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Commission LIBE à Varsovie : les explications du député français RN Nicolas Bay

Temps de lecture : 3 minutes

Par Olivier Bault.

Article originellement publié dans Présent le 21 septembre 2018.

Pologne – Grâce au député français Nicolas Bay du Rassemblement national (RN), nous savons comment sont préparés les rapports à charge du Parlement européen contre la Hongrie, la Pologne, et bientôt la Roumanie. Le coprésident du groupe Europe des nations et des libertés (ENL) au parlement de Strasbourg est en effet en mission à Varsovie avec une délégation de la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE) du Parlement européen (voir Présent du 20 septembre). Cette mission de trois jours a pour but d’aider le président de la Commission LIBE et rapporteur pour la Pologne, le travailliste britannique Claude Moraes, à préparer un rapport sur la démocratie et l’État de droit en Pologne. Les interlocuteurs choisis par M. Moraes appartiennent tous à l’opposition la plus radicale au PiS ou à la gauche libérale-libertaire. Contrairement à la procédure contre la Hongrie qui a été initiée par le Parlement européen, il s’agit pour la Pologne de faire confirmer par le Parlement la procédure de sanction sous le régime de l’article 7 lancée en décembre par la Commission.

Jeudi, l’eurodéputé polonais Marek Jurek, lui-même exclu par Moraes de la délégation envoyée en Pologne, avait organisé dans sa permanence de Varsovie une rencontre entre Nicolas Bay et un groupe de journalistes, pour permettre au Français d’expliquer comment se déroulent les discussions de la Commission LIBE et de faire part de ses impressions.

En ce qui concerne les rencontres avec la société civile, le député français a expliqué avoir été frappé par la nature des reproches exprimés par les interlocuteurs – tous très marqué à gauche – invités à venir s’exprimer devant la Commission : « On voit bien que l’attitude du Parlement européen ne consiste pas à identifier si réellement il y a des atteintes graves à l’État de droit et aux principes démocratiques fondamentaux en Pologne, mais simplement à donner la parole à des adversaires politiques du parti Droit et Justice, qu’ils soient des adversaires électoraux ou des acteurs associatifs ». Des adversaires dont les critiques, précise le vice-président du RN pour les affaires européennes, sont sans rapport avec les questions d’État de droit et de démocratie : « Ils parlent de l’accueil des réfugiés, des droits des LGBT, du droit à l’avortement qu’ils voudraient voir renforcé ». Et donc, a estimé le coprésident du groupe ENL, « finalement, on reproche aux Polonais d’être attachés à leur identité chrétienne, à des valeurs qui sont celles du christianisme […]. Ce qui est reproché au gouvernement polonais, et on le sent très bien de manière sous-jacente, c’est de défendre ce que les Polonais attendent, c’est-à-dire une politique conservatrice, une politique au service de la famille, une politique dont ils reconnaissent d’ailleurs tous qu’elle donne d’assez bons résultats sur le plan économique et social ».

Plus que des reproches portant sur des atteintes à la démocratie, Nicolas Bay estime avoir entendu à Varsovie « une attaque contre la société polonaise ». Le député français s’est d’ailleurs dit frappé d’avoir été témoin au cours de toutes les auditions menées depuis la veille d’ « attaques très récurrentes et très agressives contre l’Église ».

Répondant aux questions des journalistes polonais, Nicolas Bay a aussi évoqué, les reproches formulés par la Commission européenne. Comparant le système polonais au système français, il s’est dit convaincu, après les discussions menées aussi bien avec les partis d’oppositions qu’avec des parlementaires du PiS, que la justice polonaise reste, après les réformes du PiS, plus indépendante et moins politisée que la justice française. Le RN en sait d’ailleurs quelque chose en tant que principal parti d’opposition en France ! Le Français a toutefois précisé que son parti n’avait pas l’intention de demander des sanctions européennes contre la France sous le régime de l’article 7 car ce sont des choses qui doivent se régler au niveau national, dans les urnes, et non pas avec des ingérences de l’extérieur.