Par Antoni Trzmiel.
Pologne – Nous publions ici la traduction de l’éditorial d’Antoni Trzmiel, rédacteur en chef du site dorzeczy.pl :
Le site d’information de l’hebdomadaire polonais Do Rzeczy a entamé une collaboration avec le site d’information sur l’Europe centrale Visegrád Post, basé en Hongrie, et la télévision indépendante française TV Libertés.
Récupérons le récit sur nous-mêmes
Les journalistes de ces médias étaient en Pologne lors des commémorations du centenaire de notre indépendance recouvrée. Ils ont préparé un reportage filmé pour leur audience. Leur perspective est forcément différente de la nôtre. L’image qu’ils ont de nous n’est pas idéalisée, mais elle est aussi très éloignée de celle des « milliers de fascistes, néonazis et suprémacistes blancs qui marchaient à 300 km d’Auschwitz ».
Ces célèbres paroles d’un leader politique européen (Guy Verhofstadt est le chef du groupe des libéraux au Parlement européen) montrent tout ce qu’il reste à faire pour que ce genre « d’argument » ne tombe pendant un débat sur l’État de droit en Pologne (sic!). La bonne méthode n’est pas de rendre ce genre de paroles passibles d’une sanction pénale, ce qui serait inapplicable hors des frontières de la Pologne. De tels mots devraient en réalité choquer non seulement les Polonais, mais aussi les électeurs de ceux qui les prononcent : Français, Hollandais, Belges, Slovaques, Tchèques, Hongrois, Grecs, etc. Mais pour que ce soit le cas, il faut d’abord qu’ils prennent conscience que leur élu leur ment effrontément.
Des conversations avec mes collègues de plume, j’ai retiré l’impression qu’il se passe dans leur pays, la France, beaucoup de choses négatives imperceptibles à l’œil lors de simples voyages touristiques ou professionnels. Surtout en ce qui concerne la liberté d’expression. Ce sont des choses que nous allons exposer aux lecteurs de notre site dorzeczy.pl.
David contre Goliath
Nous avons décidé de lier une collaboration permanente. Disons-le franchement, ce n’est pas une collaboration lucrative. Les traductions, les voyages, le temps passé, etc. : tout cela pèse beaucoup sur le budget de médias indépendants.
Mais nous sommes convaincus que si nos journalistes préparent des articles, entretiens et reportages sur la situation en Pologne, alors il y a une chance pour que les Hongrois, les Belges ou les Français puissent voir dans les médias qu’ils connaissent une image différente de celle donnée à l’étranger par les médias de gauche polonais comme Gazeta Wyborcza.
Pour le moment, le déséquilibre des forces, des moyens et du capital d’expérience en matière de collaboration internationale est énorme. Pour eux, c’est une collaboration fondée sur une communauté d’intérêts, pour nous c’est un front du refus. Aujourd’hui, c’est le combat de David contre Goliath. Pourtant, confortés par cette histoire biblique, nous croyons à la victoire de la vérité. Nous devons cependant être rationnels et reconnaître que nous avons une longue route à parcourir. Néanmoins, comme le disent les Chinois, « un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas ».
Le premier pas du 11 novembre
Dans notre cas, le premier pas, c’étaient les trois entretiens réalisés par nos médias dans les jours qui ont précédé les commémorations du 11 novembre. Ces entretiens sont parus en même temps, se succédant jour après jour, sur les sites dorzeczy.pl, visegradpost.com et www.tvlibertes.com.
Karol Gac s’est entretenu avec le vice-premier ministre Jarosław Gowin. Olivier Bault, collaborateur de Do Rzeczy et correspondant des médias alternatifs français en Pologne, a rencontré le vice-président de la Diète Ryszard Terlecki, puis il a eu un entretien en français avec le député au Parlement européen Jacek Saryusz-Wolski.
L’audience polonaise peut ainsi entendre ce que ces personnages politiques disent en s’adressant à des non-Polonais. C’est important. On a vu ces derniers jours que ces leaders politiques-là ne sont pas assez entendus, puisque les représentants d’électeurs étrangers ont pu forcer les représentants d’une majorité d’électeurs polonais à changer la loi.
Nos journalistes vont eux aussi préparer régulièrement des articles pour, nous le croyons, un nombre croissant de partenaires. Nous publierons également sur dorzeczy.pl les articles et vidéos préparés par nos partenaires. Il n’est en effet pas normal que nous en sachions plus sur les vedettes de Bollywood et d’Hollywood que sur la vie réelle des Slovaques ou des Français. Et comme le montrent les exemples cités plus haut, et pas seulement ces exemples-là, cela a un impact concret sur notre vie à nous.
Antoni Trzmiel est journaliste à la télévision publique polonaise et rédacteur en chef du site dorzeczy.pl, qui appartient à l’hebdomadaire libéral-conservateur Do Rzeczy.
Éditorial original : https://dorzeczy.pl/kraj/84890/Polska-Wegry-Francja-Wspolna-sprawa.html
Traduit du polonais au français par Olivier Bault.
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