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L’UE ne dépose pas les armes contre… la Pologne et la Hongrie

Temps de lecture : 2 minutes

Article paru dans le quotidien Présent.

UE/Pologne/Hongrie – La Pologne et la Hongrie sont aujourd’hui les deux pays de l’UE qui accueillent le plus de réfugiés ukrainiens. Entre le jeudi 24 février, premier jour de la guerre déclenchée par la Russie contre son voisin slave, et le vendredi 4 mars au matin, plus de 670 000 réfugiés sont arrivés en Pologne, pays de 38 millions d’habitants. En Hongrie, pays d’à peine 10 millions d’habitants, c’était déjà près de 150 000. En tout, plus d’un million d’Ukrainiens ont fui leur pays en une semaine, ce qui est un déplacement de population inédit en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le défi logistique est gigantesque, et, en Pologne comme en Hongrie, c’est toute la population qui se mobilise.

Pendant ce temps à Bruxelles et à Paris, plutôt que d’accourir au secours des pays en première ligne et de débloquer en urgence des fonds à leur intention, on est toujours occupés à sanctionner financièrement la Pologne et la Hongrie.

Les 3 et 4 mars, les ministres des Affaires européennes devaient se réunir à Arles, sous la présidence française, pour discuter, selon le programme divulgué le 2 mars et mis en ligne sur le compte Twitter du député polonais au Parlement européen Jacek Saryusz-Wolski, de l’efficacité des outils existants pour faire respecter « l’État de droit ». Il devait ainsi être question de la procédure de sanction de l’article 7 contre la Pologne et la Hongrie, que la France souhaiterait réactiver, et de la manière de développer la « boîte à outils » contre ces deux pays récalcitrants et d’étendre encore « l’étendue des valeurs » couvertes  par le nouveau mécanisme de conditionnalité, ou mécanisme « d’État de droit ». Ainsi que l’avait annoncé le ministre chargé des Affaires européennes Clément Beaune avant même le début de la présidence française le 1er janvier, Paris tient beaucoup à faire avancer ces procédures de sanction et l’on constate aujourd’hui que le président Macron et son gouvernement ne se laisseront pas détourner de leur agenda eurofédéraliste par la guerre en Ukraine et une vulgaire vague de vrais réfugiés.

Le Parlement européen n’est bien entendu pas en reste. Les grands groupes, du centre-droit (où siègent les LR français) à l’extrême gauche en passant par Renew Europe (le groupe des LREM) et les socialistes, sont justement en train de préparer une nouvelle résolution pour exiger de la Commission européenne qu’elle actionne sans attendre le nouveau mécanisme conditionnant le versement des fonds européens au respect de « l’État de droit » et des « valeurs européennes ». La proposition de résolution demande que le Conseil fasse avancer la procédure de sanction sous le régime de l’article 7, et elle appelle la Commission à engager la procédure de blocage des fonds versés au titre du budget (ceux du plan de relance NextGenerationEU étant déjà bloqués, de manière informelle, pour la Pologne et la Hongrie), et même de le faire « avant les élections parlementaires hongroises du 4 avril, considérant les risques graves pour le budget de l’UE ». En d’autres termes, les auteurs de la proposition de résolution voudraient que l’UE suspende les fonds pour la Hongrie rapidement afin de contribuer à faire perdre le gouvernement hongrois sortant et avoir un gouvernement ami et soumis à Budapest.

C’est certes moins brutal que la méthode Poutine en Ukraine, mais l’objectif recherché est le même.