Skip to content Skip to sidebar Skip to footer
Temps de lecture : 3 minutes

Hongrie, Budapest – L’actuelle visite du premier ministre d’Israël à Budapest n’est pas un hasard. Cela se déroule dans un contexte d’affrontement entre Orbán et Soros, contre lequel une vaste campagne du gouvernement hongrois vient juste de se terminer.

Pour la première visite d’un Premier Ministre israélien en Hongrie depuis la chute du communisme, le gouvernement hongrois marque le coup. Netanyahou passera au total 3 jours en Hongrie, un des pays historiques d’accueil de la diaspora juive.

Le moment choisi pour cette visite n’est pas anodin. Viktor Orbán, a en effet lancé une grande offensive contre les réseaux de George Soros. La mise en place de nouvelles contraintes légales pour les universités menace le fonctionnement de la CEU (Central European University, Université d’Europe Centrale, créée et guidée par Soros), et la mise en place d’une loi imposant aux ONG de déclarer et spécifier leurs éventuels soutiens financiers étrangers ont généré une situation de tension entre une partie de la « société civile » et le gouvernement.

Champion européen de la lutte contre l’immigration, Viktor Orbán s’en prend personnellement à George Soros, l’influent « philanthrope » milliardaire étasunien, et Juif de Hongrie. La campagne d’affichage du gouvernement n’est ainsi pas passée inaperçue.

« Ne laisson pas Soros rire le dernier », peut-on lire sur les affiches qui couvrent un grand nombre de panneaux à travers le pays, et à Budapest en particulier. Le cartouche en haut dit que « 99% des Hongrois rejettent l’immigration illégale ».

Dans cette guerre de l’image, la contre-attaque n’aura pas hésité à utiliser l’accusation d’antisémitisme, tentant de faire un lien entre cette affiche et l’imagerie de propagande de l’Allemagne du IIIe Reich, faisant eux-mêmes un lien entre les activités financières et d’influence de George Soros et son origine juive. L’ambassade israélienne a même décrié ces affiches.

Fort de ses liens avec le Likoud, le parti national-conservateur et ultra-sioniste au pouvoir en Israël, Viktor Orbán et son parti, le Fidesz, ont rapidement trouvé une parade. La protestation de l’ambassade israélienne a cessé et la visite de Benjamin Netanyahou a été programmée, sur fond de développements bilatéraux d’ordre éducatif et culturel, ainsi que d’investissements « en vue du futur », notamment dans le secteur automobile.

Gestes symboliques et entente dans l’action ?

Comme le souligne le journal israélien de gauche Haaretz, une partie de l’opposition israélienne réclamait que Bibi annule sa visite en Hongrie tant que Viktor Orbán n’aura pas retiré ses propos sur l’Amiral Horthy.

Mais le dirigeant de l’Etat hébreu l’a clairement dit lors de la conférence de presse commune: « La Hongrie et Israël sont conscients du passé mais regardent vers le futur, » a clos le premier ministre israélien. Viktor Orbán a quant à lui rassuré son homologue : « la Hongrie fera preuve d’une tolérance zéro envers l’antisémitisme. […] La Hongrie a commis un crime durant la Seconde Guerre Mondiale en échouant à protéger ses Juifs, mais cela n’arrivera plus, » a déclaré Orbán.

Soros, l’ennemi commun désigné

Les deux chefs de gouvernement ont insisté ensuite sur leur rejet de l’immigration massive, qui lie les deux hommes y compris sur la scène internationale. « La Hongrie reconnaît le droit à l’auto-défense d’Israël, et la Hongrie attend des autres pays qu’ils en fassent de même pour elle, » a déclaré Viktor Orbán, avant d’ajouter aux côtés de Benjamin Netanyahou que la « Hongrie connaît des conflits du fait de son refus à voir sa composition ethnique changer, et c’est pourquoi [la Hongrie] ne veut succomber à aucune influence extérieure ».

La visite de Benjamin Netanyahou à Budapest est jouée par le gouvernement hongrois comme un des cartes maîtresses dans sa lutte contre Soros et ses réseaux. Désamorçant l’accusation d’antisémitisme, le gouvernement hongrois a également fait des émules en Israël. Les DC Leaks avaient en effet mis en avant notamment le soutien de Soros envers des organisations antisionistes et hostiles au gouvernement israélien. Le ministre de la Justice israélien, Ayelet Shaked, a ainsi initié une loi inspirée par celle du gouvernement hongrois afin de clarifier les liens et les réseaux des ONG financées depuis l’étranger.

Une situation plus complexe ?

Toutefois le rôle d’Israël dans la crise migratoire est controversé. Certains observateurs rappellent notamment que le Ministère des Affaires étrangères d’Israël a disparu depuis peu de la liste des donateurs à IsraAID, une association qui a été impliquée dans le transfert des clandestins africains et orientaux vers l’Europe et font remarquer que d’autres organisations proches du gouvernement israélien comme le B’nai B’rith figurent toujours parmi les donateurs.

Gilad Atzmon, philosophe et musicien « juif séculier », parle de Soros comme d’un homme maîtrisant le concept « d’opposition contrôlée », et étant un probable allié du gouvernement israélien.

Durant la visite du premier ministre israélien à Budapest, en dehors du « dossier Soros » et des déclarations relatives à l’antisémitisme, l’éventualité pour la Hongrie d’acheter du gaz naturel israélien a été également évoquée.