Union européenne – Dans les cercles médiatiques de l’UE et les lobbys sans-frontiéristes, on en a entendu plus d’un, ces derniers temps, faire tout un plat des reconductions vers l’Afghanistan. La Finlande vient d’annoncer qu’elle compte suspendre les reconductions – tandis que l’Allemagne et l’Autriche prétendent qu’elles comptent les poursuivre.
Pour être parfaitement honnête, c’est un débat truqué… pour la bonne et simple raison que, malheureusement, les reconductions en Afghanistan sont rarissimes.
La question à poser au chancelier autrichien Sebastian Kurz, et aux pseudo-conservateurs du PPE allemand, qui comme lui cherchent à donner l’impression d’être inflexibles en matière d’immigration, est la suivante : comment ont-ils pu, en tant d’années passées au pouvoir, ne pas réussir à faire reconduire plus de clandestins vers leur Afghanistan natal ?
À en juger par les chiffres en provenance de Mère-Allemagne, il semblerait que les performances de l’UE en la matière tournent autour de un pour cent.
L’Allemagne, gouvernée par la CDU-CSU d’Angela Merkel, est le meilleur exemple de cet exercice de prestidigitation. La triste réalité, c’est que, même avant le COVID, les reconductions y représentaient un pourcentage infime (moins d’un demi pourcent) des afghans entrés sur le territoire : un chiffre insignifiant par rapport aux entrées.
1) Depuis 2016 (il y a plus de cinq ans), l’Allemagne n’a reconduit que 1 000 afghans, soit seulement 200 par an. (source)
2) Alors même qu’à la fin 2016, le total des primo-demandeurs d’asile afghans en Allemagne s’élevait à 158 394 … et qu’au cours de la seule année 2017, 127 000 afghans de plus ont soumis leur demande. (sources : A et B)
Tout cela représente près de 300 000 en l’espace de seulement deux ans (2016 et 2017) … tandis que les vagues d’afghans continuent à déferler.
Aujourd’hui, les Afghans représentent la part la plus importante des demandeurs d’asile dans l’UE – à en croire l’agence européenne des statistiques, Eurostat.
En Autriche, le meurtre sauvage d’une fillette de 13 ans par un sans-papier afghan a choqué l’opinion. Tout en ravivant le débat qui entoure les reconductions vers l’Afghanistan. Aussi éberluant que cela puisse paraître, même après cette tragédie, une logique extrêmement perverse en amène encore certains, en Autriche, à appeler à mettre un terme aux reconductions vers l’Afghanistan. C’est assez difficile à comprendre, au vu de ce qui vient de se passer. En réalité, les reconductions vers l’Afghanistan doivent au contraire être prioritisées, accélérées et massifiées.
Et dans ce domaine, le Premier ministre Sebastian Kurz est loin d’en avoir fait assez. Kurz a eu raison de déclarer que l’Autriche continuera à reconduire des afghans – mais cette énième conférence de presse mise en scène sur le papier à musique des prompteurs ne suffira pas à le dégager de ses responsabilités.
Cela fait déjà un bon bout de temps que Kurz est chancelier en Autriche, et l’afghan inculpé n’aurait pas dû pouvoir rôder dans les rues autrichiennes. Son casier regorgeait d’actes de violence, et il était bien connu des services de police. Qui plus est, le second suspect afghan de l’affaire faisait, au moment des faits, l’objet d’une procédure d’asile … et non de reconduction.
Kurz, un opportuniste typique du PPE, aime faire usage d’une propagande aux accents néo-conservateurs, qui donne l’impression que l’Autriche est en train de reconduire des masses d’afghans. Au vu des chiffres réels, cependant, cette impression s’avère on ne peut plus fausse, à moins de s’être fixé des objectifs de réussite incroyablement bas.
De 2015 à 2020, 47 000 afghans ont présenté des demandes d’asile en Autriche.
Or, entre janvier et octobre 2019, 235 afghans seulement ont été reconduits : 235, pas un de plus ! En 2020, sous prétexte de COVID – alors même que cela ne devrait avoir aucune conséquence sur les reconductions – ce chiffre est tombé à près de zéro.
Kurz a beau être jeune, il a occupé des postes importants dans les gouvernements qui se sont succédés à la tête de l’Autriche depuis 2013, devenant chancelier en décembre 2017, et occupant ces fonctions depuis lors (à l’exception d’une courte période suivant la chute de son premier gouvernement) ; il a, notamment, été ministre des Affaires étrangères de décembre 2013 à décembre 2017, au pire moment de l’invasion migratoire.
Admettons qu’il n’ait pas que des torts – mais on ne peut pas non plus dire qu’il soit réellement ce qu’il fait semblant d’être.
Compte tenu de l’influx massif d’afghans qui s’est produit en Autriche sous ses mandats gouvernementaux, Kurz, s’il voulait être pris au sérieux, devrait reconduire un peu plus que 235 afghans en l’espace de deux ans (les chiffres de 2021 ne sont pas encore disponibles) !
L’incapacité, en dépit de toutes les déclarations qui se succèdent, à reconduire les sans-papiers en provenance d’Afghanistan (et d’autres pays) est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles il est impératif que le pacte sur la migration en préparation à l’échelle de l’UE soit balayé sans conditions.
La rhétorique mise en œuvre par Berlin et Bruxelles laisse penser qu’il ne s’agit de rien de plus que d’un nouveau tour de passe-passe à base de sauvetages en mer et de quotas de répartition dans l’immédiat … suivis par des promesses de reconductions à l’avenir – qui ne déboucheront jamais sur aucune réalité significative.
Le pacte sur la migration de l’UE, conçu par l’Allemagne et la suédoise Ylva Johansson (de vrais experts des questions migratoires !), amènera l’UE à s’engager à procéder à des répartitions de migrants à l’infini, et à accepter une immigration de masse pendant encore des décennies.
C’est Viktor Orbán qui a proposé la bonne solution : imposer un moratoire de deux ans sur toute immigration en provenance de l’extérieur de l’UE, jusqu’à ce que l’Europe prouve qu’elle est capable de reconduire les clandestins déjà présents sur son territoire. Même si, pour être parfaitement franc, je pense que ce moratoire devrait être plus long, et sa levée, soumise à la condition d’un pourcentage conséquent de reconductions effectives de clandestins – ce serait tout de même un bon début.
Mais ne faites jamais confiance à Berlin ou à Bruxelles quand ils vous promettent de futures reconductions dans le cadre d’une manœuvre sournoise en vue de créer un système permanent de répartition de migrants à l’intérieur de l’UE. Les résultats de ces promesses seront les mêmes qu’au cours des six dernières années : un raz-de-marée de mâles agressifs débarquant de cultures allogènes, et une infime proportion de reconductions, pour tenter de faire illusion.