Hongrie, Budapest – Pour sa première visite bilatérale, le nouveau Premier ministre polonais Morawiecki s’est rendu à Budapest pour discuter avec Viktor Orbán. Une visite qui, malgré le remaniement ministériel polonais, confirme la ligne commune aux deux pays. Notamment dans la vision de l’UE qui selon les Premiers ministres hongrois et polonais, ne peut pas se passer de l’Europe centrale.
Ce mercredi 3 janvier, Mateusz Morawiecki s’est rendu à Budapest pour y rencontrer Viktor Orbán, effectuant ainsi sa première visite bilatérale de sa fonction débutée en décembre suite au remaniement ministériel de mi-mandat.
« Je crois que des nations avec le même esprit comme le sont les nôtres peuvent se rassembler et influencer le futur de l’Europe d’une façon très positive, » a déclaré lors de la conférence de presse le Premier ministre polonais Morawiecki, ne laissant aucun doute sur l’orientation du nouveau gouvernement polonais : rien ne change face aux instances de Bruxelles ou vis-à-vis de la Hongrie et du groupe de Visegrád.
Durant la conférence de presse commune, les deux hommes ont tout à tour réaffirmé les points majeurs de convergence polono-hongroise. Sur la question migratoire, d’abord, Morawiecki a confirmé continuer le travail de son prédécesseur, Mme Szydło, affirmant que la Pologne était toujours en phase avec la Hongrie sur la question migratoire.
Par la même occasion, Viktor Orbán a profité de la conférence de presse pour réitérer sa position concernant le projet des élites bruxelloises. « Nous ne voulons pas vivre de nouveau dans un Empire, nous continuons de voir l’Union européenne comme une union de nations européennes libres, » a-t-il dit, avant d’ajouter que « les Hongrois veulent que l’Europe reste européenne, » appelant ensuite à préserver et renforcer la « culture chrétienne » du continent. Cela alors que certains pays occidentaux sont entrés dans « l’ère post-chrétienne et post-nationale, » ce qu’ils considèrent comme le futur de l’Europe, contrairement à la vision européenne que porte l’Europe centrale.
Les deux chefs de gouvernement on affirmé ensemble leur rejet catégorique et définitif des quotas obligatoires de migrants, ajoutant que « la politique migratoire de l’Union européenne a échoué spectaculairement, » a déclaré Viktor Orbán, ajoutant que le point de vue hongrois défend l’idée de protection des frontières, d’arrêt de l’immigration, et d’aide à apporter sur les lieux d’émigration.
Sur la question migratoire, Viktor Orbán a également estimé qu’il était clair que « les Européens ne veulent pas de l’immigration ». Répondant à une question concernant la possibilité d’un élargissement du groupe de Visegrád à l’Autriche, suite à la formation du nouveau gouvernement anti-immigration, M. Orbán a déclaré que le V4 ne souhaite pas s’élargir formellement, mais renforcera certaines coopérations avec ses voisins, dont l’Autriche. « La démocratie a été restaurée en Autriche, car les Autrichiens, qui ne veulent pas de l’immigration, ont élu un gouvernement qui ne veut pas non plus de l’immigration. Ce sera le cas partout en Europe. Je suis convaincu que ce n’est qu’une question de temps, » a affirmé Viktor Orbán.
Mateusz Morawiecki a approuvé les propos de Viktor Orbán en rappelant que des États membres, souverains, doivent pouvoir choisir qui ils acceptent sur leur territoire.
Les deux dirigeants ont également insisté sur l’importance de l’Europe centrale dans l’économie européenne. « Les dernières années ont prouvé que les modèles économiques de l’Europe centrale fonctionnent. […] Nous apportons plus que quiconque ne le pensait en 2004 lorsque ces pays ont rejoint l’UE. Nous ne pensions pas alors qu’un peu plus de dix ans plus tard, nous pourrions affirmer être le moteur économique de l’UE, » a déclaré Viktor Orbán, estimant que la Hongrie et la Pologne, notamment, renforcent l’Union européenne et stabilisent son économie.
Le Premier ministre polonais Morawiecki a également insisté sur l’importance du V4 comme outil de stabilité économique et politique au sein de l’UE. M. Morawiecki a également annoncé que la Hongrie et la Pologne envisagent de présenter ensemble leur vision du prochain budget de l’UE, ainsi que de travailler à une plus grande harmonisation de leurs déclarations et points de vue sur un nombre important de dossiers. La coopération bilatérale entre la Pologne et la Hongrie sera également renforcée pour développer plus d’infrastructures, notamment dans le cadre de la construction de la grande autoroute nord-sud européenne, la Via Carpatia.
Aucune mention en revanche durant la conférence de presse de la menace d’application de l’Article 7 du traité européen, qui punirait la Pologne pour de soi-disant fautes concernant sa réforme de la Justice ou encore pour des menaces sur l’État de droit, la Hongrie ayant de toute façon déclaré mettre automatiquement son veto sur une telle procédure si elle venait à être soumise au vote des États membres.
En conclusion de cette rencontre affichée comme amicale, le Premier ministre polonais Morawiecki a invité officiellement son homologue hongrois Viktor Orbán aux célébrations des 100 de l’indépendance polonaise à Varsovie au mois de novembre, rappelant que les Polonais et les Hongrois « se sont battus ensemble au fil des derniers siècles pour la libertés des Polonais et des Hongrois ».