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« L’Europe appartiendra-t-elle aux Européens ? », le discours complet de V. Orbán

Temps de lecture : 24 minutes

Discours de M. Viktor Orbán, premier ministre de Hongrie, devant les participants de la 28ème Université d’été de Băile Tuşnad, en Roumanie, le 22 juillet 2017.

« Mesdames et Messieurs,

Je voudrais commencer par rappeler à tout le monde que lorsque nous nous sommes réunis ici pour la première fois voici vingt-sept ans, nous avions fait une constatation. Souvenez-vous qu’à cette époque, au début des années quatre-vingt-dix, tout le monde – non seulement en Hongrie, mais aussi en Europe centrale – considérait comme allant de soi qu’il fallait prendre modèle en tout sur le monde occidental qui nous ouvrait à nouveau ses portes, que nous devions muer notre vieille peau et développer une nouvelle peau occidentale, plus à la mode. En termes politiques, cela voulait dire que nous devions faire exactement la même chose qu’eux. Quant à nous, combattants de la liberté venant de l’autre côté du rideau de fer, qui nous réunissions ici voici vingt-sept ans, vingt-huit ans, nous pensions que nous aurions peut-être quelque chose d’utile à apporter à cette Europe qui vivait alors depuis quarante ans déjà dans la paix, la liberté et le bien-être. A cette époque, il n’y avait pas beaucoup de caméras autour de nous, et l’on se préoccupait bien peu de scruter nos propos.

Aujourd’hui, cependant, l’on nous observe de près. Si je devais nommer l’événement hongrois et européen le plus marquant de l’année écoulée, l’événement principal des douze mois qui nous séparent de notre dernière rencontre, je citerais le renforcement des Quatre de Visegrád. Il y a eu les élections américaines. Il n’y a pas longtemps, les élections présidentielles et législatives françaises ont balayé l’ensemble de l’ancien régime des partis. Ce sont des événements importants, certes, mais je suis convaincu que l’acquis le plus important de l’année écoulée est le renforcement sans précédent de la collaboration des quatre Etats du groupe de Visegrád. Nous pouvons affirmer que Varsovie, Prague, Bratislava et Budapest parlent d’une même voix, ce qui n’est pas rien compte tenu du caractère très différent de nos pays. Nous avons les Polonais toujours pleins d’entrain, les Tchèques toujours très mesurés, les Slovaques toujours sensés et les Hongrois toujours romantiques, et nous sommes tout de même capables de parler d’une même voix. Nous pouvons vraiment en être fiers.

Conformément aux usages de cette université d’été, je voudrais essayer de dresser ici le bilan des changements intervenus depuis un an, y compris dans une perspective civilisationnelle. Peut-être ne se souvient-on pas qu’à la suite de son élection, le président Obama a prononcé en 2009 son premier grand discours international dans une ville appelée Le Caire. L’actuel président des Etats-Unis qui vient d’être élu a prononcé son premier grand discours international dans une ville appelée Varsovie. Et pour mesurer l’importance de ce changement, il suffit, comme je vais maintenant le faire, de citer quelques extraits du discours présidentiel de Varsovie. Je cite : « n’oublions pas que la défense n’est pas seulement un engagement financier, mais aussi un engagement de volonté », ou encore : « notre combat pour l’Occident ne commence pas sur les champs de bataille, mais dans notre tête, avec notre volonté et notre esprit. Notre liberté, notre civilisation et notre préservation dépendent des liens entre l’histoire, la culture et la mémoire ». Et il a ensuite affirmé : « combattons donc, comme les Polonais, pour la famille, pour la liberté, pour le pays et pour Dieu ».

Ces paroles, Mesdames et Messieurs, n’auraient pu être prononcées nulle part dans le monde occidental voilà encore deux ans. Et c’est peut-être pour moi l’occasion de saluer Piotr Naimski et la délégation polonaise qu’il conduit. Il est le président du groupe d’amitié polono-hongrois à Varsovie. Chers amis Polonais, soyez les bienvenus !

Certaines théories décrivent les changements actuellement en cours dans le monde occidental comme la prise de conscience, avec l’arrivée au pouvoir du nouveau président américain, du combat que se livrent sur le champ de la politique mondiale les élites mondialisées, supranationales d’une part et les dirigeants patriotes, attachés à la nation d’autre part. Cette analyse me paraît correcte, elle contient beaucoup de vérité, et si nous l’appliquons à nous-mêmes, nous pouvons dire que nous avons été les précurseurs de cette nouvelle politique patriotique occidentale dès 2010, bien avant les élections américaines. Nous avons couru un peu plus vite que la musique, et nous savons bien qu’en politique ce n’est pas la reconnaissance – mais au contraire quelque chose de bien différent – que les précurseurs ont en partage. Mais s’ils tiennent le coup, la reconnaissance viendra plus tard, comme c’est le cas de manière croissante pour la Hongrie. L’essentiel est que, dans ce combat qui oppose les délégués en politique des élites mondialisées aux dirigeants et aux pays de sensibilité patriotique, la Hongrie se trouve du bon côté, du côté des patriotes.

Que d’autre pourrait faire, Mesdames et Messieurs, un gouvernement patriote – c’est ce qu’a évoqué le président américain, et c’est ce que nous avions dit nous-mêmes en 2010 – si ce n’est de rechercher le renforcement de sa propre communauté, de sa nation, de son pays ? Nous aussi, en Hongrie, avons décidé en 2010 de reprendre le contrôle de notre pays, de restaurer notre considération et de reprendre la maîtrise de notre avenir. J’ai essayé, pour mon intervention, de rassembler autour de quelques points-clé les facteurs qui font la force d’une nation dans le monde d’aujourd’hui, les attributs qui donnent sa force à un pays. J’ai identifié une bonne dizaine de points, que je voudrais maintenant partager brièvement avec vous, en illustration de la longue route et des résultats accomplis par la Hongrie dans ce domaine depuis 2010.

Tout d’abord, une nation forte et un Etat fort ne vit pas de l’argent des autres. C’est pourquoi un tel Etat remercie bien l’aide des institutions du type FMI, mais prend congé d’elles, les renvoie chez elles et espère qu’il n’aura plus à croiser leur chemin. C’est ce qui s’est passé en Hongrie. N’oubliez pas qu’avant 2010 les gouvernements socialistes avaient mis la Hongrie sous assistance respiratoire du FMI. Le problème des dispositifs d’assistance respiratoire est qu’ils aident, certes, à la survie du patient, mais que le patient leur est lié. C’est ce problème que nous avons réussi à résoudre après 2010, et la Hongrie est ainsi parvenue à une avancée dans la dimension la plus importante de la force, celle de l’indépendance financière. Un Etat fort est un Etat dont les finances sont en ordre. Il n’y a pas d’Etat fort si le déficit budgétaire dérape, il n’y a pas d’Etat fort si les entreprises sont placées sous la coupe de leurs créanciers, et il n’y a pas d’Etat fort si les ménages sont entraînés dans le piège de l’endettement comme cela a été fait avec l’endettement en devises des Hongrois. Toutes ces questions, nous avons réussi à les résoudre l’une après l’autre. Un Etat fort est un Etat dont l’économie produit des résultats. Ces résultats sont définis, dans le monde moderne, par une expression appelée PIB. S’il y a croissance, il y a renforcement. En Hongrie, la croissance est aujourd’hui de près du double de la moyenne européenne. Un Etat fort est un Etat qui est capable de donner un emploi à tous ceux qui veulent travailler. Peu d’Etats en sont capables aujourd’hui, et nous en faisons partie. Je voudrais rappeler quelques chiffres. En 2010, sur les 10 millions de Hongrois, 3,6 millions avaient un emploi et 1,8 million payaient des impôts. C’est un vrai miracle que nous n’y ayons pas succombé. Aujourd’hui, 4,4 millions de personnes ont un emploi et 4,4 millions de personnes paient des impôts. C’est la raison pour laquelle la Hongrie est financièrement solide.

A moins d’avoir la dimension de l’Allemagne ou des Etats-Unis, un Etat ne peut être fort que si les branches stratégiquement les plus importantes de son économie sont solidement entre les mains d’intérêts nationaux. Ce n’était pas le cas avant 2010, mais nous pouvons affirmer aujourd’hui que dans le secteur énergétique, dans le secteur bancaire et dans le secteur des médias les intérêts nationaux sont devenus majoritaires. L’Etat hongrois a consacré au cours des dernières années l’équivalent de plus de 3 milliards d’euros [3% de son PIB annuel] au rachat des secteurs ou sociétés précédemment privatisés sans raison.

Un Etat fort ne peut pas se satisfaire d’un déclin démographique. Ce problème est en ce moment le talon d’Achille de l’Etat fort en Hongrie. Un pays qui connaît le déclin démographique et – parlons clair – qui n’est même pas capable de se reproduire biologiquement ne mérite peut-être pas d’exister. Il disparaît. Seules subsistent dans le monde les communautés capables de se maintenir au moins au niveau biologique. La Hongrie n’y est hélas pas encore. Et nous devons reconnaître aussi que dans les questions démographiques, donc dans les politiques familiales, les mains des gouvernements sont liées : car aucune politique n’est en mesure de déterminer si dans une communauté il y aura ou non des naissances, s’il y aura des naissances dans une famille, et combien. Seules les femmes peuvent en décider. Il en sera selon la volonté des femmes. Que peut faire le gouvernement ? Il peut faire une seule chose : essayer de créer un environnement favorable à la famille. Nous n’avons pas l’habitude de parler, sur ce point, d’un fait important, mais peut-être est-ce maintenant l’occasion de l’évoquer, comme je vais le faire. Beaucoup ont pu être frappés par le fait qu’en Hongrie, en vertu justement de la notion d’Etat fort, nous dépensons énormément d’argent pour le soutien des familles. L’on peut se poser la question de savoir d’où vient cet argent. La réponse, Mesdames et Messieurs, est simple : cet argent, nous le prenons aux multinationales. Modestie mise à part, je dirais même que je le prends aux multinationales, parce qu’au début il n’y avait guère, à part moi, de partisans de cette excellente mesure. Par conséquent, nous prélevons sur le bénéfice des entreprises internationales, par la voie de différents impôts exceptionnels, les sommes que nous reversons aux familles qui élèvent des enfants. Au niveau des chiffres, cela veut dire – sur la base des chiffres de l’année dernière – que nous prélevons 272 milliards de forints [près de 900 millions d’euros] sur le secteur bancaire, 120 milliards de forints [400 millions d’euros] sur le secteur énergétique et 55 milliards de forints [180 millions d’euros] sur le secteur des télécommunications. Cela fait près de 500 milliards de forints [1,6 milliard d’euros] par an, que nous redistribuons à hauteur de 272 milliards de forints [900 millions d’euros] sous forme d’avantages fiscaux aux personnes qui travaillent tout en élevant des enfants, 74 milliards de forints [240 millions d’euros] à l’alimentation gratuite des enfants et 5 milliards de forints [16 millions d’euros] par an au financement des vacances des enfants pauvres., Nous fournissons gratuitement les livres scolaires (je ne peux pas donner de chiffre exact, parce qu’il augmente constamment) et nous consacrons 210 milliards de forints [680 millions d’euros] à l’acquisition de leur logement par les parents élevant leurs enfants. Voilà en quoi consiste la politique démographique, la politique familiale dont je parle. En fait, les ressources nécessaires à son financement n’existaient pas.

En entendant le vice-premier ministre Zsolt Semjén dire que le gouvernement hongrois est le gouvernement le plus chrétien-démocrate d’Europe, il faut penser à ceci : nous prélevons une partie des grands bénéfices pour les redistribuer à ceux qui travaillent tout en élevant des enfants et qui se préoccupent ainsi de l’avenir de la nation.

En parlant d’Etat fort, il faut évoquer aussi, parmi ses conditions de base, la sécurité publique. Cela veut dire aujourd’hui principalement deux choses : la protection des frontières et la capacité à écarter les menaces terroristes.

Il n’y a pas d’Etat fort sans identité culturelle. Il faut parler de l’identité culturelle, même si cette expression semble se heurter à des tabous. Il n’y a pas d’identité culturelle sans composition ethnique stable. Modifier la composition ethnique d’un pays revient à modifier son identité culturelle. Un Etat fort ne peut jamais se le permettre, en particulier si quelque catastrophe mondiale l’y oblige.

Dans le monde moderne, il n’y a pas, Mesdames et Messieurs, de communauté forte, d’Etat fort s’il n’y a pas dans le pays une activité scientifique et une innovation dynamique, et si le pays n’est pas capable d’ouvrir vers les branches industrielles du futur. Je ne prétends pas que nous soyons arrivés à destination, mais nous avons au moins, au cours des sept dernières années, frappé à la porte des industries du futur.

Dans notre cas, il n’y a pas de communauté hongroise forte ni d’Etat hongrois fort si nous ne sommes pas capables de rassembler dans une même communauté tous les Hongrois vivant dans le monde. Sans entrer dans les détails, je voudrais dire que la Hongrie ne pourra être forte que si elle est organisée de manière à ce que si où que ce soit dans le monde l’on marche sur les pieds d’un Hongrois parce qu’il est hongrois, un clignotant rouge doit s’allumer à Budapest. La Hongrie sera un Etat fort si nous y parvenons.

La force de la Hongrie, Mesdames et Messieurs, est également accrue par son appartenance à un système d’alliances stable, car nous sommes membres du gigantesque marché commun de l’Union européenne et aussi de la plus grande force militaire du monde, l’OTAN. M. le pasteur Tőkés a évoqué les championnats du monde de natation. Je ne voudrais pas parler ici de l’événement en lui-même, mais simplement souligner le fait que la capacité à abriter les grands événements du monde est aussi une condition de base de la force d’un Etat et d’une communauté modernes. Si nous regardons Budapest, nous voyons qu’entre Vienne et Istanbul Budapest est le point – peut-être le seul – dont on puisse dire qu’il est une sorte de création culturelle, car Budapest n’est pas seulement une ville, mais aussi – vous la connaissez bien – une création culturelle hongroise, la manifestation du génie hongrois dans sa capacité à produire des réalisations architecturales et urbanistiques. En d’autres termes, Budapest est le lieu qui montre à soi-même et au monde qu’il n’y a pas d’événement au monde, qu’il soit sportif, culturel, religieux, ou autre – à l’exception des championnats du monde de football, mais c’est une autre histoire – que Budapest ne soit pas en mesure d’accueillir. C’est une grande capacité, une grande force et une sérieuse promesse pour l’avenir. En d’autres termes, notre capitale est capable de bien plus que le simple service de l’Etat hongrois.

Il reste encore une chose, Mesdames et Messieurs, qui est nécessaire à la force mais dont nous ne disposons que de manière limitée : c’est l’armée. Son développement a pris du retard, parce que dans les années passées nous avons consacré toutes nos énergies à la sortie de la crise économique. Dans quelques années, quand nous parlerons de la force de la Hongrie, de la question de notre nation, je suis sûr que nous pourrons faire figurer dans nos arguments la force de l’armée hongroise, qui sera capable de défendre le pays et elle-même contre toute agression extérieure. C’est pour cette raison que nous avons lancé un programme de développement de nos forces armées, et que nous avons entamé au cours de la période récente la construction du premier établissement de l’industrie militaire hongroise.

En ce qui concerne l’avenir, Mesdames et Messieurs, tous les processus que je viens de décrire devront être amplifiés. Il y a trois questions pour lesquelles le seul renforcement n’est pas suffisant et où le changement de dimension est nécessaire, c’est-à-dire une accélération du développement. Le premier est la question démographique. Nous n’en sommes même pas encore au point zéro : il est vrai que notre taux de fécondité est passé de 1,2 à 1,44 – c’est encourageant –, mais nous sommes encore loin des 2. Et pour être tranquilles démographiquement, chaque couple hongrois doit avoir – en moyenne évidemment – au moins 2,1 enfants. Tant que nous n’y serons pas, la Hongrie devra être considérée comme démographiquement menacée, et ce commandement doit être pris au sérieux par tout le monde, mais en premier lieu par le gouvernement. Nous avons donc besoin d’un changement de dimension et d’une accélération sur le terrain de la démographie. Nous devons aussi accélérer dans la structuration de notre nation : nous devrons intensifier fortement, sur la période à venir, l’organisation de la communauté hongroise du Bassin des Carpates, et tout particulièrement sa puissance économique. Et le troisième domaine où nous aurons besoin d’un changement de dimension, c’est celui de l’insertion de la technologie moderne dans l’économie hongroise, au travers d’une participation beaucoup plus active qu’aujourd’hui à la révolution industrielle.

Voilà pour la Hongrie. Je voudrais maintenant dire quelques mots de l’Europe. Je vous prie de m’excuser de m’exprimer aujourd’hui devant vous d’une manière qui pourra vous paraître très simplifiée. Ce n’est pas que j’aie perdu le sens des nuances, mais le sujet permet une présentation très simple.

La question principale qui se posera à l’Europe au cours de la prochaine décennie est de savoir si l’Europe restera celle des Européens. Si la Hongrie restera le pays des Hongrois, l’Allemagne, le pays des Allemands, la France, le pays des Français, l’Italie, le pays des Italiens. Qui seront les habitants de l’Europe ? C’est à cette question historique que nous sommes confrontés. En ce qui concerne la situation concrète – et cela en dit long sur le monde dans lequel nous vivons – il n’existe en Europe aucune donnée claire et fiable sur la proportion, dans les différents pays, des habitants traditionnels, de souche, chrétiens, et celle des communautés musulmanes qui y pénètrent. Il est en effet interdit dans la pratique de collecter ces données. Quant à celles que l’on collecte, elles ne sont pas utilisables pour en déduire l’avenir qui nous attend. Car les migrants ne se répartissent pas selon les mêmes classes d’âge, donc les statistiques générales nous révèlent peu de chose sur ce qui nous attend. Il faut prendre en considération surtout les moins de 15 ans et ceux compris entre 15 et 45 ans pour prédire ce qui se passera dans tel ou tel pays à l’horizon, disons, 2050.

Le gouvernement hongrois ne mesure ni sa peine, ni son argent pour mener chaque année une vaste enquête destinée à savoir ce que pensent de tout cela les Européens. Pas ce que pensent leurs dirigeants : nous connaissons leur opinion, et nous avons de bonnes raisons de soupçonner que l’opinion des dirigeants ne reflète pas celle des peuples. L’enquête de cette année montre que 81% des citoyens des 28 Etats-membres de l’Union européenne estiment que le phénomène migratoire est une question grave ou très grave. 64% des Européens estiment que la migration est un facteur d’accroissement de la criminalité. 59% sont d’avis que l’immigration modifie la culture. Sur le jugement de la performance de Bruxelles dans la gestion du phénomène migratoire, 76% des citoyens de l’Europe estiment qu’elle est faible. Et à la question de savoir s’il convient de donner davantage de pouvoirs à Bruxelles pour la solution du problème, ou bien s’il faut plutôt renforcer les Etats-nations, nous constatons que 36% des interrogés attendent la solution de Bruxelles et lui donneraient davantage de compétences, et 51% attendent la solution des Etats-nations. Dans le cas de la Hongrie, nous avons 25% de nos concitoyens – ce n’est pas rien : un quart de la population – qui estiment qu’il faut donner davantage de pouvoirs à Bruxelles, mais grâce au Ciel nous en avons 61% qui souhaitent le contraire et qui déclarent même qu’il serait bon de reprendre ceux – ou au moins une partie de ceux – que nous lui avons jusqu’à présent conférés.

Naturellement, sur toute cette problématique consistant à savoir qui seront les habitants de l’Europe de demain, l’on pourrait avancer qu’une intégration réussie résoudra le problème. La réalité est toutefois que nous ne connaissons pas d’intégration réussie. Il est clair que la migration n’est une solution ni aux problèmes économiques, ni au manque de main d’œuvre. Il est intéressant de constater qu’en Europe le risque de voir les migrants prendre leur emploi est celui qui préoccupe le moins les populations. La cause en est sans doute l’expérience de la vie. Je pense également qu’il y a des situations désespérées où les naufragés n’en peuvent plus et se mettent à boire de l’eau de mer : c’est aussi de l’eau, après tout, sauf qu’elle n’apaise pas la soif et ne fait qu’accroître le mal. Ceux qui prétendent faire résoudre par les migrants leurs problèmes économiques se trouvent à peu près dans cette situation. Et nous devons rappeler aussi, dans notre argumentation face aux tenants de l’intégration réussie, que si des personnes représentant des objectifs antagonistes se retrouvent dans un même système, dans un même pays, il n’en résultera pas l’intégration, mais le chaos. Il est parfaitement évident que la culture des migrants est en opposition radicale avec la culture européenne, et que des idées et des valeurs antagonistes ne peuvent se valoriser simultanément, car elles s’excluent mutuellement. Pour donner un exemple particulièrement emblématique, les Européens estiment souhaitable que les hommes et les femmes bénéficient des mêmes droits, alors que dans une communauté musulmane cette approche est inacceptable parce que selon eux l’homme et la femme doivent se positionner dans une relation hiérarchique. Ces deux approches ne peuvent pas cohabiter, et ce n’est qu’une question de temps que l’une ou l’autre prenne le dessus.

L’on peut affirmer aussi, bien entendu, que les communautés culturellement différentes de la nôtre qui pénètrent chez nous peuvent être éduquées et se transformer. Mais force est de constater – comme M. le pasteur Tőkés l’a rappelé – que les communautés musulmanes qui pénètrent en ce moment en Europe estiment que leur culture, leur foi, leur mode de vie et leurs principes de vie – sur la base de ce qu’ils considèrent des nôtres – sont supérieurs et plus précieux que les nôtres. La situation est donc qu’en matière de respect de la vie, d’exigences de vie, d’engagement, d’intérêts particuliers, de hiérarchisation des valeurs – que cela plaise ou pas – les communautés musulmanes sont plus fortes que les communautés chrétiennes. Et pourquoi quelqu’un voudrait-il assimiler une culture qu’il estime inférieure à la sienne ? Personne ne le fera. Personne ne le fera jamais, et c’est pourquoi l’éducation, et l’intégration qu’elle suppose, sont vouées à ne pas réussir.

Et voilà la question, Mesdames et Messieurs, qui revient si fréquemment dans la politique européenne : celle de la solidarité. Je voudrais commencer par déclarer sans ambages que la solidarité n’est pas l’objectif de la culture européenne, mais seulement son instrument. L’objectif de la culture européenne est que les hommes et les femmes qui y sont nés puissent vivre selon leurs convictions et leurs valeurs, dans la paix, la sécurité et le bien-être. C’est cela, l’objectif de la culture européenne. La solidarité n’en est qu’un instrument, et l’on ne peut pas mettre l’instrument à la place de l’objectif. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que nous ne pourrons jamais être solidaires avec des idées, des hommes et des communautés qui se fixent précisément pour objectif la modification de la culture européenne, de ce qui donne à cette culture son essence, son sens et son but. L’on n’a pas le droit d’être solidaire avec des groupes et des idées opposés aux objectifs existentiels et culturels de l’Europe, parce que cela équivaudrait à s’auto-sacrifier.

Je dois encore ajouter ici que bien que nous n’ayons pas l’intention de nous immiscer dans les élections allemandes, il existe des hommes politiques allemands promis à l’échec qui, dans l’espoir d’une amélioration de leur indice de popularité – nous pourrions même le considérer comme un compliment – se plaisent à s’amuser avec la Hongrie, à nous provoquer, à nous insulter, à nous accuser de manque de solidarité. Il faut préciser ici deux choses. La première est que la Hongrie a assuré sa propre protection, et avec elle la protection de l’Europe, face à l’invasion migratoire. Cela nous a coûté l’équivalent de 900 millions d’euros. Une petite bribe nous en a été ristournée par l’Union, et je recommanderais même à l’Union d’éviter de parler de solidarité tant qu’elle ne nous aura pas versé les 800 millions d’euros qu’elle nous doit pour la protection de l’Europe. Jusque-là, je recommande à l’Europe la plus grande humilité. Et aussi : si j’étais Allemand, je tournerais cinq fois ma langue dans ma bouche avant d’aborder avec les Hongrois le sujet de la solidarité. Si j’étais Allemand, je tournerais cinq fois ma langue dans ma bouche avant de prononcer ce mot face aux Hongrois, tant que les ouvriers hongrois recevront, pour un même travail, un salaire cinq fois inférieur à celui de leurs homologues allemands. Dans ces conditions, il est honteux pour un Allemand de parler de solidarité. De plus, j’estime que c’est là un débat particulièrement malheureux, parce qu’il va à l’encontre de la logique des investissements croisés, de la circulation des capitaux et de la création d’emplois. Il s’oppose donc aussi aux valeurs européennes.

En tout état de cause, Mesdames et Messieurs, nous devons prendre acte, au vu de tout cela – si l’image que je vous ai donnée n’est pas déformée et reflète bien la réalité – de ce qui en résulte au niveau de l’élite politique. Eh bien, je dois dire qu’une alliance s’est formée à Bruxelles contre l’opinion des populations. Ceux qui prennent part à cette alliance sont les bureaucrates de Bruxelles et leur élite, ainsi que le système que l’on peut appeler « l’empire Soros ». Cette alliance s’est créée à l’encontre des Européens, et nous devons reconnaître qu’aujourd’hui George Soros valorise mieux ses intérêts à Bruxelles qu’à Washington ou à Tel-Aviv. C’est bien pour cela qu’il a conclu cette alliance avec Bruxelles. Comme il est d’usage lorsque des dirigeants ou une large élite politique se retournent contre leur peuple, l’on a toujours besoin d’inquisiteurs qui déclenchent des procédures contre ceux qui expriment la voix du peuple. L’Union européenne a toujours disposé d’inquisiteurs en chef, y compris au cours des quatre dernières années, elle s’appelait Mme Reding. Mme l’inquisiteur en chef a été battue, et l’on en a trouvé un autre, il s’appelle Timmermans. Nous ne nous réjouissons certes pas du fait que l’énergie de M. l’inquisiteur en chef ne lui permette pas de courir deux lièvres à la fois, et qu’à notre place il ait maintenant jeté son dévolu sur la Pologne, mais ce qui est certain, c’est qu’en ce moment la principale cible de l’inquisition, l’exemple d’un gouvernement national qu’il convient d’affaiblir, de détruire, de briser est la Pologne. Je voudrais déclarer très clairement que la Hongrie est évidemment mue par ses intérêts nationaux propres. Et en raison de nos intérêts nationaux propres, en raison des intérêts de l’Europe et en raison de l’amitié polono-hongroise, nous tenons à réaffirmer que la campagne inquisitoriale menée contre la Pologne n’aboutira jamais, parce que la Hongrie fera usage de tous les moyens juridiques à sa disposition pour manifester sa solidarité avec les Polonais.

Quelles sont, Mesdames et Messieurs, les conséquences de tout cela ? La première est qu’il faut regarder clair, ne pas compliquer, ne pas placer le combat qui nous attend dans un contexte de complot mondial, mais le décrire et l’affronter d’une manière aussi rationnelle que possible. La situation porte un nom : il existe un plan Soros. Celui-ci comporte quatre points. M. Soros l’a écrit lui-même, et son empire l’a publié et a commencé la mobilisation en vue de son exécution. Ce plan prévoit de faire entrer chaque année en Europe plusieurs centaines de milliers, si possible un million de migrants en provenance du monde musulman. Le second point précise que chacun d’entre eux devra recevoir, en pénétrant en Europe, 15 000 euros que l’auteur du plan se fera un plaisir de financer : ce n’est pas anodin, mais c’est ici secondaire. Ce n’est en effet pas cela, ce n’est pas le profit commercial qui constitue le cœur du projet, mais le fait que l’on peut ainsi assurer la continuité du flux migratoire. C’est-à-dire que ceux qui souhaitent voir arriver au moins un million de migrants par an doivent entretenir le phénomène, ce que dans notre jargon nous appelons « pull factor ». Il ne faut pas que le mouvement s’arrête. Et si on les répartit, et si tout le monde reçoit en plus une somme de cette importance – qui est, soit dit en passant, supérieure au revenu annuel moyen hongrois – il est clair qu’il n’y aura aucun problème de relève. Le troisième point du plan Soros prescrit que les migrants arrivés devront être répartis entre les pays d’Europe sur la base d’un mécanisme obligatoire et permanent. Et le quatrième, qu’il faut mettre en place une agence européenne de l’immigration qui devra reprendre aux Etats-nations toutes les compétences décisionnelles en matière de migration et les remettre entre les mains de Bruxelles. Voilà le plan Soros.

Si nous parlons maintenant de l’avenir de l’Europe, il faut d’abord affirmer que si nous voulons que l’Europe puisse vivre, que l’Europe reste aux Européens, l’Union européenne devra d’abord regagner sa souveraineté face à l’empire Soros. Tant que ce ne sera pas le cas, il n’y aura aucune chance pour que l’Europe reste aux Européens. Une fois que l’Union européenne aura ainsi recouvré sa souveraineté, elle devra être refondée. Ce n’est pas là l’objet principal de mon intervention d’aujourd’hui, et je resterai donc très schématique. La première tâche et la plus importante est que l’organisme appelé Commission européenne soit remis à la place qui est la sienne aux termes du Traité fondateur de l’Union européenne. Ce traité dispose clairement que la Commission n’est pas un organe politique, et qu’elle n’a qu’une mission, celle de veiller, en chien de garde, au respect du Traité fondateur. Les Etats-membres y délèguent certes des commissaires, mais le lien se brise dès la délégation et ces hommes et ces femmes doivent là, au sein de la Commission, veiller au respect du Traité fondateur de l’Union. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Aujourd’hui, la situation est que la Commission s’auto-définit comme un organe politique. Le président Juncker a lui-même déclaré qu’il met en place un organe politique, jouant un rôle politique. C’est de là que viennent tous les problèmes, c’est de là que viennent tous les maux que connaissent aujourd’hui les Etats-membres au sein de l’Union européenne. C’est ainsi qu’a pu se produire une situation où – après que j’ai mis mon veto au système des quotas au Conseil européen, où l’unanimité est requise –, la Commission a contourné cette situation en entamant une procédure juridique pour la mise en œuvre de laquelle les quatre cinquièmes des Etats-membres suffisait : notre seul veto, celui de la Hongrie, se retrouvait « dribblé ». Nous avons été trompés, floués, et le rapport de confiance qui unissait jusqu’alors les chefs d’Etat et de gouvernement des 28 a été rompu. C’est là le rôle politique dont la Commission doit se défaire de toute urgence.

Lorsque ce sera le cas, il faudra affirmer avec détermination que la refondation de l’Europe ne pourra pas commencer autrement que par l’arrêt de la migration et par la protection par chaque Etat de ses frontières, sous compétence nationale. Et lorsque l’on y sera arrivé, il faudra, sur la base d’un programme commun, reconduire quelque part à l’extérieur du territoire de l’Union européenne tous les migrants qui y auront pénétré illégalement. Cela peut paraître sévère, mais ceux qui sont entrés illégalement doivent être reconduits hors d’Europe.

Et après, lorsque nous aurons pris acte de la sortie des Britanniques de l’Union européenne, ainsi que du fait qu’une des armées les plus puissantes du monde a quitté l’Union européenne, et tout en renforçant notre collaboration au sein de l’OTAN, nous devrons en venir à constater que le continent européen ne peut pas demeurer militairement sans défense, et qu’il ne pourra pas espérer être défendu par d’autres. La présence des Américains est importante, l’appartenance à l’OTAN est importante, mais l’Europe doit également disposer par elle-même d’un potentiel militaire lui permettant de se défendre. Nous devons donc nous atteler à la constitution d’une force militaire européenne.

Parallèlement à cela, nous devons réaliser que l’Union européenne perd constamment de sa compétitivité économique dans l’économie mondiale : il faut donc restaurer notre compétitivité, ce qui passe par des réductions d’impôts et un marché du travail aussi souple que possible.

Après cela, nous devrons dire très sincèrement à nos amis d’Europe occidentale fatigués des élargissements qu’il n’y aura pas de paix en Europe sans l’intégration totale des Balkans dans l’Union européenne. C’est pourquoi il faut élargir l’Union, et en tout premier lieu faire entrer le plus rapidement possible dans l’Union européenne le pays-clé, la Serbie, aussi absurde que puisse sembler encore aujourd’hui cette idée.

Et lorsque ce sera fait, nous devrons conclure deux accords historiques, de très grande portée, aux implications à la fois économiques, militaires et politiques. Nous avons besoin d’un accord historique avec la Russie d’une part, et la Turquie d’autre part.

Et lorsque nous aurons fait tout cela, nous pourrons dire que nous aurons refondé l’Union européenne et fait d’elle une entité compétitive avec les autres continents pour les décennies à venir.
Résumons donc : où en sommes-nous aujourd’hui en Europe ? Je peux dire ceci. Les partis chrétiens-démocrates d’Europe se sont déchristianisés, ils mettent en œuvre les attentes des médias et des intellectuels libéraux en matière de valeurs et de culture. Le second élément important est que la politique de gauche a perdu son terreau, les partis sociaux-démocrates ne sont plus sociaux-démocrates. Le prolétariat leur a faussé compagnie, si je puis dire. Le nombre et la force du travail organisé s’est également réduit, essentiellement parce que de nombreuses activités industrielles ont été délocalisées à l’extérieur de l’Union européenne, et c’est pourquoi les partis sociaux-démocrates ne sont plus ce qu’ils étaient. Il ne leur reste qu’une politique : s’associer aux milieux d’affaires mondialisés représentant la politique économique néo-libérale, et concentrer leurs efforts sur la conservation de leur influence sur un seul domaine : celui de la culture. C’est là la seconde caractéristique majeure de l’Europe d’aujourd’hui. Et la troisième, c’est que l’on prépare actuellement l’Europe à remettre son territoire à une nouvelle Europe, mélangée et islamisée. Nous assistons à la mise en œuvre consciente, progressive de cette politique. Pour que tout cela se réalise, pour que le territoire puisse être ainsi remis, il convient de poursuivre la déchristianisation de l’Europe : nous en voyons les signes dans les tentatives de donner la priorité à des identités de groupe sur les identités nationales, et dans l’orientation consistant à changer la gouvernance politique en une gouvernance bureaucratique. C’est l’enjeu du constant et furtif accaparement de compétences de la part de Bruxelles au détriment des Etats-nations. Voilà, Mesdames et Messieurs, la situation de l’Europe d’aujourd’hui, c’est sur ce champ de bataille que combattent aujourd’hui les pays d’Europe centrale.

Je voudrais revenir, en conclusion, sur notre patrie plus étroite, la Hongrie. Notre rencontre d’aujourd’hui est la dernière avant nos prochaines élections. Tout cela est bel et bon, mais ce qui compte, ce sont les faits. Dans le meilleur des cas, la description que je viens de faire de l’Europe, de la situation mondiale, des changements survenus, est exacte. Mais pour nous, le plus important, hic et nunc, ce sont les élections hongroises qui approchent. Je voudrais en dire maintenant quelques mots.

Quel est l’enjeu des prochaines élections législatives hongroises ? Je voudrais dire tout d’abord que les élections hongroises de l’année prochaine seront ou pourront être particulières, parce qu’elles auront cette fois-ci un enjeu également européen. N’oublions pas que la Hongrie a été le pays qui – avec l’aide des V4, qui méritent toute notre reconnaissance – a arrêté l’invasion migratoire qui déferlait sur l’Europe. J’ai déjà déclaré précédemment – mais je le répète aujourd’hui – que tant que je serai premier ministre de Hongrie à la tête d’un gouvernement Fidesz – chrétien démocrate, la clôture restera en place, nos frontières seront défendues et avec elles, celles de l’Europe.

L’opposition hongroise affirme quant à elle publiquement qu’elle démantèlera la clôture et qu’elle laissera entrer les migrants dans le pays, elle se déclare d’accord avec la répartition totale et obligatoire des migrants en Europe et elle exposera notre continent à un nouvel avenir de mixité communautaire. C’est cette divergence de vues entre l’opposition hongroise et la majorité gouvernementale qui constitue l’enjeu européen de ces élections. Il s’y ajoute un autre débat, dans lequel il y a également une importante ligne de fracture entre tous les partis d’opposition et les partis de gouvernement, qui porte sur le point de savoir si nous devons transférer des compétences à Bruxelles ou non. Notre position est que Bruxelles doit restituer les compétences qu’elle s’est appropriées furtivement – d’après moi illégalement. L’opposition au contraire – qu’il s’agisse des socialistes, de l’extrême droite ou des libéraux – affirme unanimement qu’il faut donner davantage de compétences à Bruxelles, parce que les grands problèmes ne peuvent recevoir que des solutions européennes, qu’il n’y a que des solutions européennes. Cela signifie clairement qu’ils souhaitent transférer à Bruxelles de manière croissante le gouvernement du pays. Cela aussi donne une dimension européenne aux élections législatives hongroises.

Ces élections auront aussi un enjeu « centre-européen ». Vous voyez qu’aussi bien les bureaucrates bruxellois que George Soros sont intéressés à un affaiblissement de l’Europe centrale, car le principal obstacle à la mise en œuvre du plan Soros est aujourd’hui la fermeture, à la frontière sud de la Hongrie, de la route migratoire dirigée sur l’Europe. Après nous, les Serbes l’ont également fermée, suivis des Macédoniens. C’est nous, avec le soutien des V4, qui constituons l’obstacle à la réalisation de ce plan. C’est pour cette raison qu’il existe en Europe des forces qui souhaitent voir à la tête de la Hongrie un autre gouvernement que le gouvernement hongrois actuel, parce que c’est ainsi que la cohésion des V4 pourrait le mieux être affaiblie. N’ayons aucune illusion : si ce n’est pas un gouvernement chrétien démocrate qui se forme en Hongrie, le prochain gouvernement affaiblira les V4, et avec eux l’ensemble de l’Europe centrale. C’est pourquoi les élections hongroises ont également un enjeu sous l’angle de l’Europe centrale.

Et enfin, les élections hongroises ont également un enjeu intérieur. J’ai décrit au début de mon intervention tout ce que nous avons fait pour le renforcement de la Hongrie. Je ne voudrais ni le répéter, ni entrer dans les détails. Je voudrais simplement dire que si les forces citoyennes, nationales et chrétiennes ne gagnent pas les prochaines élections, tout ce que la Hongrie a accompli au prix de beaucoup de sueur, de peine et de contrariétés risquera d’être perdu. Et cela veut dire, Mesdames et Messieurs, que la Hongrie pourra connaître une nouvelle période marquée non pas par la construction, mais par la démolition. N’oubliez pas que bâtir est long et difficultueux, et que démolir est rapide et facile. Je peux vous affirmer ici, en toute sérénité, que la Hongrie n’a jamais été, depuis Trianon, aussi près que maintenant de redevenir un pays européen fort, prospère et reconnu. Et nous n’avons jamais été aussi près, depuis Trianon, de voir notre pays regagner sa confiance en lui-même et sa force vitale qu’aujourd’hui. Et je suis sûr aussi que si la Hongrie se trouve à nouveau dirigée par un gouvernement soumis aux intérêts étrangers mondialisés, elle risquera de perdre cette opportunité historique non pas pour une législature, mais de nouveau pour de nombreuses décennies.

Et si en Hongrie même notre nature de Hongrois est mise en danger, qu’en sera-t-il des Hongrois d’au-delà des frontières ? La principale condition de base de la prospérité et du maintien des communautés hongroises vivant en-dehors des frontières du pays est une Hongrie forte. Les partis qui affaiblissent notre pays seront également incapables de proposer une bonne politique, un avenir et des perspectives aux communautés hongroises vivant au-delà des frontières. Ils ne sont pas vos amis. C’est pourquoi je voudrais encourager tout le monde à s’inscrire sur les listes électorales. Ne vous bornez pas à nous encourager, mais faites-nous le plaisir de descendre sur le terrain, parce qu’aujourd’hui vous avez vous aussi la possibilité de dire votre mot dans l’issue de la compétition électorale.

Et enfin, je voudrais dire quelques mots de nos adversaires, parce que nos véritables adversaires ne seront pas cette fois-ci les partis hongrois d’opposition. Tout le monde peut voir qu’au cours des dernières années il s’est formé une unité nationale forte et déterminée en matière de questions nationales : l’on appelait autrefois cette unité, dans le jargon politique, la « force centrale ». Les partis d’opposition ne savent comment entamer cette cohésion nationale. En fait, c’est surtout aux forces extérieures que nous aurons à nous mesurer dans la campagne qui nous attend. C’est au réseau mafieux de Soros et aux bureaucrates bruxellois, ainsi qu’aux médias qu’ils contrôlent, que nous aurons à nous mesurer au cours des neuf mois qui viennent. Nous connaissons leurs méthodes, nous n’attendons pas de surprises : chantage financier, menaces politiques, rapports par-ci, rapports par-là, campagne médiatique, procédures d’infraction, tel article, tel autre article. Mais affirmons aussi que face aux manifestations souvent brutales, grossières, parfois même incongrues, la Hongrie a toujours défendu ses intérêts et apporté ses réponses de manière posée et cultivée, je pourrais dire dans un style européen. Je suis convaincu que nous en serons capables pendant la campagne électorale aussi.

Summa summarum, en un mot comme en cent, je pourrais dire qu’il y a vingt-sept ans, ici en Europe centrale, nous croyions que l’Europe était notre avenir. Aujourd’hui, nous avons le sentiment d’être l’avenir de l’Europe.

Je vous remercie de votre attention. »