Pologne – Il y a encore un an, Mateusz Morawiecki dirigeait depuis sa Pologne natale les opérations de la banque espagnole Santander, devenant ainsi un symbole de l’économie internationalisée du pays. Aujourd’hui, il est le ministre du développement dans un gouvernement polonais en lutte contre l’influence étrangère.
Son incroyable mutation de directeur d’opérations financières à porte-parole du nouveau gouvernement montre bien la volonté de ce dernier à « re-poloniser » le secteur bancaire du pays qui est la sixième plus grande économie de l’UE. Le PiS, arrivé au pouvoir en novembre de l’année dernière, entend bien « réparer » le pays. Morawiecki déclare « Nous sommes dans le même modèle économique depuis 27 ans » affirme-t-il, lancé dans une critique du libéralisme et du marché libre dans lequel la Pologne a réussi à devenir l’économie européenne la plus florissante. « Nous sommes tombés dans le piège, nous avons atteint une grande dépendance vis à vis des étrangers ». Mateusz Morawiecki fut acclamé par l’industrie financière lors de sa nomination comme un signe de protection de l’attitude « pro-business » de la Pologne, mais son récent virage vers la ligne du parti inquiète certains investisseurs.
Comme l’affirme le directeur général de First Property Pologne, Ben Habib, « Il était considéré comme le visage du capitalisme dans un gouvernement anti-capitaliste, et beaucoup espéraient qu’il serait la voix de l’équilibre ». Les investissements étrangers ont participé à la modernisation d’une Pologne fraîchement sortie de la domination communiste, favorisant la création de nombreux emplois dans des villes telles que Varsovie ou Gdansk.
Le caractère critique de la politique du nouveau gouvernement envers les sociétés étrangères n’en vise aucune en particulier, elle entend juste recadrer les entreprises qui spolient les consommateurs polonais. Le recadrage semble d’ailleurs plus idéologique qu’économique car les politiciens du parti affirment que beaucoup d’étrangers – notamment en provenance d’Allemagne – ont beaucoup trop de contrôle sur des secteurs cruciaux tels que la banque, la vente au détail, les télécommunications et que tous les profits réalisés sont envoyés vers les sièges sociaux à l’étranger.