Entretien avec Frédéric Petit, député des Français établis hors de France (Allemagne, Europe centrale, Balkans) : « Je réinvente ce qu’est un député en guerre. Je dis à mes collègues : moi, je suis en guerre. J’ai accueilli des gens, j’ai été sur la frontière, j’ai été en Ukraine plusieurs fois… »
Au Forum économique de Karpacz, Ferenc Almássy et Yann Caspar ont rencontré le député français Frédéric Petit. Élu en 2017 et réélu en 2022, Frédéric Petit est député des Français de l’étranger de la 7e circonscription, et membre du Modem, parti centriste membre de la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron. Lorrain d’adoption, il obtient une formation d’ingénieur environnement, mais a également une formation humaniste, ayant étudié les lettres modernes, la musicologie et l’histoire à Metz. Frédéric Petit s’est installé en Pologne au début des années 2000, travaillant dans le domaine de l’énergie (Compagnie générale de chauffe, l’ancêtre du groupe Veolia Énergie). Sa carrière amène le futur député français à travailler avec et pour d’autres entreprises, mais aussi à voyager. Il apprend le polonais, effectue des missions au Donbass, en Égypte et travaille dans de nombreux pays d’Europe centrale et orientale.
Fort de son expérience centreuropéenne, et en particulier polonaise, Frédéric Petit, depuis son élection en 2017 à l’Assemblée nationale, est membre de la Commission des Affaires étrangères, mais aussi, entre autres, président du groupe d’amitié franco-polonais ou encore membre de la délégation française de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE.
Le Visegrád Post l’a interrogé sur les relations entre la France et la Pologne, la vision qu’il a de la Hongrie, mais aussi sur la guerre en Ukraine.
Ferenc Almássy : Vous êtes député des Français de l’étranger, président du groupe d’amitié France-Pologne mais aussi membre de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Vous faites également partie de la majorité présidentielle. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 – suivi de sa réélection en 2022 – comment se portent les relations entre la France et la Pologne, d’une part sur le plan politique, mais aussi, on en parle moins, sur le plan économique, et bien entendu, quel est l’impact de la guerre sur ces relations ?
Frédéric Petit : Voilà plusieurs questions très différentes. Tout d’abord, l’élection, puis, la réélection de M. Macron, n’ont pas été une rupture dans les relations entre la France et la Pologne. En particulier sur le plan économique : les relations économiques entre la France et la Pologne ont toujours été extrêmement bonnes. La Chambre de commerce polonaise en France est une institution qui marche très bien, par exemple. Dans les deux pays, cette relation fonctionne bien.
De ce point de vue,
l’élection de M. Macron n’est pas une date clef. Si l’on recherche une date clef qui a marqué un changement dans les relations franco-polonaises, ce serait plutôt l’élection du PiS en 2015. À ce moment-là, j’étais encore entrepreneur en Pologne. Là, effectivement, il y a eu un moment de malaise,
je vous le dis très simplement : il y a eu un certain nombre de messages envoyés par le nouveau gouvernement polonais à la communauté française qui n’étaient pas compréhensibles. Je n’ai toujours pas compris ce qu’est exactement une « entreprise polonaise », cette notion promue par le PiS.
J’étais patron français en Pologne, j’avais une entreprise polonaise, point barre. C’était mon droit. Il y a eu des messages brouillés au départ, qui se sont aplanis par la suite, pas du fait de la diplomatie gouvernementale, mais par ce que j’appelle la diplomatie citoyenne, c’est-à-dire ce qu’on fait ici, à Karpacz : les entreprises polonaises, les associations, les associations d’employeurs polonais, petit à petit, ces acteurs ont effacé les malentendus.
Il y a eu bien entendu des petits incidents de parcours, mais qui n’étaient que des péripéties sur la longue histoire, extrêmement riche, extrêmement positive, des relations économiques et culturelles entre la France et la Pologne. Pour être un brin provocateur, je daterais le début de ces relations à 1974, avec « Kultura ».
De plus, je le dis de plus en plus fort, il y a ici des ancêtres du modèle de la Communauté européenne : la République des deux nations… jusqu’à ce que Kazimierz Wierzyński a fait en arrivant à Kultura, qui apparaît dans les années 1980. C’est l’équivalent de la réconciliation franco-allemande dans la région. Ce sont des gens qui se sont dit « attention, on risque de redevenir indépendants, ça ne sera pas contre la Lituanie, ça ne sera pas contre l’Ukraine, ça ne sera pas contre le Bélarus, voilà ce que nous voulons faire, voilà ce que nous voulons entreprendre… » Et, heureusement que ça a été fait. Donc c’était manifestement cette philosophie de Kultura, cette capacité de Wierzyński à lancer ce genre de programme dans les années 90, c’est la France. C’est parce que Kultura était installée à Paris et qu’ils avaient compris ce qui s’était passé et ce que représentait la Communauté européenne par rapport à la réconciliation et au développement de relations de deux nations, dans un modèle coopératif et pas dans un modèle impérialiste.
Ferenc Almássy : Je reviens sur la deuxième partie de ma question : l’impact de la guerre dans ces relations, sachant que la Pologne a pris un rôle particulier dans cette situation. Elle joue un rôle extrêmement actif de soutien à l’Ukraine…
Frédéric Petit : Oui, bien sûr. Je suis en plein là-dedans…
Je réinvente ce qu’est un député en guerre. Je dis à mes collègues : moi, je suis en guerre. J’ai accueilli des gens, j’ai été sur la frontière, j’ai été en Ukraine plusieurs fois… Et je parle bien de guerre. J’essaie de faire comprendre – et je suis de plus en plus écouté – que je refuse de dire que c’est une guerre entre des bons et des méchants, mais par contre, je suis très ferme sur le fait que c’est bien une guerre, et une guerre de modèles.
Les relations entre nations européennes sont toujours belligènes, à légitimités croisées, complexes. Néanmoins, il y a deux manières de les traiter. Soit il y a un grand frère, soit il y a en un qui est « meilleur que l’autre », soit il y en a un qui dit que ma langue, elle est plus facile que la tienne… Il n’y a pas que le modèle moscovite qui dit ça, il y en a eu d’autres. Soit il y a des tentatives de dire qu’on peut être une République des deux nations, on peut avoir, comme dans les années 90, cette ambiance Kultura qui a développé un manuel d’Histoire communukrano-biélorusse, lituano-polonais… encore dans les années 90, la Voïvodine serbe… Ce sont des expériences qui opposent au règlement des questions nationales dans les territoires européens un modèle coopératif.
C’est bien d’une guerre qu’il s’agit. Elle a d’ailleurs été préparée. Ça a été les thèmes de la préparation de cette agression. Quand on relit le texte de Poutine d’il y a un an, quand on relit les slogans de 2014 à Lougansk, à Donetsk, et pourquoi ils ne sont pas passés à Kharkiv par exemple, on parle de rapports de force culturels qui étaient dans un modèle ou dans un autre. Kharkiv refuse, parce que Kharkiv était une ville beaucoup plus ouverte que Lougansk ou que Donetsk. Kharkiv vote « Russie unie » pendant huit ans… mais n’a pas été sécessionniste, parce que non, ça, on ne peut pas. Donc, ça, ce sont des choses qui sont en jeu dans cette guerre aujourd’hui.
Concernant les impacts : je pense que le gouvernement français, et en particulier, au plus haut niveau de l’État, comme on dit, ont compris ce que je portais comme parole depuis très longtemps. Si on veut faire une défense commune, on s’écoute tous, on écoute même les fantasmes des autres. Si les Polonais, si les Pays baltes, disent qu’ils ont peur des Russes, on ne leur dit pas « Mais non ! C’est pas grave ! » Quand ma fille a peur du crocodile dans l’armoire, ça ne sert strictement à rien de lui dire qu’il n’y a pas de crocodile dans l’armoire. Ce n’est pas comme ça que je vivrais ma vie de famille, ma vie de parent. Si on veut faire une défense commune, il faut travailler ensemble, y compris sur ces données-là.
Ferenc Almássy : Vous avez été consulté par Emmanuel Macron sur ce sujet ?
Frédéric Petit : Je n’ai pas envie de vous dire comment je travaille avec l’Exécutif et avec Emmanuel Macron. Je ne suis pas consulté officiellement, mais j’ai des échanges, oui, bien sûr. Et donc, il est évident, et ça a été fait, que
la parole des Pays baltes, la parole de l’Estonie, la parole de la Lituanie, la parole de la Pologne, de la Roumanie, même de la Slovaquie… et un peu de la Hongrie, d’une partie des gens qui ont pris la parole en Hongrie, ont été beaucoup mieux comprises par la France. Et je vais même jusqu’à dire qu’il y a eu des amendes honorables de ce côté-là.
Par contre, je crois, et c’est en train de se faire aussi, je crois que la Pologne est en train de faire amende honorable sur les comparaisons parfois exagérées, d’essayer d’expliquer que Bruxelles, ce n’est pas l’URSS, ce n’est pas Moscou. Ceux qui continueront à prétendre que Bruxelles impose, que Bruxelles colonise, vont être de plus en plus disqualifiés à l’intérieur de la politique polonaise.
Yann Caspar : Concernant la Hongrie, comment vous expliquez la position hongroise ou comment la percevez-vous ?
Frédéric Petit : Il y a plusieurs positions hongroises, même à l’intérieur du gouvernement. La Hongrie est un pays qui joue et moi je n’ai rien contre… le fait qu’il y ait des pays qui aillent signer des accords qui s’occupent d’un certain nombre de choses, ça ne me choque pas. La Hongrie n’est pas hors la loi au sujet de l’Ukraine aujourd’hui. À mon avis, elle s’approche de questionnements qui ont traversé la société hongroise et auxquels la politique hongroise devra répondre. Ce sont des questionnements sur le modèle qu’on prend.
Depuis que je suis élu, j’ai toujours dit que la Hongrie et la Pologne ne me font pas peur dans leur idée du modèle qu’ils choisissent pour l’Union européenne. Ils choisiront un modèle interculturel, c’est évident. Après qu’ils aient des peurs, qu’il y ait des conflits à gérer dans les institutions européennes, ça ne me gêne pas, absolument pas. Moi, ce qui me gêne en Hongrie, c’est que c’est un pays qui gère très mal ses fonds européens.
Ce n’est même pas de la corruption… Ce qui me gêne le plus, c’est l’inutilité. C’est dommage d’avoir autant de financements européens et d’en faire ce qu’ils en ont fait. J’ai travaillé en Hongrie. Parfois on avait le projet le plus intelligent… et ce qui m’énervait c’était quand un de mes ingénieurs me disait : « Non, non, on n’y va pas ! C’est pas la peine. » Je savais ce que cela voulait dire.
J’ai pris cet exemple, tout à l’heure, d’ancêtres de l’Union européenne, la Voïvodine serbe, c’est une expérience qui est marquée par la philosophie européenne de l’exemple hongrois… On est obligé de dire ça. Et il y a une manière originale, je trouve, et pas toujours faussement impérialiste, en Hongrie, dans certains parti politiques hongrois, d’avoir une expression politique en Slovaquie, d’avoir une expression politique en Transylvanie, ça ne me choque pas, au contraire.
Ce qui me choque, par rapport à ça, c’est plutôt des prises de positions. Quand l’historiographie hongroise me parle d’espaces vides… Je vous ai parlé tout à l’heure du caractère belligène à cause des transhumances en Europe. S’il y a un des partenaires qui commence par donner comme a priori historiographique qu’on avait un espace vide dans la plaine de Pannonie, bon… Je reconnais la légitimité, je crois qu’il y a une légitimité magyare évidente. Mais on ne peut pas réfléchir comme ça.
C’est plutôt ce genre de choses qui me gênent. Concernant la démocratie, la position hongroise est un choix qui a été fait dans des conditions correctes [NDLR : Monsieur Petit a été observateur lors des élections législatives hongroises d’avril 2022]. Ce qui me gêne le plus en Hongrie, c’est que le gouvernement a le droit de décider qui a le droit de faire une thèse, et sur quoi ou pas, je me méfie. Je parle de faits. Je dis, ça m’interroge.
Du reste, la société hongroise est beaucoup plus questionnée par l’agression russe que ce qu’on raconte dans le prisme des positions du gouvernement.
Yann Caspar : Vous avez récemment publié une tribune, dans La Croix. On peut y lire cette phrase : « Prendre la défense de l’Ukraine aujourd’hui et demain, malgré ses fragilités, ses difficultés, et malgré ses défauts et ses côtés sombres, ce n’est pas un choix moral ou aveugle, voire affectif entre d’un côté des bons et des méchants de l’autre… ». Qu’entendez-vous par « ses défauts et ses côtés sombres » ?
Frédéric Petit : J’habite à Cracovie, c’est en Galicie, je connais les côtés sombres de la France, je connais les côtés sombres de la Pologne, je ne dis pas qu’il y a des bons et des méchants, je dis que je connais aussi les aspects sombres de l’Ukraine.
En tout cas la guerre aura donné un bon coup de booster sur un certain nombre de choses, c’est très positif sur les institutions, sur la prise de responsabilités de jeunes, etc. Je suis allé à Tchernihiv il y a quinze jours. Il y a une société civile qui est en train de prendre le pouvoir, c’est évident.
On a un personnel politique – Politique avec un grand « P » – de responsables qui prennent leurs responsabilités aujourd’hui, et qui ont été le choc positif de la guerre. Mais oui, il y a des côtés sombres. Il y avait de la corruption… je ne sais pas comment ils vont en sortir… Je ne dis pas que ce sont des saints contre des diables. Je ne le dis pas, je ne le dirai jamais. Je connais des Français qui travaillent là-bas et je sais ce que ça veut dire. J’y ai travaillé.
Ferenc Almássy : Vous avez travaillé dans le Donbass.
Frédéric Petit : Oui, j’ai travaillé, j’ai fait des missions dans le Donbass quand j’étais à mon compte. Deux fois une semaine à Lougansk dans les mines de charbon, j’aidais les mines à organiser leur captage de méthane pour faire des crédits carbone. J’ai fait des audits de réseaux de chaleurs à Altchevsk. Oui, quand on arrive, ce n’est pas une économie translucide… et puis ça n’est pas une économie qui marche très bien… et ce ne sont pas des institutions qui marchent très bien. C’est ce que je veux dire. Mais je ne dis pas que c’est des nazis qu’il faut chasser… Je m’opposerai toujours à ça.
Si on part dans ce domaine-là, d’un côté ou de l’autre, soi pour dire que ce sont des nazis qu’il faut chasser, soit pour dire, ce sont des héros, enfin, ce sont des héros, oui, je pense qu’il y a des héros en ce moment, oui, mais pas pour dire que ce sont des saints, et bien, on ne va pas traiter le vrai problème. Le vrai problème, c’est qu’on doit défendre un modèle contre un autre modèle. Ça oui, là il faut être costaud. On va défendre un modèle contre un autre modèle.
Yann Caspar : Depuis le mois de février, j’ouvre la presse en Europe de l’ouest, je lis partout : « souveraineté ukrainienne », «fierté nationale », « identité », « défense de la patrie »… J’ai plutôt l’impression que lorsque ces termes étaient utilisés en Hongrie pendant des années – ils n’ont jamais été interdits, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, on peut s’exprimer librement en France ou en Hongrie – disons qu’ils sont assez mal vus…
Frédéric Petit : Non, je ne suis pas d’accord. La prémisse de votre question n’est pas bonne. Je ne vais pas rentrer dans ce débat-là. Encore une fois, c’est un débat qui ne m’intéresse pas. J’aime mon pays. Les Français, souvent bi-nationaux, qui votent pour moi, aiment leur pays, et comme je le dis souvent, ils ne sont pas 50/50, ils sont 100 % égaux. Le discours que je porte, le discours que porte mon parti, le discours que porte la majorité présidentielle, le discours que porte le président de la République, n’est absolument pas un discours sceptique par rapport à ça. On a rétabli le service national. Donc, il ne faut pas nous jouer ce jeu-là. On connaît ces problématiques et on les défend. Et je n’ai jamais critiqué quelque gouvernement que ce soit dans l’Union européenne parce qu’il aimait son pays et parce qu’il avait envie de défendre ses valeurs.
Ce que je dis, c’est que ça doit être transcendé. Et c’est transcendé de plus en plus souvent. Les murs sont nécessaires pour porter le toit, mais s’il n’y a pas de portes et pas de fenêtres dans mes murs, ma maison, je ne peux pas y vivre. Par contre j’ai besoin de murs pour porter mon toit, sinon je n’ai pas de maison. Donc, je suis très clair là-dessus.
Je vois très bien pourquoi vous me posez cette question, mais je n’ai pas envie de rentrer là-dedans. Non, ces termes n’ont pas été très mal vus en France. C’est quelque chose qui a été instrumentalisé, peut-être… C’est quelque chose où je reconnais qu’il y a des gens qui sont un peu maladroits parfois. Peut-être qu’il y a une frange, et encore, pas tout à fait homogène, à l’extrême-gauche de l’hémicycle, qui va encourager ce genre de dichotomie, mais je n’y crois absolument pas. J’ai un collègue à l’Assemblée qui a perdu un neveu, pendant sa mandature, qui servait sous les drapeaux. Et voilà. Et on est très clair là-dessus. Et tout le monde l’est. Je le suis pour les Polonais. Je le suis pour les Ukrainiens. Après voilà, il y a des choses qui sont instrumentalisées. Je ne veux pas entrer dans ce débat.
Ferenc Almássy : Une dernière question : est-ce que la France considère le V4 comme une entité avec laquelle on discute, ou y a-t-il simplement des discours bilatéraux entre pays ? Est-ce qu’il y a une considération du V4 comme une force quelconque d’un point de vue politique ou pas forcément politique d’ailleurs, ça peut être aussi économique.
Frédéric Petit : Oui, bien sûr. Au dernier sommet du V4, on était présent, on était invité. À Bratislava, on y était. Je suis très partisan de ce qu’on appelle la diplomatie interparlementaire. Je suis allé en Ukraine avec des formats interparlementaires. Je souhaite développer ces formats interparlementaires. J’ai participé à des formats interparlementaires à travers le monde, je participe à cette création de « United for Ukraine ». J’en étais à l’origine. Je suis en train de travailler sur un format interparlementaire « Balkan 2050 » à onze pays et pas à six. Je crois beaucoup à cette donnée interparlementaire et j’en ai souvent parlé à l’Assemblée parlementaire franco-allemande, où, je crois, il doit y avoir un groupe de contact avec le V4, interparlementaire, et il y a déjà eu, je ne sais plus à quelque titre, mais j’ai été invité à un V4 interparlementaire. Ce n’est pas un cadre systématique, mais ça existe. C’était encore au temps de Krynica [NDLR : ancienne localité du Forum économique, qui se tient à Karpacz depuis 2021].
Qu’il y ait la multiplicité des accords, ne me choque pas, absolument pas, au contraire, et puis il y a forcément des entités qui doivent travailler ensemble de manière différente. « Balkan 2050 », par exemple, est un format interparlementaire qui a démarré un peu, même si le travail a été complètement détruit par le Covid, parce qu’on ne peut plus se voir et discuter avec les gens pour les convaincre. Donc là, on va pouvoir repartir, mais, dans « Balkan 2050 », une des premières notions, c’est la réconciliation. Et réconciliation, ce ne sont pas que les Balkans occidentaux.
C’est la Grèce aussi, c’est la Croatie, c’est la Bulgarie. On voit bien que toutes les questions de réconciliation qui sont bloquantes aujourd’hui le sont par dessus les frontières de l’Union européenne.C’est Bulgarie-Macédoine du Nord, c’est la passeportisation des Croates en Herzégovine. C’est intéressant, je dois dire. La réconciliation étant un des dossiers où l’interparlementaire est fondamental, et bien, ça c’est un dossier qui doit être vu, qui peut être vu par « Balkan 2050 ». Et qui ne sera, aujourd’hui, pas vu dans une autre instance, peut-être le processus de Berlin, mais dans le processus de Berlin, on avait essayé de monter une interparlementaire qui avait eu lieu à Poznań, en forme embryonnaire, mais à cause du Covid, qui n’a pas été solidifiée. L’interparlementaire de la mer Noire, je suis en train de travailler dessus aussi.
Est-ce que la Plateforme internationale sur la Crimée pourrait avoir une dimension parlementaire ? Ça intéresse beaucoup mes collègues ukrainiens en effet qu’on fasse une plateforme interparlementaire sur la Crimée, qui pourrait se recouper avec celle de la mer Noire.