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Manifestation et contre-manifestation en Tchéquie à propos des sanctions contre la Russie

Temps de lecture : 3 minutes

Tchéquie – « La Tchéquie à la première place ! ». Tel était le principal slogan des organisateurs de la manifestation qui a réuni plusieurs dizaines de milliers de manifestants (selon la police) vendredi place Venceslas à Prague. D’autres manifestations du même type se déroulaient dans plusieurs villes de Tchéquie à l’appel de plusieurs organisations et partis à sensibilité souverainiste. C’était la troisième manifestation de ce type au cours des deux derniers mois. La première et la deuxième s’étaient déroulées au début et à la fin du mois de septembre avec à chaque fois des appels à la démission du gouvernement de coalition de centre-droit de Petr Fiala et à des élections anticipées, ainsi qu’à une levée des sanctions contre la Russie et une négociation avec Moscou pour la livraison de gaz russe. Il y avait eu, selon la police, 70 000 manifestants contre les sanctions à Prague lors de la manifestation du mercredi 28 septembre, à l’occasion de la fête commémorant la mort de saint Venceslas, duc de Bohême au Xe siècle et premier patron des pays tchèques. Celle de vendredi, avec une fréquentation en baisse selon la police, malgré une place Venceslas bien remplie, se déroulait à l’occasion de la fête de l’Indépendance commémorant la création d’un État tchécoslovaque en 1918.

Les médias, y compris en Tchéquie, en ont relativement peu parlé mais le correspondant du Visegrád Post, Alimuddin Usmani, y était et a relayé le chiffre de 100 000 manifestants environ, au milieu d’une mer de drapeaux tchèques (et aucun drapeau européen ou ukrainien), avec de nombreux intervenants. Parmi les reproches faits au gouvernement, il y avait le fait qu’il donnerait selon les intervenants des privilèges aux Ukrainiens par rapport aux Tchèques, leur ouvrant en outre la porte, en leur délivrant des visas temporaires, à un titre de séjour permanent, à la naturalisation et au regroupement familial. Une revendication était donc que ces réfugiés soient traités comme des réfugiés de guerre classiques.

Les principaux médias ont cependant préféré se concentrer sur la contre-manifestation de dimanche, de taille similaire selon la police (ce que semble peu ou prou confirmer les photos de la manifestation), où plusieurs organisations avaient appelé à venir manifester « contre la peur » que les souverainistes, qualifiés pour l’occasion d’extrême droite et d’extrême gauche, sont censés distiller dans la population avec leur discours. À tendance plus centriste et de gauche, pro-UE et atlantiste, la manifestation de dimanche avait également des slogans en faveur des droits LGBT en référence à l’assassinat dans la capitale slovaque Bratislava le 12 octobre dernier de deux homosexuels devant un bar gay. Un assassinat qui avait déjà suscité récemment des manifestations de soutien aux homosexuels, de taille certes plus modestes, à Bratislava et Prague.

La  manifestation de dimanche était cependant d’abord et avant tout une nouvelle expression de soutien à l’Ukraine dans sa guerre de défense contre la Russie et à la politique du gouvernement Fiala dans ce domaine. La Tchéquie est en effet depuis le début de cette guerre – en proportion de sa taille – un des pays les plus engagés en faveur de Kiev, y compris en termes de livraisons d’armes. La Tchéquie avait d’ailleurs été la première à livrer de grandes quantités de chars de conception soviétique à l’Ukraine, avant que la Slovaquie et la Pologne, notamment, ne lui emboîtent le pas. À ce jour, la République tchèque a délivré quelque 450 000 visas temporaires à des réfugiés ukrainiens. Le premier ministre Petr Fiala avait fait partie du premier groupe de chefs de gouvernement européens à visiter Kiev après le début de la guerre, et une réunion de plusieurs ministres des deux gouvernements devait se tenir ce lundi dans la capitale ukrainienne pour parler de la reconstruction du pays après la guerre.