Allemagne, Bavière, Seeon – Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a rendu visite au dirigeant bavarois Seehofer à deux jours des négociations pour la formation d’un gouvernement en Allemagne. Et dans un entretien au grand journal allemand Bild, l’homme fort de Budapest n’a pas mâché ses mots, comme à son habitude : pour lui, l’immigration massive affaiblit la démocratie en Europe et les « réfugiés » sont en fait « une force d’invasion musulmane ».
À deux jours du début des négociations pour la formation d’un gouvernement en Allemagne, le Premier ministre national-conservateur Viktor Orbán s’est rendu en Bavière pour y rencontrer son allié Horst Seehofer, allié de Merkel et patron du CSU, le parti frère du CDU d’Angela Merkel, bien que beaucoup plus prudent et sceptique quant à l’immigration. Et cette visite n’a rien d’accidentelle : à travers la Bavière, bien plus proche historiquement et culturellement de l’Europe centrale représentée par le groupe de Visegrád que le nord de l’Allemagne, plus « prussien », Viktor Orbán, qui jouit d’une grande popularité dans l’opposition de droit en Allemagne, sait qu’il peut influencer la politique allemande de façon indirecte. Dans son discours à la presse donné à l’issue des discussions, Viktor Orbán a rappelé son opposition à l’immigration et son rôle pour protéger la Bavière de l’immigration illégale depuis 2015 et pour le respect du droit, « alors qu’ailleurs en Europe le chaos et l’illégalité étaient célébrés ».
« 2018 sera l’année de réaffirmation de la volonté du peuple [concernant l’immigration], » a ajouté le chef du gouvernement hongrois, grand favori des sondages en vue des élections d’avril 2018, pour briguer son 3e mandat consécutif – et quatrième de sa carrière. Selon Viktor Orbán, l’immigration est devenue « un problème pour la démocratie » car les gouvernants de nombreux pays ne font pas ce que les gens attendraient d’eux concernant l’immigration ». Le lien entre terrorisme et immigration est évident pour le Premier ministre hongrois, qui rajoute que la majorité des Européens ne veulent pas vivre avec des gens qui, comme il l’a déclaré dans un entretien accordé au grand journal allemand Bild, « ne sont pas des réfugiés mais une force d’invasion musulmane », ou encore des « gens qui traversent quatre pays sûrs, où leur vit n’est pas en danger, avant d’arriver en Hongrie, et continuer vers l’Allemagne ». Il s’agit « de migrants économiques, qui veulent une vie au niveau de celle des Allemands ».
La lutte contre Soros au cœur de la campagne électorale
Autre combat célèbre du Premier ministre hongrois, George Soros et ses réseaux. Interrogé par Bild sur sa campagne d’affichage contre George Soros, Viktor Orbán a expliqué que le soutien du spéculateur et financier milliardaire à environ 60 ONG pro-immigration constitue un risque pour la sécurité nationale. Le Premier ministre hongrois a également rappelé que la Hongrie n’était pas le seul pays à avoir une barrière anti-immigration (l’Espagne, la Bulgarie, la France ou encore la Lettonie en ont, par exemple) ni le seul pays à avoir refusé les quotas de migrants que Bruxelles cherchait à imposer (rappelant aussi que plus de 20 États membres n’ont pas rempli leurs obligations sur cette question).
Ce mardi 9 janvier, l’eurodéputé des Verts hollandais, Judith Sargentini, est arrivée en Hongrie afin « d’observer la situation » de l’État de droit dans le pays pour le compte du Parlement européen. Ceci malgré sa proximité affichée pour les ONG anti-gouvernementales, la direction de la CEU mise en cause au printemps dernier par le gouvernement de Viktor Orbán et George Soros lui-même, comme l’ont révélé les DC Leaks : malgré sa présence sur les listes des « alliés fiables » de George Soros, Judith Sargentini sera le rapporteur pour l’Union européenne sur ce dossier sensible. De quoi donner encore plus d’eau au moulin de Viktor Orbán, à trois mois des élections.