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Orbán : « La question des décennies à venir : l’Europe appartiendra-t-elle aux Européens ? »

Temps de lecture : 6 minutes

« Il y a vingt-sept ans, nous pensions que notre avenir est l’Europe », a déclaré ce matin le Premier Ministre hongrois Viktor Orbán à la 28ième édition de l’Université d’été organisée à Tusnádfürdő / Băile Tușnad (Pays Sicule, Roumanie). « Actuellement, nous sommes l’avenir de l’Europe. »

Roumanie, Băile Tușnad – Dans ce discours très attendu chaque année, Orbán a affirmé que les élections législatives qui auront lieu au printemps prochain en Hongrie auront aussi une importante dimension européenne, l’opposition réelle dont il lui faudra triompher étant les innombrables eurocrates de Bruxelles, les réseaux de George Soros et les médias complices de ces réseaux. Ce qui se produit en Hongrie aura d’importantes implications pour l’Europe tout entière, car aujourd’hui, une Hongrie forte joue un rôle essentiel dans la bataille visant à empêcher la « déchristianisation de l’Europe ».

Lors de la première édition de cette université d’été transylvaine, il y a 27 ans, a déclaré le premier ministre, « nous pensions que nous autres, combattants de la liberté de l’autre côté du Rideau de Fer, aurions un message précieux à transmettre à cette Europe qui vivait depuis 40 ans dans la prospérité. »

Il s’est ensuite penché sur la question de savoir ce qui fait la force d’un pays, reprenant dans cette perspective ses réflexions sur la Hongrie et l’Europe. Parmi les ingrédients essentiels : un pays fort devrait avoir de la croissance économique et ne pas vivre à crédit. Un tel pays doit disposer d’une majorité décisionnelle dans ses industries et actifs stratégiques et tout citoyen désireux de travailler devrait être en mesure de trouver un emploi. La Hongrie, a-t-il déclaré, a consacré près d’un trillion de forints [ndt. : plus de trois milliards d’euros] au rachat d’industries stratégiques qui avaient été privatisées en dépit du bon sens. Qui plus est, tandis qu’en 2010 [ndt. : lors du retour au pouvoir de son parti, le FIDESZ], 3.6 millions de personnes travaillaient en Hongrie, et 1.8 millions payaient des impôts, qu’aujourd’hui, 4.4 millions travaillent et paient des impôts.

Il a aussi ajouté qu’un pays fort ne peut pas se permettre un déclin démographique. Les seuls pays pérennes sont ceux capables de se maintenir biologiquement à la surface. Pour que la Hongrie y parvienne, dit-il, le taux de fécondité devra atteindre 2.1 enfants par famille.

Un état fort requiert aussi une bonne sécurité, ce qui inclut la protection de ses frontières et la lutte contre le terrorisme, mais aussi le maintien d’une conscience forte de son identité culturelle. Contrastant avec ces principes, « la situation [en Europe], déclara-t-il, permet aujourd’hui des constatations simples. »

L’immigration n’apportera aucune solution aux problèmes économiques de l’heure. Essayer de remédier à des déficits de main d’œuvre en important des migrants, a affirmé le premier ministre hongrois, c’est comme, pour un naufragé, de boire de l’eau de mer. « C’est aussi de l’eau, mais le problème ne fera que s’aggraver. »

Arrivé à ce point, il a adopté un ton très franc pour aborder les défis de l’intégration d’un grand nombre d’immigrés musulmans à une culture judéo-chrétienne, citant en exemple les différences séparant les deux cultures dans leur idée de l’égalité hommes-femmes. « Nous ne pourrons jamais être solidaires d’idéaux, de nations et de groupes ethniques qui se proposent de modifier la culture européenne … Nous ne pouvons pas être solidaires de groupes et d’idéaux opposés à l’existence et à la culture européennes, car le résultat final serait l’effondrement », a déclaré Orbán.

« La question des décennies qui viennent est de savoir si l’Europe va continuer à appartenir aux Européens. Si la Hongrie va rester le pays des Hongrois. Si l’Allemagne va rester le pays des Allemands, si la France va rester le pays des Français, si l’Italie va rester le pays des Italiens, » a déclaré le premier ministre Orbán, ajoutant que la bataille en cours l’oppose à « une alliance formée à Bruxelles contre la volonté des nations … constituée de bureaucrates européens et de l’empire de George Soros. »

Aujourd’hui, les intérêts de George Soros sont mieux représentés « à Bruxelles qu’à Washington D.C. ou à Tel-Aviv », a lâché Orbán, et affirmer l’existence d’un tel plan n’est pas une vaine absurdité conspirationniste. « Le plan de Soros existe. Il est articulé en quatre points », a-t-il dit : « il l’a rédigé lui-même, et c’est son empire qui l’a diffusé. »

Ce plan préconise « que chaque année, un million de migrants soient acheminés sur le territoire de l’UE. A leur arrivée, ils doivent recevoir l’équivalent en euros de 4.5 millions de forints [ndt. : près de 15 000€] » afin de maintenir « l’effet de succion. Cette somme est supérieure au revenu annuel moyen des Hongrois. » Le troisième point précise que ces migrants doivent être répartis entre les Etats membres, et le quatrième ajoute qu’une agence européenne doit vérifier le respect du plan par les Etats membres.

A propos des élites européennes, le premier ministre n’a pas gardé sa langue dans sa poche. Lorsque la volonté du peuple ne coïncide plus avec celle des gouvernants, a-t-il expliqué, on fait entrer en scène un « grand inquisiteur » pour garantir le maintien de la ligne. Dans la précédente équipe de la Commission européenne, c’était la Commissaire Reding ; dans l’équipe actuelle, c’est son Vice-président Timmermans, « qui, cette fois-ci, a davantage la Pologne que notre pays dans le collimateur. » Mais « une campagne d’inquisition contre la Pologne ne sera jamais victorieuse, car la Hongrie est solidaire de la Pologne. »

La protection des frontières de l’Europe, dit V. Orbán, a coûté à la Hongrie entre 260 et 270 milliards de forints [ndt. : entre 850.000 et 885.000€], dont l’Europe n’a assumé qu’une petite partie, de telle sorte que les politiciens, et notamment « des politiciens allemands au bord de la faillite » devraient, tant que cette somme n’est pas couverte, s’abstenir de parler du manque de solidarité de la Hongrie.

« Si l’Europe veut rester viable, elle doit reconquérir sa souveraineté sur l’empire de Soros », a-t-il encore déclaré, suggérant que cela devrait être le premier pas vers une solution à la crise de l’Union Européenne. Quant à la deuxième étape, elle devrait consister en une réforme de la Commission européenne, qui doit être dépolitisée et revenir à « la formule prescrite par les Traités Fondateurs ». Les Etats-nations doivent protéger les frontières de l’Europe. « Une fois que cela sera fait, les migrants doivent être éconduits du territoire de l’UE. « Cela peut sembler sévère, mais ceux qui sont entrés illégalement sur le territoire doivent être reconduits aux frontières », a affirmé le premier ministre hongrois. « Nous devons reconnaître que le continent européen ne peut pas rester dénué de toute protection. »

Une fois que ces mesures de base auront été adoptées, la Communauté Européenne doit « rétablir sa compétitivité », et, en vue de garantir la paix, les Etats des Balkans doivent être admis dans la communauté. Après quoi l’Europe devrait régler ses problèmes externes au moyen de « deux contrats historiques, d’une grande ambition » avec la Russie et la Turquie.

Cela ne sera pas simple comme bonjour. Dans l’Europe actuelle, les partis chrétiens, dit-il, ont été « déchristianisés » et « répondent aux attentes axiologiques et culturelles des intellectuels libéraux. Quant aux sociaux-démocrates, ils ont aussi cessé d’être de vrais sociaux-démocrates », a déclaré V. Orbán, ayant « perdu leurs prolétariats » et fait leurs les intérêts économiques du néo-libéralisme.

Selon le premier ministre hongrois, il existe un plan visant à livrer le territoire européen à une population cosmopolite à dominance musulmane. La réussite de ce plan exige que « la déchristianisation de l’Europe se poursuive », que sa gouvernance soit « bureaucratisée », et telle est, affirme-t-il, « la bataille que les pays européens doivent aujourd’hui livrer. »

Les prochaines élections législatives hongroises revêtent une importance toute spéciale, dans la mesure où « cette fois, elle aura aussi un enjeu européen », étant donné que c’est la Hongrie qui, avec l’aide d’autres pays du groupe de Visegrád, a coupé le couloir d’immigration qui passait par les Balkans occidentaux. Des partis de l’opposition hongroise ont clairement promis d’abattre la barrière protégeant cette frontière, et de céder davantage de compétences nationales à Bruxelles. « Aussi longtemps que je serai premier ministre, la barrière restera en place. Nous protégerons la Hongrie et l’Europe », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il faut obliger Bruxelles à rendre aux Etats-nations certaines prérogatives qui leur ont été retirées « illégalement, à [son] avis ».

« Nous sommes l’obstacle à la réalisation du plan de Soros », a dit V. Orbán, ajoutant que, de ce fait, l’opposition la plus sérieuse qu’il aurait à affronter dans la perspective de ces élections ne serait pas celle des partis de l’opposition hongroise. « Nous allons en tout premier lieu devoir nous mesurer à des puissances externes : le réseau Soros, les eurocrates de Bruxelles et leurs médias », a-t-il déclaré, ajoutant qu’on connaît bien leurs tactiques : chantage financier et dénigrement journalistique, allant souvent jusqu’à l’insulte.

L’enjeu est de taille, non seulement sur le front national, mais aussi au niveau européen. « Il y a vingt-sept ans, nous pensions que notre avenir est l’Europe », a déclaré le Premier Ministre, se souvenant de l’état d’esprit qui était le sien à l’époque de la première édition de cette université d’été. « Actuellement, nous sommes l’avenir de l’Europe. »

Article publié originellement sur About Hungary.
Traduit de l’anglais par le Visegrád Post.

Lire le discours complet ici