Europe centrale – Le groupe de Visegrád s’est réuni trois fois en moins d’une semaine. Le lundi 9 octobre à Varsovie en compagnie des pays baltes, de la Roumanie et de la Bulgarie, le mercredi 11 octobre à Budapest en compagnie de représentants des Balkans occidentaux, où le V4 a témoigné de son soutien à leurs adhésions à l’UE. Vendredi 13 octobre, le V4 s’est exprimé depuis Bratislava pour dénoncer une fois de plus les double-standards des entreprises concernant la qualité de leurs produits, qu’ils soient vendus à l’ouest ou à l’est.
Lundi 9 octobre, le V4 a reçu les ministres des Affaires étrangères des pays baltes, ainsi que ceux de Roumanie et de Bulgarie. Les discussions ont porté sur les questions de défense et la préparation du sommet de l’OTAN de 2018.
Les pays baltes, le V4, la Roumanie et la Bulgarie forment une « ceinture » centre-européenne essentielle dans le dispositif de l’OTAN dans le contexte tendu avec la Russie. Même si les sensibilités géopolitiques des différents gouvernements de ces pays varient, les déclarations des différents membres de gouvernements des pays cités concordent sur l’importance de leur alliance et coopération régionale.
Lors de cette rencontre, Teodor Meleșcanu et Witold Waszczykowski, les ministres des Affaires étrangères de Roumanie et de Pologne, se sont publiquement salués de manière chaleureuse, ce qui en marge du rapprochement actuel entre le V4 et la Roumanie a donné lieu à des inquiétudes de la part de l’opposition roumaine, appelant le gouvernement de centre-gauche à se distancer des « mauvais garçons » de l’Europe, un tel rapprochement faisant douter « de la politique européenne de la Roumanie », selon le think-tank globaliste Romania 100 Platform, dirigé par l’ancien Premier ministre roumain libéral Dacian Cioloș.
Le ministre des Affaires étrangères roumain Teodor Meleșcanu a confirmé que la Roumanie souhaitait travailler activement avec le groupe de Visegrád, sans pour autant chercher à l’intégrer.
Mercredi 11 octobre, le groupe de Visegrád s’est réuni à Budapest, où cette fois, en plus de la Roumanie, les pays des Balkans occidentaux étaient invités, à savoir l’Albanie, la Macédoine, le Kosovo, le Monténégro, la Serbie et la Bosnie-Herzégovine.
À l’issue des discussions, les ministres des Affaires étrangères du V4 ont unanimement déclaré de nouveau leur soutien à l’intégration dans l’Union européenne des 6 pays des Balkans de l’Ouest (BO6).
Selon le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, il est dans l’intérêt de sécuritaire et économique de toute l’Europe d’intégrer ces pays à l’Union. Le ministre hongrois a rappelé l’importance du soutien des pays du V4 aux pays des Balkans du fait de leur proximité géographique.
Selon Péter Szijjártó, l’intégration des BO6 permettrait également de sécuriser l’Europe en cas de nouvelle vague migratoire. Ainsi, le ministre hongrois réclame que l’UE ouvre cette année encore 6 chapitres de négociations avec la Serbie, trois avec le Monténégro, mais également que des dates de début de négociations soient fixées pour l’Albanie et la Macédoine dans le premier quart 2018, et qu’un agenda soit discuté avec le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine.
Le ministre polonais des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski, a déclaré qu’il était important de soutenir toute candidature d’intégration à l’UE et mener une politique de portes ouvertes.
Le ministre délégué aux Affaires étrangères de Slovaquie, Ivan Korčok, a déclaré que le V4 était un chef de file en matière d’élargissement et que le sujet ne devait pas perdre l’attention du l’Union. Il a ensuite ajouté que les pays du V4 garantissent que les pays des Balkans de l’Ouest seront toujours une partie de l’Europe.
Le vice-ministre des Affaires étrangères tchèque, Jakub Dürr, a conclu en estimant que le V4 soutenait l’élargissement aux BO6, car sans eux, ni l’UE ni l’OTAN ne seraient complets.
Vendredi 13 octobre, le V4 se réunissait cette fois à Bratislava pour une conférence intitulée « Equal Quality Products For All » (Produits de qualité égale pour tous). Les chefs de gouvernements du V4 se sont retrouvés pour traiter de la problématiques des produits de moindre qualités commercialisés par les grandes marques en Europe centrale.
Suite aux demandes du V4, la Commission européenne s’est penchée sur la question. Aussi la Commissaire européenne à la justice, aux consommateurs et à l’égalité des genres, la tchèque Věra Jourová, a proposé de nouvelles façons de comparer les qualités des produits par delà les frontières. La proposition a été accueillie favorablement, mais a été jugée insuffisante par les dirigeants du V4.
Pour le Premier ministre slovaque, c’est une démarche « qui est utile et qui pourrait aider ». Son homologue tchèque, Bohuslav Sobotka, s’est déclaré « ravi que la Commission européenne présente une nouvelle méthodologie de comparaison des qualités alimentaires, » avant d’ajouter que « ce n’est qu’un premier pas. Nous devons aller beaucoup plus loin à l’échelle européenne ».
Plus réservé, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a dit attendre les prochaines démarches de la Commission européenne en ce sens. Viktor Orbán a également rappelé qu’il s’agissait de préserver Schengen, la confiance étant le socle de l’économie européenne. Il a également observé que les centre-européens sont particulièrement sensibles sur la question compte-tenu de leur expérience passée avec le système communiste.
Pour l’hôte, le slovaque Robert Fico, le sommet a été « un succès diplomatique », et s’est déclaré « satisfait de ce qui a été achevé jusque là », concluant qu’il n’est pas possible d’avoir « des consommateurs de seconde catégorie » au sein de l’UE.