Pologne/Russie – Le 10 avril 2010, un Tupolev 154 polonais transportant le président Lech Kaczyński et 88 autres membres de l’élite polonaise ainsi que sept membres d’équipage s’écrasait près de l’aéroport de Smolensk (ouest de la Russie), non loin de Katyn, où la délégation polonaise venait se recueillir à l’occasion du 70e anniversaire du massacre de Katyn, par lequel la police politique soviétique avait massacré plusieurs milliers de Polonais – essentiellement des officiers – au printemps 1940.
La version officielle actuelle attribue cette catastrophe à des erreurs de pilotage de l’équipage polonais et aussi, dans la version polonaise du rapport, à des erreurs de guidage des contrôleurs aériens russes. Cependant, la thèse d’un possible attentat refait régulièrement surface.
Ce dimanche 10 avril, à l’occasion du 12e anniversaire de la catastrophe, le vice-Premier ministre polonais et président du PiS, Jarosław Kaczyński – frère jumeau de Lech Kaczyński –, a effectué des déclarations laissant entendre de prochaines révélations suite à la publication imminente d’un nouveau rapport d’enquête polonais :
« Nous nous réunissons après trois ans, la pandémie ayant empêché les réunions en 2020 et 2021. Aujourd’hui, trois années importantes se sont écoulées, importantes du point de vue de la cause pour laquelle nous nous réunissons ici […] Chaque fois que nous sommes ici, nous pensons à rendre hommage, à nous souvenir de tous ceux qui sont morts sur le chemin de Katyn (…) Aujourd’hui, nous voulons aussi leur rendre hommage, nous voulons garder leur mémoire vivante, nous voulons que cette mémoire dure – aujourd’hui, demain, dans un an, dans deux ans […] elle fait partie de notre identité. […] J’ai également toujours parlé du grand besoin de vérité, de la recherche de la vérité, de la réponse à la question : que s’est-il réellement passé ? Car il y a bien eu une catastrophe, mais s’agissait-il d’une catastrophe, d’un accident, d’une coïncidence ? […] Beaucoup d’entre nous avaient de grands doutes dans leur esprit et dans leur cœur, beaucoup savaient en fait que cette histoire officielle n’avait rien à voir avec la vérité. […] Mais […] avoir des preuves, une réponse claire et cohérente à la question de savoir ce qui a conduit à cette tragédie est une grande différence… […] C’est une différence qui compte, non seulement dans le domaine de la justice, de la responsabilité, mais aussi une différence morale. […]
Et aujourd’hui je veux vous dire qu’après ces trois années il y a un grand changement.
[…] Ce changement est dû non seulement au contexte tragique dans lequel nous sommes réunis aujourd’hui, à savoir la guerre en Ukraine. […]
Ce contexte confirme, non pas pour la première fois, mais pour la première fois de manière aussi forte, aussi directe, que la Russie n’a pas changé et que le post-communisme, car il y a du post-communisme en Russie, est aussi criminel que le communisme.
[…] En fait, il fallait être capable de rassembler des preuves, c’était extrêmement difficile et cela a pris de nombreuses années. Certaines personnes ont dit que dans le cas de la chute de l’avion qui se rendait en Malaisie depuis la Hollande, tout a été fait plus rapidement […], mais il y avait l’épave, il y avait l’aide des autorités ukrainiennes, il était possible d’agir sur place. […]
Le travail a été long, mais aujourd’hui nous savons ce qui s’est passé, nous avons cette réponse, pour la première fois complète, répondant à toutes les questions, et également vérifiée […] y compris hors de Pologne.
[…] Nous en parlerons dans les prochains jours, [le rapport] sera présenté à l’opinion publique ».
Lundi, la commission gouvernementale chargée de faire le clair sur les causes de la catastrophe de Smolensk a enfin, après plusieurs années de travail, présenté les résultats de ses travaux. Malgré le fait que la Russie ait toujours refusé de restituer l’épave de l’avion, la commission conduite par l’ancien ministre de la Défense Antoni Macierewicz affirme détenir les preuves du fait que c’est une explosion criminelle qui a conduit à la catastrophe.