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Chrystus Zmartwychwstał! Zaprawdę Zmartwychwstał!
Christ est ressuscité ! En vérité il est ressuscité !

 

Pâques (Wielkanoc – littéralement « Grande Nuit ») est considérée comme l’une des fêtes les plus importantes en Pologne.

La fête de Pâques est une fête familiale pour les Polonais aussi bien que religieuse. Les préparatifs pour cette grande célébration de la résurrection de Jésus-Christ passent irrémédiablement par un nettoyage de printemps réalisé en profondeur. À cette occasion, on passe l’aspirateur, on nettoie le salon, la cuisine, les fenêtres,… Il faut que ça brille !

Chaque année, la Semaine Sainte (Wielki tydzień – Grande Semaine) fait l’objet d’un important déplacement de population aussi bien à l’intérieur des frontières polonaises qu’en provenance de l’étranger. En effet, il y a d’une part les retour de nombreuses personnes dans leur maison familiale souvent située en province et d’autre part des dizaines de milliers de Polonais travaillant à l’étranger (le plus souvent en Europe occidentale) qui viennent passer ces quelques jours dans leur pays d’origine. Bien entendu, ces mouvements seront loin d’avoir une telle ampleur cette année du fait de la pandémie et des mesures de confinement.

Le Jeudi saint (Wielki Czwartek – Grand Jeudi) et le Vendredi saint (Wielki Piątek – Grand Vendredi) représentent le point culminant des 40 jours de jeûne du Carême. Il s’agit du moment où l’on revit la dernière cène et la crucifixion de Jésus-Christ.

Dans la région de Mazovie, il n’est pas rare que des volontaires en uniformes de soldats (par exemple des pompiers) montent la garde devant une représentation du tombeau de Jésus-Christ à l’intérieur de l’église, en mémoire des soldats romains qui gardaient le tombeau à Jérusalem. Ces gardes se relaient toutes les demi heures a partir du Vendredi vers 15h (heure de la crucifixion) jusqu’au dimanche matin. Au cours de la messe de Pâques le dimanche matin, ceux-ci s’écroulent ou du moins se laissent tomber, en référence à la manière dont les soldats romains décrits dans la Bible au moment de la Résurrection de Jésus-Christ ont été retrouvés endormis à l’entrée du tombeau à Jérusalem.

Chaque région polonaise possède ses propres traditions de Pâques. En plus de l’aspect familial, il y a bien entendu l’aspect religieux de la fête de la Résurrection. Celle-ci marque la fin de quarante jours de Carême durant lesquels les croyants se privent de certains petits plaisirs (notamment culinaires). Traditionnellement, comme ailleurs dans le monde catholique, la viande et les fritures notamment sont proscrites.

L’aspect culturel le plus intéressant dans la manière de célébrer la Pâques en Pologne réside parmi les incontournables traditions et symboles qui entourent cette fête.

Un exemple de panier de Pâques. Photo : radiozet.pl

La tradition la plus célèbre est celle du panier de Pâques. Ce panier en osier garni est destiné à être béni par un prêtre le Samedi matin. Dans ce panier, on retrouve un pain (symbole du Christ comme pain de Vie), du sel et du poivre (symboles de la préservation), une figurine représentant un agneau (symbole du sacrifice du Christ), du beurre, de la viande, généralement de la saucisse (évoquant la fin du temps de privation qu’est le Carême) et quelques autres éléments pouvant varier en fonction des régions et des coutumes.

À tout cela s’ajoutent ce qu’on appelle les pisanki. Les pisanki sont des œufs préalablement peints et/ou décorés qu’on retrouve partout en Europe centrale, chaque pays, ou plutôt chaque région, voire chaque famille a ses propres motifs. Dans de nombreuses familles polonaises, la réalisation des pisanki est une tâche dont s’occupent les enfants. Cependant, il existe des spécialistes voire des professionnel(le)s capables d’en faire de véritables œuvres d’arts.

Les fameuses pisanki. Photo : agrofakt.pl

Toutes ces victuailles sont posées soigneusement dans un panier en osier et apportées à l’église la veille de Pâques. Là aussi, les églises étant fermées du fait de l’épidémie, les Polonais ne pourront pas faire bénir leurs paniers cette année.

Le dimanche de Pâques, les cloches des églises sonnent de bonne heure, et ce pendant de longues minutes. La messe de Pâques a lieu tôt le matin. Elle commence généralement par une procession avec le Saint-Sacrement. De nombreux prêtres s’organisent avec leurs paroissiens pour qu’ils puissent suivre en direct sur internet la messe.

Après la messe, les familles retournent chez elles – et cette année, y restent donc ! – et se rassemblent autour de la table pour le petit-déjeuner de Pâques. La table est soigneusement préparée et richement garnie afin de mettre fin au Carême.

Le repas débute avec l’œuf de Pâques (traditionnellement consacré la veille), que les membres de la famille se partagent entre eux à la manière de l’opłatek (voir l’excellent texte de Marlena Prochownik à ce sujet) pour se souhaiter santé et bonheur, ou éventuellement se réconcilier.

Sur la table on retrouve l’agneau pascal, une pâtisserie confectionnée avec du beurre, du gâteau ou de la pâte d’amande. L’agneau symbolise le Christ. La table est riche en viande et en charcuterie, surtout le traditionnel jambon fumé, bien polonais, qui sera traditionnellement accompagné du barszcz, variante polonaise de la soupe de betteraves qu’on retrouve chez plusieurs peuples slaves ; agrémentée parfois de petites ravioles, cette soupe est un peu aigre et douce à  la fois, et diffère du bortsch car elle ne contient ni tomate ni viande, et s’apparente bien plus à un bouillon. Bien sur, comme cela a été évoqué précédemment, chaque région, chaque ville et même chaque famille a ses propres coutumes, ses propres spécialités, et ses propres recettes !

Le lundi de Pâques ou « lundi mouillé » (Lany Poniedziałek ou Śmigus-dyngus) est une ancienne tradition consistant à asperger d’eau les personnes de notre entourage. Le mot śmigus signifie « lacérer les jambes avec des branches de chatons » cela devait apporter du bonheur en aspergeant également d’eau. Là encore, c’est une coutume que l’on retrouve sous une forme ou une autre partout dans les pays du Groupe de Visegrád.

Celui qui voulait éviter d’être aspergé chez lui pouvait faire un don, le « dyngus », qui consistait le plus souvent à donner des œufs. Ainsi des groupes de jeunes allaient d’une maison à l’autre et ramassaient des œufs pour ensuite les donner aux plus nécessiteux. Gare à ceux qui ne veulent rien donner : inondation garantie. Aujourd’hui śmigus dyngus a surtout comme signification, le lundi mouillé !

Et là encore, des symboles se cachent derrière les éléments de la tradition. L’eau et les œufs ont une signification symbolique forte. L’eau lave le péché tandis que les œufs symbolisent la vie et le renouveau – la joie du printemps, et, bien sûr, la résurrection du Christ.

À Pâques, les Polonais se souhaitent une « Joyeuse Résurrection », en polonais Wesołego Alleluja!