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- La Commission européenne vient de lancer une nouvelle action en justice contre la Pologne et la République tchèque, car ces deux pays sont désormais les seuls États membres de l’Union européenne à ne toujours pas autoriser les citoyens européens non polonais ou non tchèques à adhérer aux partis politiques nationaux, ce qui désavantagerait ces derniers quant à leurs chance d’être élus aux élections municipales ou européennes. « En effet, les citoyens d’autres États membres de l’UE résidant en République tchèque ou en Pologne ne peuvent exercer pleinement leur droit d’éligibilité, aux élections locales et aux élections au Parlement européen, dans les mêmes conditions que les ressortissants de ces États. La République tchèque et la Pologne sont les deux seuls États membres où une telle interdiction est toujours en vigueur », peut-on notamment lire dans un communiqué de la Commission publié ce 9 juin. « Les citoyens européens qui souhaitent exercer leurs droits politiques dans d’autres États membres de l’Union européenne devraient pouvoir le faire sans restriction. Ils devraient, en particulier, pouvoir se porter candidats aux élections locales et européennes dans l’État membre dans lequel ils résident, dans les mêmes conditions que les ressortissants de cet État membre. La Commission encourage la participation active de tous les citoyens de l’Union européenne au processus démocratique, en veillant notamment à ce que les citoyens d’un autre État membre de l’Union européenne puissent adhérer à un parti politique dans l’État membre de leur résidence, en vertu des droits que leur confère le traité ».
- Dans un entretien publié par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, la vice-présidente du Parlement européen, Katarina Barley (SPD), accuse les gouvernements hongrois et polonais de vouloir « affaiblir l’État de droit » : Le PiS polonais et le premier ministre hongrois Viktor Orbán « essaient d’affaiblir l’état de droit non seulement dans leur pays, mais dans toute l’Europe […] L’Union européenne ne se défend pas assez fermement. Nous ne voulons plus le tolérer. […] Le fait que quelqu’un se plaigne de la loi ne signifie pas qu’elle ne peut pas être appliquée. Je comprends que la Commission veuille être prudente. Par conséquent, nous n’avons pas fait pression tout de suite en janvier. Mais il n’y a aucune raison de ne pas appliquer la loi en vigueur et de risquer que l’Europe subisse de nouveaux dommages […] Il est inacceptable que les chefs d’État et de gouvernement interfèrent si lourdement dans les décisions que le Conseil et le Parlement ont adoptées à une large majorité. Apparemment, ils craignent que la Pologne et la Hongrie ne bloquent des décisions importantes. […] Il sera très difficile de convaincre le PiS ou Viktor Orbán de changer de comportement. Bien sûr, ils utilisent le récit que l’Occident démoralisé veut leur imposer ses valeurs. Mais les questions de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance de la justice ne sont pas une question de croyances ou de caractéristiques nationales, mais plutôt des fondements de notre Communauté européenne ».
Hongrie
- Dans un communiqué publié ce mardi 8 juin, la Fédération hongroise de football (MLSZ) a fait savoir que les joueurs de l’équipe nationale de Hongrie ne se prêteraient pas aux simagrées consistant à s’agenouiller en début de match sur les injonctions du mouvement « antiraciste » Black Lives Matter (BLM) – une pratique devenue courante dans certains pays occidentaux.
- Le soir même, l’équipe nationale de Hongrie affrontait l’Irlande lors d’un match amical à Budapest. En début de match – pendant les hymnes – les joueurs de l’équipe d’Irlande se sont tous agenouillés, alors que les Hongrois n’en ont rien fait. C’est alors que le public s’est mis à siffler cette équipe irlandaise agenouillée, dont les membres – selon l’Irish Times – se sont déclarés choqués, car pour eux, « il est incompréhensible [d’avoir] été sifflés ». « Cela peut certainement être préjudiciable à la Hongrie à cause du Championnat d’Europe également. (…) Cela ne met pas vraiment en lumière la Hongrie et les fans hongrois », a ainsi déclaré le capitaine fédéral irlandais Stephen Kenny. Même son de cloche de la part de l’ancien député européen Péter Niedermüller, actuellement maire du 7ème arrondissement de Budapest (opposition – Coalition démocratique) : « c’est exactement pourquoi je ne suis pas intéressé par l’équipe nationale hongroise, nous pouvons avoir honte de nous-mêmes. C’était mieux d’être irlandais à Budapest ce soir ».
- De son côté, le premier ministre hongrois Viktor Orbán a déclaré parfaitement comprendre la réaction des fans hongrois : « Je ne suis pas du tout favorable à l’agenouillement, le sport concerne autre chose et il n’y a pas de place sur le terrain pour cela. […] Nous n’attendons pas de l’équipe nationale hongroise qu’elle se mette à genoux, mais qu’elle se batte pour gagner […] On ne peut interpréter ce système de gestes que comme une chose incompréhensible, qui est une provocation […] Les Hongrois ne s’agenouillent que devant Dieu, leur pays, ou quand ils demandent la main de leur dulcinée ».
- Les détails de l’organisation de la visite du souverain pontife le 12 septembre prochain à Budapest, où il célèbrera une messe sur la place des Héros à l’occasion de la cérémonie de clôture du congrès eucharistique international, a manifestement été la cause de quelques tensions entre le gouvernement hongrois et Le Vatican. En effet, selon des informations ayant fuité dans la presse, le Pape François n’aurait eu l’intention que de rester trois heures en tout et pour tout en Hongrie avant de se rendre pour un voyage officiel de trois jours en Slovaquie voisine, déclarant notamment que sa venue à Budapest n’était « pas une visite dans le pays, mais [uniquement] pour cette messe », induisant par là pour les observateurs que le successeur de Saint-Pierre ne rencontrerait ni le premier ministre Viktor Orbán ni le président János Áder. Une manière de marquer clairement son opposition à la politique hongroise en matière d’immigration, un domaine dans lequel le Pape François professe plutôt des positions gauchistes. Entretemps, les bons offices du cardinal hongrois Péter Erdő, primat de Hongrie et archevêque d’Esztergom, accompagné de ceux du vice-premier ministre Zsolt Semlyén (KDNP), semblent avoir convaincu le pape de respecter le protocole habituel.
Pologne
- Ce lundi 7 juin, le président biélorusse Alexander Loukachenko a signé un décret proclamant le 17 septembre fête nationale biélorusse sous la dénomination de « Journée de l’unité nationale », commémorant ainsi la date de l’invasion de la Pologne orientale, le 17 septembre 1939, suite au pacte Molotov-Ribbentrop.
- Sondage après sondage, le déclassement de la Coalition civique (KO) et de sa principale composante, la Plateforme civique (PO) de l’ancien premier ministre Donald Tusk continue de se confirmer. Ainsi, selon une dernière enquête d’opinion réalisée par United Survey et publiée le 8 juin par Wirtualna Polska, si des législatives avaient lieu ce dimanche en Pologne, le parti Droit et Justice (PiS) de Jarosław Kaczyński, au pouvoir depuis 2015, obtiendrait 34,4% des voix, contre 23% au mouvement Polska 2050 de Szymon Hołownia, 14% à la Coalition civique, 8,1% à la coalition de gauche Lewica, 7,6% à Konfederacja, une alliance de nationalistes et de libertariens, et 4,7% pour le Parti agraire (PSL).
- Le PiS soutient l’opposition biélorusse contre le président Loukachenko, mais cela a cependant des limites que le vice-président du Sejm et président du groupe parlementaire du PiS, Ryszard Terlecki, a récemment rappelé, après que Svetlana Tichanovskaya ait rencontré le maire de Varsovie, Rafał Trzaskowski : « Si Tichanovskaya veut faire de la publicité pour l’opposition antidémocratique en Pologne et parler à la réunion de Trzaskowsi, qu’elle cherche de l’aide à Moscou […] nous soutenons l’opposition biélorusse qui n’est pas du côté de nos opposants », des propos qui, comme on peut l’imaginer, ont provoqué un véritable tollé au sein de l’opposition libérale polonaise réclamant notamment la destitution de M. Terlecki de sa vice-présidence du parlement.
- Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki avait annoncé dans la nuit du 24 au 25 mai que le conflit tchéco-polonais au sujet de la mine de lignite à ciel ouvert de Turów (sur la frontière entre les deux pays) était sur le point de se régler à l’amiable. Visiblement il n’en est rien, la Tchéquie demande toujours la fermeture immédiate de la mine et réclame même une astreinte de cinq millions d’euros par jour.
- La société Pfizer Inc. a annoncé ce mardi 8 juin le début des tests du vaccin anticovid Pfizer-BioNTech sur un échantillon de 4500 enfants de moins de douze ans dans plus de 90 sites cliniques aux États-Unis, en Espagne, en Finlande et en Pologne.
- Dans un geste historique visant à la réconciliation et à la normalisation des relations entre Polonais et Biélorusses, le président polonais Andrzej Duda a déposé ce mardi 8 juin une couronne de fleurs devant un monument en hommage à 79 civils biélorusses tués par des partisans nationalistes polonais à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
- Les autorités régionales de la voïvodie de Łodź (ouest de la Pologne) ont annoncé ce mardi 8 juin leur volonté de fermer d’ici 2036 la centrale électrique au lignite de Bełchatów – la centrale au charbon la plus polluante d’Europe : elle émet à elle seule plus de 30 millions de tonnes de CO2 par an.
- Le ministre polonais de l’Éducation, Przemysław Czarnek, a déclaré ce mercredi 9 juin devant le Congrès de la pédagogie chrétienne » organisé par le Collège Jagellon (Kolegium Jagiellońskie Toruńska Szkoła Wyższ) que l’enseignement chrétien était nécessaire pour « sauver la civilisation latine en Europe et dans le monde ». « Merci d’avoir organisé ce congrès […] face à une grande attaque contre le christianisme », a-t-il poursuivi. « L’Europe est aujourd’hui un lieu où le christianisme est combattu avec une puissance sans précédent. […] Cette déchristianisation progresse sous nos yeux […] La christianophobie se répand dans les pays d’Europe occidentale à une échelle sans précédent et la Pologne est, comme le note l’archevêque [de Cracovie] Marek Jędraszewski, le dernier pays dans lequel l’église chrétienne n’agite pas le drapeau blanc. […] L’église occidentale est vide… parce qu’elle s’est écartée de la transmission des valeurs chrétiennes […] L’éducation des générations futures est nécessaire pour sauver la civilisation latine et chrétienne en… Europe et dans le monde. […] C’est sur nos épaules – éducateurs chrétiens – que repose aujourd’hui cette responsabilité […] Nous pourrons passer cette épreuve à condition de ne plus avoir peur d’être chrétiens, de penser de manière chrétienne, de transmettre des valeurs chrétiennes aux jeunes générations ».
- Le commissaire européen à la Justice, Didier Reynders, a récemment écrit au ministre polonais de la Justice, Zbigniew Ziobro, pour exhorter le gouvernement polonais de retirer son recours auprès du Tribunal constitutionnel au sujet du conflit entre les normes du droit européen et la Constitution polonaise. Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki y a répondu très clairement lors d’une conférence de presse ce jeudi 10 juin : « La proposition de la Commission européenne n’est pas pertinente sur le plan factuel. Je n’ai pas l’intention de retirer ma requête auprès du Tribunal constitutionnel […] Une requête a été adressée au Tribunal constitutionnel à l’occasion de l’adhésion de la Pologne à l’Union européenne, puis lors de l’adoption du traité de Lisbonne. À chaque fois, le Tribunal constitutionnel a confirmé qu’en cas de conflit de lois, ces dispositions doivent être modifiées ou la loi fondamentale doit être modifiée. C’est la logique de l’adhésion à l’Union européenne », rappelant que pour le gouvernement polonais, « il n’y a aucun doute quant à la suprématie des normes constitutionnelles polonaises sur les autres normes juridiques ».
- Dans un entretien publié par le quotidien Rzeczpospolita ce jeudi 10 juin, le ministre polonais des Affaires étrangères Zbigniew Rau a réagi à la décision de l’administration américaine de lever les sanctions contre le projet de gazoduc Nord Stream 2 : « En janvier, j’ai parlé pour la première fois avec le secrétaire d’État Antony Blinken […] Nous avons convenu qu’il était urgent de reprendre le dialogue stratégique polono-américain. En février et mars, alors qu’il y avait des rumeurs de pourparlers confidentiels américano-allemands sur la NS 2, nous avons entendu des assurances qu’aucune de ces discussions n’était en cours. Nous avons accepté ces déclarations même si elles contredisaient nos connaissances basées sur d’autres sources. Pendant ce temps, je lis maintenant des rapports d’agences selon lesquels des pourparlers ont lieu à Washington cette semaine entre des proches collaborateurs de la chancelière Merkel et des conseillers du président Biden sur l’achèvement de Nord Stream 2. Cette formule du dialogue américano-russo-allemand ne peut pas remplacer les pourparlers entre l’Amérique et les alliés de l’OTAN sur le flanc oriental, qui ressentiront les effets de ces décisions d’une manière particulière. Après tout, ce gazoduc renforcera radicalement les intérêts communs de l’Allemagne et de la Russie et constituera une menace directe pour la paix en Europe. La menace militaire pour l’Ukraine, ainsi que pour la Pologne et d’autres pays de l’OTAN d’Europe centrale, augmentera ».
- De son côté, le député nationaliste Robert Winnicki (Konfederacja) a déclaré à ce sujet via Twitter : « Les États-Unis négocient avec la Russie et l’Allemagne, ignorant les intérêts des pays d’Europe centrale. La Pologne doit enfin en assumer les conséquences et commencer à poursuivre une politique plus équilibrée envers Washington, Pékin, Berlin et Moscou », un point de vue largement partagé par l’expert en géopolitique Jacek Bartosiak qui, dans un entretien au magazine conservateur Do Rzeczy publié le 31 mai dernier, disait déjà : « Nos intérêts sont moins importants pour les États-Unis et c’est un processus très dangereux. Il est clairement visible que les plans de développement de l’Europe centrale et orientale sont décidés par les Allemands avec les Américains, et de plus en plus par les Russes à travers leur guerre de nouvelle génération ».
- Le magazine conservateur polonais wPolityce attirait l’attention cette semaine sur cinq affaires en instance de jugement devant le Tribunal constitutionnel polonais dans lesquels les parties requérantes essaient de manière biaisée de faire juger que l’art. 1 du Code polonais de la famille – « déclare clairement que seuls une femme et un homme peuvent se marier » – serait contraire à la Constitution, car cela serait une discrimination pour les « couples homosexuels », une manière pour ainsi dire d’essayer d’introduire le « mariage homosexuel » par la petite porte… Interrogé à ce sujet par wPolityce, le professeur de droit Jarosław Szymanek explique : « Les plaignants indiquent que la violation de la constitution réside dans ce qui n’est pas inclus dans l’art. 1 – c’est-à-dire qu’il n’y a pas non plus d’autres alternatives indiquées pour se marier. Les requérants soutiennent que ce qui n’existe pas est inconstitutionnel », et considère que « le Tribunal constitutionnel devrait non seulement déclarer que l’article 1 du Code de la famille et des tutelles est clairement conforme à la Constitution, mais qu’il devrait également aller plus loin, c’est-à-dire déclarer que seul et exclusivement le contenu existant de l’art. 1 est conforme à la constitution [car] le Sejm avec une majorité différente pourrait introduire une disposition selon laquelle les mariages homosexuels peuvent également être admis au commerce dans le droit polonais, et la question se posera à nouveau de savoir si ce nouveau contenu autorisant les mariages homosexuels est conforme à la constitution. C’est pourquoi il est si important que le Tribunal constitutionnel ne se limite pas à affirmer que le contenu actuel de l’art. 1 est conforme à la constitution, car personne n’en doute, mais il doit également déclarer que seule la version actuelle est conforme à la constitution, afin d’exclure toutes les astuces juridiques et interventions législatives possibles pour l’avenir ».
Tchéquie
- Le conseil municipal de la ville de Prague a définitivement approuvé ce mardi le projet de la ligne D du métro, dont la construction aurait initialement dû commencer en 2010 mais avait été reportée en raison de l’opposition contre les projets retenus pour les stations de Pankrác et Písnice. Cette nouvelle ligne de métro, sans conducteur, qui reliera le centre-ville aux quartiers du sud de la ville, et dont la construction reviendra à 52 milliards de couronnes (deux milliards d’euros), devrait entrer en service à l’horizon 2029/2030.
- Tandis que le mécanisme de protection des intérêts financiers de l’Union européenne basé sur un prétendu respect de l’État de droit est attaqué par la Hongrie et la Pologne devant la CJUE, c’est finalement la République tchèque qui semble devoir faire l’objet d’un ballon d’essai en la matière. En effet, prenant acte des accusations de conflits d’intérêts portées contre le premier ministre tchèque Andrej Babiš dans le cadre de la fameuse affaire du Nid de Cigogne, le parlement européen y voit une bonne occasion d’actionner pour la première fois ledit mécanisme. C’est ainsi que les eurodéputés ont adopté ce mercredi 9 juin une motion dans laquelle ils exhortent la Commission européenne d’évaluer « l’influence du premier ministre M. Babiš sur les médias tchèques et sur le système judiciaire, afin de recenser les violations de l’état de droit et, si ses conclusions viennent à confirmer cet état de fait, d’activer en temps utile le mécanisme de conditionnalité pour la protection du budget de l’Union ».
Roumanie
- Le tribunal de Brașov (Transylvanie) a décidé ce jeudi 10 juin de remettre en liberté les deux militants nationalistes magyars István Beke et Zoltán Szőcs condamnés en 2018 pour « terrorisme », une accusation qui n’avait cependant pas pu être prouvée.