Slovaquie – Deux mois et demi après avoir été mis KO aux élections législatives ayant conduit au retour au pouvoir de Robert Fico à la tête d’une coalition alliant les deux partis sociaux-démocrates slovaques Smer et Hlas au parti nationaliste SNS, l’opposition libérale tente de retrouver un nouveau souffle en organisant des manifestations hebdomadaires dans différentes villes de Slovaquie.
Manifestations hebdomadaires dans les grandes villes
Tandis que le gouvernement Fico s’est d’ores et déjà mis au travail dans le but de faire passer certains « changements pertinents » d’ici la fin de l’année, tandis que l’opposition essaye de faire traîner les choses, tout a commencé début décembre avec un premier rassemblement des mécontents dans la capitale Bratislava. Une semaine plus tard, le 12 décembre, les manifestations se sont étendues à plusieurs grandes villes du pays, des milliers de personnes ayant également manifesté à Košice, à Banská Bystrica, à Nitra et à Žilina.
Tout semble indiquer que ces manifestations marquent le début d’une série qui se veut devenir un mouvement de contestation durable et efficace, comme en 2018 contre le même Robert Fico.
Des réformes contestées
Le déclencheur affiché de ces manifestations est notamment l’intention du gouvernement Fico d’abolir le Bureau du procureur spécial et de réduire les peines pour corruption, jugeant que ces outils institutionnels sont trop politisés. Plusieurs partis de l’opposition (Slovaquie progressiste, les libéraux de SaS et les chrétiens-démocrates de KDH) soutiennent ces manifestations et soulignent la nécessité d’être unis contre le gouvernement Fico.
Le chef de file de Slovaquie progressiste, Michal Šimečka, est on ne peut plus clair : « Nous défendrons notre démocratie […] Nous sommes déterminés à défendre la justice. C’est ce qui fait notre force. Nous [nous opposerons à] Fico – au parlement, ici sur la place, et devant la Cour constitutionnelle. »
Le bon côté de l’Histoire…
Autre figure marquante du mouvement, l’actrice et ancien député Magda Vášáryová, qui déclare : « La lutte que nous entamons est une lutte pour savoir de quel côté de l’Histoire la Slovaquie se situera.
Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser la Slovaquie du mauvais côté de l’Histoire. »
Comme un air de déjà vu
Premier ministre de 2006 à 2010 puis de 2012 à 2018, Robert Fico, de retour au pouvoir fin octobre, s’impose comme le poids lourd incontournable de la politique slovaque. Malgré une étiquette de socialiste, Robert Fico est une figure peu appréciée par les chancelleries occidentales et les institutions européennes : et pour cause, l’homme fort de Bratislava est assurément un populiste. Son parti, le Smer-SD, a même été suspendu par le Parti socialiste européen.
Ses prises de positions ne s’alignent en effet pas du tout sur le mainstream bruxellois : contre l’immigration, critique des politiques Covid et de la campagne de vaccination à ARNm, pour la préférence nationale, contre les double standards des entreprises occidentales dans la qualité de leurs produits vendus en Europe centrale, hostile aux forces libérales progressistes et wokes, confrontation avec les réseaux Soros et étatsuniens, opposé au soutien en armes à l’Ukraine…
En 2018, il avait fini par quitter le pouvoir après une série de manifestations importantes dans tout le pays, l’accusant d’être lié à des réseaux de corruption, responsables notamment de la mort d’un journaliste d »investigation (et de sa compagne) assassinés par la pègre. Difficile de ne pas ressentir aujourd’hui un air de déjà vu.