Par Ferenc Almássy.
Europe centrale – Trois pays en particulier durcissent leur politique migratoire en ce moment. Mais cela n’est que le début d’une nouvelle étape. Le positionnement par rapport à l’immigration va être déterminant pour l’avenir du continent européen, y compris sur le plan des relations internationales.
Dans la lutte contre l’immigration illégale sur la route des Balkans, la Hongrie est la vedette. Le gouvernement conservateur de centre-droit de Viktor Orbán a dès 2015 cherché à endiguer le flot colossal de clandestins arrivant par les Balkans vers l’Union européenne en érigeant une barrière à sa frontière.
Cela fera beaucoup de bruit, et nombreuses seront les attaques contre la Hongrie pour… avoir rempli son devoir à l’égard de l’espace Schengen. Les barrières bulgares ou espagnoles n’auront pas bénéficié du même traitement médiatique. Sans parler de la France, qui, à Calais, dispose d’un kilométrage à peu près équivalent de clôtures à celui de la Hongrie le long de sa frontière avec la Serbie.
Dans cette opposition à un phénomène migratoire bien organisé, la Hongrie persiste et signe. Aujourd’hui, le flot est presque tari mais la Turquie menace plus que jamais de mettre fin à l’accord passé avec l’UE sur les migrants ; si cela arrivait, ce serait un nouvel arrivage massif de clandestins qui déferlerait sur la route des Balkans.
Mieux vaut prévenir que guérir
Cela fait depuis de nombreux mois que le gouvernement hongrois, appuyé par d’autres gouvernements de la région centre-européenne, appelle à prévenir l’immigration plutôt que de devoir la subir ou la bloquer. La barrière, pour le gouvernement hongrois, n’est pas une bonne solution. Coûteuse et contraignante, la barrière est un poids pour la Hongrie. Mais tant qu’aucune mesure n’est prise à l’échelle continentale, elle est nécessaire.
Aussi, en vu de la menace de nouvelle vague migratoire brandie par Erdogan, le gouvernement hongrois a renforcé sa barrière en installant une deuxième clôture, ainsi que du matériel électronique.
Mais ce n’est pas tout. Depuis le 28 mars, la Hongrie a mis en place de nouvelles règles concernant les migrants, fussent-ils clandestins ou pas. Bien entendu, ONG et médias aux ordres se sont empressés de déverser pléthore de calomnies et attaques fielleuses. Mais tout ce tintamarre n’a plus aucune portée ni effet concrets face à un gouvernement soutenu par l’immense majorité de son peuple sur cette question, et soutenu par de plus en plus de gouvernements étrangers.
Retour à la réalité pour certains
Le gouvernement autrichien illustre bien le revirement politique qui pourrait se généraliser en Europe. Inquiets par la montée du FPÖ et sa quasi-victoire aux dernières élections présidentielles, devant faire face à de plus en plus de troubles liés aux migrants, le gouvernement du chancellier Kern a renoué le dialogue avec Orbán, instauré des contrôles aux frontières et érigé des barrières aux points de passage clefs sur sa frontière avec notamment la Hongrie et l’Italie.
En parallèle, le pays dit ne plus vouloir de migrants, demandant à la commission européenne d’être exempté, « l’Autriche ayant déjà rempli ses obligations ». Et en même temps, Kern cherche à pousser le groupe de Visegrád à accepter les quotas de répartition – qui reviennent sous forme de menace, encore… – afin de se séparer de ses indésirables.
Il faut dire que la situation autrichienne confine les centristes à faire face à la réalité. En 2016, 22.000 plaintes ont été déposées suite à des agressions de migrants. Selon le ministre de l’Intérieur Sobotka, 90% des demandeurs d’asile n’ont aucune opportunité de travail, et vont vivre sur les subsides d’Etat. Le gouvernement veut maintenant passer de 37.500 places d’accueil à 17.000. Inacceptable pour le FPÖ, en tête des sondages en vue des élections législatives de 2018, qui demande une immigration zéro.
La contagion du bon sens
La Croatie, petit dernier de l’Union européenne et élève zélé, est restée très prudente tout le long de la crise des migrants. Toutefois, tout en discrétion, un certain nombre de mesures ont été prises. En particulier ces derniers mois.
À l’instar de son voisin magyar, la Croatie refoule désormais les migrants en Serbie, par où ils passent toujours. Certaines ONG rapportent que la police croate refoule même les demandeurs d’asile.
Montée des tensions
Depuis 2015 et le début de la « crise des migrants », la violence n’a fait qu’empirer, c’est vrai. Les ONG et la presse ne font que le répéter. Sans toutefois comprendre qu’elles participent terriblement à cette montée des tensions. Car la violence qui s’empare du continent autour de cette crise est aussi bien physique que verbale, symbolique, politique et morale.
L’Union européenne malmenée et ostensiblement désunie et impuissante. Les actes terroristes incluent des migrants. Les coups de matraques pleuvent et des barrières sont érigées partout. La propagande pro-migrant et sa guerre sainte contre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, d’un côté, et de l’autre, la communication parfois écrasante de certains gouvernements, médias et individus contre l’immigration, voire, par capilarité, contre l’Islam, font rage.
La violence de l’ingérence étrangère, les menaces diplomatiques, les images chocs et les drames humains, des naufrages de la Méditérannée au marché de Noël berlinois, bouleversent nos vies. Et que dire de la violence de certaines élections, toutes indirectement soumises à la pression de la question migratoire. Elections de plus en plus suspectes, aux campagnes de plus en plus dures et irrégulières, tant les pro-migrants sont acculés et inquiets de perdre le pouvoir de façon décisive.
Une violence qui s’exprime aussi par le déchirement de l’Union européenne, qui, aussi criticable qu’elle soit par ailleurs sur ses objectifs et méthodes actuelles, reste l’entente des Européens et leur outil politique continental.
L’aspect positif de tout cela est la clarification des lignes de fracture, le dévoilement des forces politiques et des réseaux d’influence opposés aux peuples européens et à leurs droits -qui devraient être – fondamentaux et intouchables.
La crise des migrants est, comme l’a dit Viktor Orbán, un poison. Aussi bien pour les individus, que ce soit les migrants abusés par de faux espoirs, ou bien sûr les autochtones de ce continent.
Tout cela pèse sur l’économie, l’ordre, la justice, la cohésion des nations et des équilibres de population, et met encore plus en danger l’identité des Européens, et la paix – il faut d’ailleurs se demander à qui profite l’affaiblissement de l’Europe.
Contraints par un dur retour à la réalité ou par la pression des clairvoyants, certains gouvernements ont ou vont changer de ligne sur la question si clivante de la migration massive extra-européenne.
D’autres, comme les pays du V4, auront préféré prévenir que guérir. Et cette attitude leur confère, déjà maintenant, un avantage considérable qui portera ses fruits dans les décennies à venir.