Par Olivier Bault.
Pologne – Si certains médias français ont voulu présenter la crise de la semaine écoulée au parlement polonais comme une levée en masse de l’opposition démocratique contre les pratiques « dictatoriales » du parti conservateur PiS au gouvernement, les Polonais semblent majoritairement voir les choses différemment. Un sondage TNS Polska réalisé le 19 et le 20 décembre pour la radio publique polonaise Polskie Radio montre que seuls 26 % des Polonais approuvent l’action des politiciens de l’opposition libérale-libertaire (des partis PO et Nowoczesna) de ces derniers jours, dont 12 % « fortement » et 14 % plutôt. En face, 47 % désapprouvent dont 28 % « fortement » et 19 % « plutôt ». 27 % des personnes interrogées se sont déclarée indécises.
Parallèlement, un sondage Millward Brown pour la télévision TVN (favorable à l’opposition et farouchement opposée au PiS) et le journal Fakt montre que si des élections avaient lieu aujourd’hui le PiS l’emporterait à nouveau avec 35 % des votes (+5 % par rapport au dernier sondage de cet institut), contre 24 % à Nowoczesna (+2 %) et 15 % au PO (-1 % – c’est le parti de Donald Tusk). Il convient de préciser que les sondages Millward Brown sont toujours moins favorables au PiS et plus favorables à l’opposition libérale que les sondages de la plupart des autres instituts.
En revanche, dans le sondage Millward Brown réalisé les 21-22 décembre, 57 % des personnes interrogées considèrent que le PiS a affaibli la démocratie en Pologne contre seulement 23 % qui considèrent qu’il l’a au contraire renforcée et 20 % qui n’avaient pas d’avis à ce sujet.
Pendant ce temps, les partis libéraux-libertaires PO et Nowoczesna, désormais sans le parti agraire PSL (l’ancien allié du PO dans les gouvernements de Donald Tusk et Ewa Kopacz), continuent d’occuper jour et nuit la salle plénière de la Diète et promettent d’y rester jusqu’à la reprise de la session du parlement le 10 janvier tandis que les autres députés (du PiS, du PSL et de Kukiz’15) s’apprêtent à fêter Noël en famille. Si les restrictions à l’accès des journalistes au parlement sont suspendues en attendant la poursuite des négociations après les fêtes de fin d’année, les députés protestataires affirment désormais protester contre l’ensemble des atteintes (selon eux) du PiS contre la démocratie.
Les protestations devant le bâtiment de la Diète durent encore elles aussi, mais les manifestants sont devenus trop rares pour gêner les entrées et sorties des députés comme c’était le cas dans la nuit du vendredi 16 au samedi 17/12, quand la police avait dû forcer le passage, après le vote tard dans la soirée du budget 2017 et d’une loi réduisant les retraites des anciens fonctionnaires de la police politique, pour les députés du PiS – dont Jarosław Kaczyński – et pour le premier ministre Beata Szydło.