Par Olivier Bault.
Pour les catholiques polonais comme pour les catholiques du monde entier, le 15 août est la fête de l’Assomption de la Vierge Marie. Le culte marial étant au centre de la religiosité sur les bords de la Vistule, au pays de Saint Jean-Paul II le 15 août est donc une fête importante, et c’est par dizaines de milliers que dans les semaines qui précèdent l’Assomption les pèlerins convergent de tout le pays, à pied, vers le sanctuaire de Jasna Góra, à Częstochowa, qui abrite l’icône miraculeuse de la Vierge Noire.
Mais en Pologne, le 15 août est aussi la Fête de l’Armée polonaise, et nombre de catholiques varsoviens, au sortir de la messe ou avant de s’y rendre, vont aussi applaudir le défilé militaire organisé à cette occasion avenue Ujazdowskie, dans le style de ce qui est organisé le 14 juillet sur les Champs Élysées à Paris. Ce sont les frères Kaczyński (Lech, président de 2005 à sa mort à Smolensk en 2010, et Jarosław, premier ministre en 2006-2007) qui ont remis cette tradition d’avant-guerre au goût du jour. Et si le 15 août était déjà la Fête du Soldat pendant la IIe République polonaise (1918-45), c’est parce que c’est le 15 août 1920 qu’a débuté la contre-offensive des forces polonaises commandées par le maréchal Piłsudski qui ont renversé le cours de la guerre avec la Russie bolchevique et empêché, pour près de vingt ans, à la révolution marxiste-léniniste de s’exporter vers l’ouest.
Une bataille décisive appelée en Pologne « Bataille de Varsovie » ou « Le Miracle de la Vistule », car si le socialiste Piłsudski attribuait la victoire à sa stratégie, l’Église polonaise et une part importante des concitoyens du maréchal héros de l’indépendance de la Pologne y ont vu une intercession de la Vierge Marie. Celle-ci avait été proclamée reine de Pologne par le roi Jean Casimir en 1656, après qu’elle fût déjà intervenu en 1655 pour la défense de Jasna Góra contre les Suédois.
Comme quoi, ce n’est pas la foi chrétienne qui empêche les Européens de se défendre contre leurs envahisseurs, mais plutôt leur manque de foi.
Article publié originellement sur Nouvelles de France.