Pologne / Biélorussie – Mettant ses menaces à exécutions après que la Cour suprême de Minsk eut confirmé la condamnation à huit ans de colonie pénitentiaire du représentant de la minorité polonaise en Biélorussie Andrzej Poczobut, la Pologne a annoncé qu’elle suspendait à partir du 1er juin tout trafic routier de marchandises en provenance de Biélorussie pour les véhicules immatriculés dans ce pays ou en Russie.
Comme nous l’écrivions le 8 mars dernier à propos des répressions contre la minorité polonaise en Biélorussie, Poczobut a écopé d’une sentence de 8 ans de colonie pénitentiaire pour incitation à la haine, appel aux sanctions contre la Biélorussie, agissements au détriment de la Biélorussie et réhabilitation du nazisme, notamment pour avoir publiquement qualifié d’agression l’invasion de la Pologne orientale par l’Armée rouge lancée le 17 septembre 1939, alors que l’agression nazie par l’ouest durait depuis 17 jours. En Biélorussie comme aujourd’hui encore en Russie, évoquer l’alliance germano-soviétique de 1939-41 en ces termes, contraires à l’historiographie héritée de l’époque soviétique, est un délit passible de prison.
Varsovie avait alors réagi en fermant un passage frontalier, celui de Bobrowniki, au transport de marchandises et avait également menacé de fermer tous les points de passage, tout en laissant la porte ouverte à une évolution plus positive si Poczobut était relaxé.
À la fin du mois de mars, le dirigeant biélorusse avait affirmé qu’il était prêt à libérer Andrzej Poczobut, mais à condition que la Pologne lui remette l’opposant Pavel Latouchka – un ancien ministre de la culture et ancien ambassadeur – ainsi que tous les membres de l’Administration nationale anticrise, cette sorte de gouvernement alternatif en exil qu’il préside.
Après la confirmation par la Cour suprême biélorusse de la condamnation du Polonais de Biélorussie Andrzej Poczobut, le 29 mai le ministère polonais de l’Intérieur a encore annoncé l’inscription au registre des personnes interdites d’entrée dans l’espace Schengen de 365 citoyens biélorusses, dont 159 parlementaires, 76 juges, 7 procureurs, 32 fonctionnaires de collectivités locales et 28 membres des forces de l’ordre, ainsi que des représentants des médias, des sportifs et des représentants d’entreprises publiques. Les sanctions polonaises visent en outre 20 entreprises.
Selon le gouvernement polonais, la liste des nouvelles sanctions vise entre autres des personnes qui seraient mêlées à l’opération de pression migratoire lancée en 2021 par Minsk en réaction aux lourdes sanctions européennes adoptées en mai de cette année-là (interdisant notamment tout accès à l’espace aérien européen pour la compagnie aérienne biélorusse). Ces sanctions se voulaient une réponse au détournement par les autorités biélorusses d’un avion de la Ryanair survolant le pays en provenance d’Athènes et en direction de Vilnius, en Lituanie. Elles étaient venues s’ajouter aux sanctions très symboliques qui avaient été adoptées après l’élection présidentielle de l’été 2020, jugée frauduleuse par l’opposition.