Hongrie – Le Pape François a effectué, du 28 au 30 avril un voyage apostolique à Budapest, en Hongrie au cours duquel le Saint-Père s’est entretenu avec les dirigeants hongrois, a rendu visite à différentes institutions et s’est également adressé directement aux fidèles.
Le Pape François a tout d’abord été accueilli vendredi 28 avril, vers 10 heures du matin, à l’aéroport Ferenc Liszt de Budapest, par une délégation du gouvernement hongrois comprenant notamment le ministre des Affaires étrangères Péter Szijjártó et le vice-Premier ministre Zsolt Semjén (KDNP).
Il s’est ensuite rendu au palais Sándor où il s’est entretenu avec la présidente hongroise Katalin Novák avant de rencontrer le Premier ministre Viktor Orbán puis des représentants de la société civile et du corps diplomatique.
Dans l’après-midi, le Saint-Père a notamment rencontré des prêtres et des séminaristes à la Basilique Saint-Étienne de Pest avant de prononcer un discours, dans lequel il a notamment rappelé que
Budapest « n’est pas seulement une métropole noble et vivante, mais aussi le théâtre de grands événements historiques […] elle est appelée à jouer un rôle de premier plan dans le présent et dans l’avenir.
[…] Née en temps de paix, elle a également connu des conflits brutaux : non seulement les invasions du passé, mais aussi, plus récemment, les actes de violence et d’oppression perpétrés par les dictatures nazie et communiste. […] Mais cette époque a également été marquée par l’héroïsme de nombreux ‘justes’ […] et, plus tard, par la grande résilience et l’engagement dont a fait preuve la population dans son travail de reconstruction.
C’est ainsi que Budapest est aujourd’hui l’une des villes européennes ayant la plus grande population juive, le cœur d’un pays qui reconnaît la valeur de la liberté et […] est conscient de sa mission de préserver le trésor de la démocratie et le rêve de la paix… »
Saluant également le « rôle essentiel » joué par la Hongrie en Europe, le Pape François a ensuite souligné qu’« en ce moment historique, l’Europe est cruciale, car grâce à son histoire, elle représente la mémoire de l’humanité » et appelé à « retrouver l’esprit européen : l’enthousiasme et la vision de ses fondateurs », citant tour à tour l’Italien Alcide De Gasperi et le Lorrain Robert Schuman, et rappelant à juste titre que
« l’Europe des 27, bâtie pour créer des ponts entre les nations, nécessite la contribution de tous, sans pour autant diminuer la singularité de chacun. »
Dans cet ordre d’idée le Saint-Père a appelé à « ne pas tomber dans les formes autoréférentielles du populisme » et à
« ne pas recourir à un ‘supranationalisme’ fluide, voire insipide, qui perd de vue la vie de ses peuples »
avant de terminer son allocution par ces mots, prononcés en hongrois : « Isten, áldd meg a magyart » [Que Dieu bénisse le peuple hongrois].
Le lendemain, samedi 29 avril, le Pape François s’est tout d’abord rendu à l’Institut László Batthyány-Strattmann, un établissement pédagogique pour les enfants aveugles et/ou handicapés moteurs, avant de rencontrer des fidèles, dont des réfugiés, à l’église Sainte-Elisabeth de la maison d’Árpád, de rencontrer la communauté grecque catholique et de terminer l’après-midi avec des jeunes au stade László Papp de Budapest.
Enfin, le dimanche 30 avril, le Pape François a assisté à la messe dominicale sur la place Lajos Kossuth, devant le parlement hongrois, avant de rencontrer des universitaires et des personnalités du monde culturel à l’Université catholique Péter Pázmány.
Cette visite de trois jours, moins de deux ans après la visite éclair (de sept heures !) du Pape lors du Congrès eucharistique mondial de septembre 2021, marque un tournant dans la relation entre la Hongrie et le Vatican. En effet, le Pape François s’était frontalement opposé à l’attitude de Viktor Orbán par rapport à l’immigration clandestine massive et extraeuropéenne en 2015 et 2016. Si le pape continue de tenir un discours d’accueil, il n’a pas fait la leçon au gouvernement conservateur de Viktor Orbán lors de cette visite. Son discours d’ouverture lors de son homélie sur la place Kossuth a bien vite été interprétée dans les médias de gauche comme un appel à accepter l’immigration, cependant c’est comprendre de travers les propos du pape qui appelle les chrétiens à s’ouvrir à l’Autre, dénonçant notamment l’indifférence et l’individualisme de manière générale, y compris parmi les chrétiens.
Viktor Orbán mène depuis plusieurs années une politique d’apaisement et de rapprochement avec l’Église catholique, qu’il soutient massivement en Hongrie. Aujourd’hui, le Vatican est le seul allié de la Hongrie en Europe dans la « position pro-paix » décrite par Orbán, qui repose sur l’idée de cessez-le-feu immédiat et de pourparlers avec l’Union européenne comme médiateur.