusqu’à la 25e semaine suite à un viol, un danger pour la mère ou une malformation de l’embryon – que la plupart des pays européens, l’Église catholique a lancé ce dimanche une campagne contre l’avortement, s’appuyant sur le commandement divin « tu ne tueras point ».
Et le premier ministre Beata Szydło a commenté jeudi 31 mars à la radio publique polonaise : « Chaque parlementaire votera avec sa propre conscience. Pour le moment, je ne parlerai pas de la proposition de loi, car cette proposition n’existe pas encore. Mais personnellement, oui, j’y suis favorable. »
Selon The guardian, Monika Płatek, professeur de droit à l’Université de Varsovie et membre important de l’organisation féministe militante Congrès des Femmes, a déclaré que les vues du premier ministre illustrent bien l’influence de l’Église sur le parti au pouvoir PiS. « Les évêques se fichent si une femme meure. Szydło est un pantin. L’interdiction de l’avortement était une condition de l’Église pour son soutien au PiS. Cette action est caractéristique d’un État arbitraire qui utilise le soutien envers des mœurs pour prendre un contrôle total. » a-t-elle dit, avant d’ajouter que « Nous avons vu cela sous Hitler et Ceaușescu et maintenant nous voyons cela sous le PiS ».