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La question de la souveraineté nationale en matière de munitions de petit calibre est devenue un sujet brûlant pour la France. Depuis la fermeture de l’usine de Giat Industries au Mans dans les années 1990, le pays a perdu sa capacité à produire localement des munitions de 5,56 mm, 7,62 mm et 9 mm. Cette lacune a été longtemps négligée par la Direction générale de l’armement (DGA), qui estimait que l’approvisionnement auprès de fournisseurs étrangers était suffisant. Cependant, les événements récents, tels que la pandémie de covid-19 et la guerre en Ukraine, ont révélé les vulnérabilités de cette dépendance. Une réévaluation s’impose désormais pour répondre aux besoins essentiels de sécurité des forces armées françaises.
Les tentatives avortées de relance de la filière
En 2017, Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, a tenté de relancer la filière française des munitions de petit calibre. En dépit des réticences de la DGA, il a signé un protocole d’accord avec plusieurs acteurs industriels, dont TDA Armements, NobelSport et Manurhin. L’objectif était de reconstituer une capacité de production nationale. Cependant, la publication de la Revue stratégique de défense en octobre de cette même année a mis fin à ce projet. La décision de ne pas poursuivre la relance a été justifiée par l’absence de valeur stratégique perçue de cette capacité. Malgré cela, les difficultés récentes ont montré la nécessité d’une révision de cette position. La capacité à produire des munitions localement est désormais considérée comme un élément clé de la sécurité nationale.
Les nouveaux enjeux stratégiques
Face aux défis posés par la pandémie et les tensions géopolitiques, la DGA a révisé sa position. Emmanuel Chiva, Délégué général pour l’armement, a récemment admis que la situation mondiale impose de reconsidérer l’importance d’une production nationale. Le besoin d’assurer un approvisionnement prioritaire pour les forces armées est une priorité croissante. Une étude a confirmé la faisabilité d’exiger la localisation d’une usine en France pour répondre aux intérêts essentiels de sécurité. Des discussions sont en cours, notamment avec la Belgique, pour établir un partenariat solide dans le domaine des munitions de petit calibre. La coopération internationale pourrait jouer un rôle crucial dans la réussite de ce projet.
Un partenariat franco-belge potentiel
En effet, la France et la Belgique ont signé une lettre d’intention visant à établir un partenariat dans le domaine des munitions de petit calibre. Ce projet envisage la création d’une ligne d’assemblage en France, tout en s’appuyant sur les compétences belges. Le ministère des Armées a souligné que les industriels travaillent actuellement sur les questions de financement de l’investissement. Le projet doit débuter dans les prochains mois, mais l’approche a récemment été modifiée. En effet, le ministère des Armées envisage désormais un appel d’offres ouvert pour relocaliser la filière. Cette décision offre une opportunité à d’autres industriels européens, bien qu’elle puisse retarder l’ouverture de l’unité de production en France. La réaction de la Belgique face à ce changement reste à déterminer.
Les implications d’un appel d’offres ouvert
Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a validé le principe d’une relance de la filière nationale de petites munitions via un appel d’offres ouvert. Initialement, le belge FN Browning semblait être le partenaire privilégié pour ce programme. Cependant, cette nouvelle approche permet à d’autres acteurs tels que Beretta de participer. Cette décision pourrait potentiellement retarder la mise en place de la production en France. Par ailleurs, la Défense belge pourrait être affectée par ce revirement, ayant envisagé une coopération avec la France, les Pays-Bas et le Luxembourg pour sécuriser les stocks de munitions. La question qui se pose maintenant est de savoir comment ces différents acteurs vont s’adapter à ces nouvelles conditions.
L’évolution de la situation géopolitique met en lumière l’importance de la souveraineté nationale dans le domaine des munitions. La France, en revisitant sa stratégie, prend des mesures pour renforcer sa sécurité. Cependant, les défis de financement, de partenariat et de coordination entre les différents acteurs européens restent nombreux. Comment ces initiatives façonneront-elles l’avenir de la défense française et européenne ?
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Pourquoi maintenant ? On aurait dû relancer cette production il y a des années ! 🤔
Génial ! C’est un retour à la souveraineté nationale. Merci pour l’article. 🇫🇷
Qu’en est-il des impacts environnementaux de cette production ?
Le « made in France » est toujours une bonne nouvelle, mais à quel coût ? 💰
Enfin une initiative qui va dans le bon sens ! Bravo à la DGA. 👏
J’espère que ce projet ne sera pas encore abandonné comme en 2017…
Travailler avec la Belgique est une excellente idée pour renforcer nos liens européens. 🇫🇷🇧🇪
Combien de temps faudra-t-il pour que la production soit réellement opérationnelle ?
La guerre en Ukraine a vraiment changé la donne sur beaucoup de fronts.
Je suis sceptique. Pourquoi ne pas avoir commencé ce projet plus tôt ? 🤷♂️