Le 24 mars dernier le site d’information du gouvernement russe Sputnik reprenait une « information » diffusée par le sénateur russe Alekseï Pouchkov, ancien président de la Commission des Affaires internationales de la Douma et auteur-animateur de l’émission politique Post-Scriptum à la télévision publique TV Tsentr, selon laquelle la Pologne avait refusé de laisser passer les avions de transport militaires envoyés par Moscou pour secourir les Italiens en proie à l’épidémie de Covid-19.
« Au lieu de voler via la Biélorussie, la Pologne, la République tchèque et l’Autriche ou l’Allemagne, les Il-76 russes ont mis le cap sur la mer Noire et se sont posés à Rome après avoir survolé la Turquie, la Grèce et l’Albanie. Une escale a été faite à Sotchi, au bord de la mer Noire, pour se ravitailler. En suivant cet itinéraire, ils ont parcouru une distance de 1 000 kilomètres de plus que prévu », commentait Sputnik dans son article publié en plusieurs langues, dont le français.
Le ministère de la Défense polonais avait alors fait savoir qu’aucune demande de survol du territoire polonais n’avait été formulée par la Russie pour ces transports humanitaires envoyés les 22 et 23 mars vers l’Italie, après quoi le site Sputnik avait choisi, plutôt que de publier un nouvel article, de mettre à jour son article (deux jours après sa publication initiale) pour y inclure la réaction polonaise.
Le 2 avril, le site Sputnik informait ses lecteurs, mais uniquement en version polonaise, que la présidente du Conseil de la Fédération de Russie Valentina Matvienko avait appelé les sénateurs à être plus scrupuleux dans leurs propos et à mieux vérifier leurs informations. Sputnik Pologne précise : « C’est une réaction à une fausse information publiée dans les médias selon laquelle les dirigeants de la Pologne n’avaient pas donné leur accord au survol d’avions transportant de l’aide humanitaire pour l’Italie dans le cadre de la lutte contre le coronavirus ». Plus loin, Sputnik explique que c’est bien Alekseï Pouchkov qui était la cible de la critique de Matvienko, et que l’accusation du Pouchkov contre la Pologne avait été officiellement démentie par le ministère des Affaires étrangères russe : « la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova a expliqué que la Russie n’avait pas demandé l’accord des autorités polonaises pour le survol des avions transportant de l’aide humanitaire en Italie, c’est une autre route qui a été choisie ».
Mais si Sputnik ne publie pas cet article dans les langues où il avait publié le premier, son bobard de la semaine dernière continuera de vivre dans les esprits de bien des lecteurs, portant ainsi atteinte à l’image de la Pologne. C’est d’ailleurs une technique classique de diffusion de fake news dans les grands médias, et certainement pas que russes.