Italie – Mario Draghi vient tout juste de lui envoyer un message d’une grande clarté, sous la forme d’un nouvel arrivage de 800 clandestins pendant le weekend.
A son ministre Matteo Salvini, qui venait de soumettre la poursuite de sa participation au gouvernement à la condition d’un arrêt des débarquements clandestins, Mario Draghi semble avoir envoyé un message, sous la forme d’un arrivage tout frais de plus de 800 clandestins au cours du weekend.
Il y a plusieurs mois, Salvini, après une première réaction pleine de scepticisme, avait décidé, suivant les conseils que lui prodiguaient les caciques de la Lega, d’entrer au gouvernement d’unité nationale formé par Mario Draghi.
Des sources internes à la Lega nous répétaient alors que ce « lifting europhile » de Salvini allait doper son image, améliorant ainsi ses chances de devenir Premier ministre.
De toute évidence, leur calcul était faux : ils ne s’attendaient pas à l’ascension fulgurante de Giorgia Meloni, dont le parti a maintenant une popularité estimée au-dessus de celle de la Lega par plusieurs sondages récents (même si c’est d’une courte tête).
« La Lega veut s’allier à Draghi dans l’espoir de laver son nom en Europe, en se débarrassant de sa réputation de parti eurosceptique », affirmait une source haut-placée dans la Lega, qui a contribué à la définition de cette politique.
Laver son nom ? Pourquoi donc ? Nous parlons du parti qui, à peine deux ans plus tôt, venait de dominer les dernières élections italiennes !
Mais comme Salvini va très tôt le découvrir, en Italie, la Lega n’est pas capable de dépasser la gauche sur son flanc européiste. Les chiffres de popularité de la Lega n’ont de cesse de s’effondrer, alors même qu’elle venait de faire le meilleur score en nombre de voix (34%) aux dernières élections européennes (celles de 2019). Aujourd’hui, elle est tombée à environ 20% d’intentions de vote, ce qui représente une chute d’environ 41% en deux ans à peine.
Cette évolution contraste avec celle des Frères d’Italie (FdI) de Meloni, qui n’ont attiré que 6.5% des suffrages en 2019, mais ont aujourd’hui des intentions de vote chiffrées à 20-21% – une progression d’environ 67%.
Les sondages nous montrent donc un retournement de situation des plus complets.
Pendant ce temps, le gouvernement Draghi continue à livrer à l’ennemi les frontières de l’Italie. Dans le courant du weekend, une nouvelle fournée de 800 clandestins a été autorisée à débarquer en Italie, quelques jours à peine après la déclaration de Salvini dans laquelle il avait affirmé que la poursuite des débarquements mettait en péril son soutien au gouvernement.
Et maintenant, de quelle sorte de preuve Salvini a-t-il encore besoin ?
Un navire allemand de transport de migrants, avec 257 clandestins à son bord, a accosté samedi en Sicile, après avoir obtenu pour cela l’autorisation des autorités italiennes … et, quelques heures plus tard, un bateau « humanitaire » français, convoyant 549 clandestins, a reçu une permission portuaire du même type.
Salvini et sa Lega ont librement choisi d’accorder leur soutien à ce gouvernement immigrationniste… en pleine connaissance des antécédents en matière d’immigration de l’actuel ministre de l’Intérieur. Il est difficile de s’imaginer comment Salvini a pu croire que les choses, cette fois-ci, allaient se passer différemment.
Il a commis une erreur colossale. Seule Giorgia Meloni, incarnant l’opposition patriote, s’en est tenue à ses principes, en refusant son soutien à ce gouvernement d’union sacrée.
Salvini a certes « bénéficié » de conseils empoisonnés, mais Salvini, après tout, est doué du libre arbitre. Il a choisi d’entrer dans ce gouvernement où siègent aussi Matteo Renzi et les socialistes pro-immigration.
Il y a quelques jours, il a clairement affirmé que son soutien au gouvernement deviendrait incertain si le gouvernement Draghi continuait à autoriser les entrées sur le territoire.
Or on dirait que Draghi vient d’envoyer à Salvini sa réponse : plus de 800 clandestins en deux jours à peine. Des actes qui parlent plus fort que n’importe quelles paroles.
Il est hors de doute que Salvini est en perte de crédibilité, et que ses décisions récentes en ont laissé plus d’un perplexe. S’il ne quitte pas ce gouvernement très vite, comment pourrait-on encore lui faire confiance pour diriger l’Italie à l’avenir ?
Et pourtant, l’Italie (et l’Europe) ont besoin à la fois de Meloni et de Salvini, et ont besoin qu’ils jouent dans la même équipe. On peut craindre que certains (notamment au PPE) ne soient en train de tenter de les dresser l’un contre l’autre. Et en effet, on remarque l’apparition de tensions, qui risqueraient à l’avenir de créer une diversion fatale à la coalition de droite actuelle.
Incontestablement, Salvini a été très décevant au cours de ces derniers mois, et, même si l’auteur de ces lignes n’est pas encore disposé à le passer par-dessus bord sans autre forme de procès, Salvini semble être vraiment trop décidé à compromettre ses chances de devenir le prochain Premier ministre de l’Italie. Mais il pourrait malgré tout fournir à un gouvernement Meloni un très bon ministre de l’Intérieur.
Il est grand temps pour Salvini de se débarrasser de son masque sanitaire europhile. Il faut qu’il rejoigne Meloni dans son combat légitime, et qu’il commence à faire pression sur le gouvernement actuel en vue de provoquer des élections anticipées.
Combien de nouveaux débarquements faut-il pour qu’il y en ait trop – demandait Salvini l’autre jour. C’est une très bonne question, que Salvini devrait lui-même se poser, et à laquelle il devrait répondre, au lieu de maintenir son soutien au gouvernement.
Draghi, de son côté, y a apporté une réponse immédiate, sous la forme d’un nouvel arrivage de 800 clandestins en l’espace de deux jours. A présent, c’est au tour de Salvini de donner sa réponse à Draghi : une réponse par les actes, consistant à quitter son gouvernement.
Le fils prodigue de l’Italie doit revenir au bercail.