Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Loukachenko met en garde les Polonais : « s’ils se réfèrent à nous comme ils l’ont fait, ils seront giflés et giflés très durement »

Temps de lecture : 3 minutes

Pologne/Biélorussie – Depuis plusieurs semaines, les relations entre les « nations-sœurs » que sont la Pologne et la Biélorussie – déjà tendues depuis la réélection du président Alexander Loukachenko au mois d’août 2020, que l’opposition biélorusse, ouvertement soutenue par les autorités polonaises, conteste avec véhémence – sont à nouveau troublées par des incidents diplomatiques dont la minorité polonaise de Biélorussie fait les frais. Silencieux à ce sujet ces derniers temps, le président Loukachenko s’est finalement exprimé ce mardi 6 avril, exposant ainsi la position officielle du régime de Minsk.

« Nous ne pouvons pas choisir nos voisins »

« Nos contacts politiques avec [la Pologne] n’ont jamais été idéaux. Mais en raison de notre caractère et de notre mentalité depuis longtemps, nous avons supporté des remarques et des accusations individuelles et avons essayé de trouver un compromis et de faire preuve de flexibilité et de compréhension. Nous pensions que nous ne pouvions pas choisir [nos] voisins », a-t-il ainsi déclaré. « Mais il s’avère que Varsovie considère cette attitude constructive comme une faiblesse. En juin 2020, la partie polonaise a déclaré qu’elle était prête à nous rencontrer à mi-chemin dans un certain nombre de domaines. Depuis lors, l’attitude a été remplacée par des accusations de truquage de l’élection présidentielle, avec le soutien de nos fugitifs et de leurs entreprises, avec la mise à l’abri de traîtres et d’extrémistes en fuite et de contenus Internet extrémistes. […]

Les tentatives effrontées de glorifier les bandits et les criminels militaires, et l’organisation d’événements pour les jeunes Biélorusses à Brest à cette fin ont été la dernière goutte qui a épuisé notre patience

[…] Et à Grodno, un groupe destructeur de Polonais ethniques dirigé par des dirigeants de la soi-disant diaspora polonaise a pris part à un événement non autorisé […] dans un pays qui a perdu un tiers de sa population [a Biélorussie a perdu une très grande partie de sa population civile durant la 2e Guerre mondiale ; le président Loukachenko assimile ces commémorations à de l’anti-communisme, et donc, à du soutien indirect au nazisme, ndlr.]. Le parti conservateur, qui perd rapidement le soutien du public, travaille particulièrement dur pour glorifier les bandits d’Armia Krajowa. En d’autres termes, c’est déjà un problème interne en Pologne ».

Évoquant la minorité polonaise de Biélorussie, M. Loukachenko explique le point de vue biélorusse : « Il y a de nombreuses spéculations sur les Polonais et l’oppression. Je tiens à rappeler à nouveau aux dirigeants polonais : 

en effet, de nombreux Polonais vivent en Biélorussie. Mais ce sont nos Polonais. Leur patrie est la Biélorussie. Ils vivent ici, leurs enfants vivent et vivront ici aussi. Si quelqu’un veut partir, il peut le faire. Nous n’avons jamais interdit à quiconque de le faire et ne le ferons jamais. Ceux qui vivent avec nous, citoyens biélorusses, sont nos Polonais.

[…] Cependant, pour une raison quelconque, certaines personnes dans notre pays ne se souviennent de leurs racines ethniques que lorsqu’elles enfreignent la loi, et non lorsqu’elles doivent faire quelque chose d’utile pour l’État dont elles sont citoyennes. Peu importe qui ils sont – Polonais, Biélorusses, Russes, Juifs ou Ukrainiens […] La paix interconfessionnelle et interethnique en Biélorussie sera préservée à tout prix. 

Personne ne nous poussera à une confrontation entre Polonais et Biélorusses ou Russes […] les Biélorusses et les Polonais sont unis par de nombreuses années d’histoire commune.

Nous n’avons aucune revendication territoriale et patrimoniale non réglée les uns envers les autres. Nous n’avons jamais rappelé l’occupation d’une partie importante du territoire biélorusse par la Pologne dans les années 1920 et 1930. Apparemment, le moment est venu de revenir sur ce sujet et de l’étudier en détail avec des historiens et des politologues, ce que nous avons d’ailleurs déjà commencé à faire ».

« Ils seront giflés et giflés très durement »

Enfin, l’homme fort de Minsk a tenu à mettre en garde très clairement les autorités de Varsovie : « Nous n’avons pas l’intention de faire la guerre à qui que ce soit. Nous ne voulons pas la guerre, mais s’ils se réfèrent à nous d’une manière comme celle de la fin de l’année dernière et qu’ils utilisent actuellement, ils seront giflés et giflés très durement. […]

Beaucoup en Occident ne comprennent pas ce qui se passe réellement. Nous devons promouvoir plus activement les sujets liés à l’oppression des Biélorusses de souche dans l’entre-deux-guerres et l’après-guerre. Cela comprend l’activité des formations de bandits nationalistes polonais – et pas seulement polonais – sur notre territoire et les aspirations de ces États à reprendre le contrôle de certaines parties du territoire biélorusse.

Aujourd’hui, à Varsovie, ils parlent des soi-disant « frontières orientales » polonaises ». [Les régions de Grodno et Brest faisaient partie de la Pologne dans l’entre-deux-guerres, la minorité polonaise représentant 24,8% de la population de la région de Grodno, ndlr.] Il n’est pas sûr que ces propos directs – Alexander Loukachenko n’a pas comme habitude de mâcher ses mots – contribuent à calmer le jeu entre Minsk et Varsovie, mais tel n’est peut-être pas non plus le but des dirigeants biélorusses.