Pologne – En Pologne, les féministes radicaux et l’extrême-gauche déclarent la guerre au christianisme et au gouvernement. Le jeudi 22 octobre, le Tribunal constitutionnel polonais a jugé les avortements dits eugéniques contraires à la Constitution. Jusqu’à maintenant, les avortements étaient autorisés dans les cas suivants : risque pour la vie de la mère, viol, inceste et « forte probabilité de handicap grave et irréversible du fœtus ou de maladie incurable menaçant la vie. » C’est précisément ce dernier point qui à été actualisé.
En effet, le Tribunal constitutionnel a estimé que le fait de pouvoir décider de la vie ou de la mort d’un enfant à naître sur la base de son état de santé représentait une discrimination et une violation du droit des enfants (la Constitution polonaise stipule qu’on à affaire à un enfant de la conception jusqu’à l’age de dix-huit ans).
Dès sa publication, cette décision fait loi et ne peut être renvoyée à la Cour d’appel. Il est à souligner que seuls deux juges sur quinze siégeant au Tribunal constitutionnel se sont prononcés contre l’actualisation de la loi. Si les pro-avortement désirent revenir en arrière à ce sujet, il leur faudrait obtenir une majorité des deux-tiers au Parlement, ce qui, sur la scène politique polonaise tient pratiquement de la science-fiction dans un futur proche.
Violences et profanations en guise de réponse
À la suite de l’annonce du Tribunal constitutionnel, les mouvements féministes radicaux et d’extrême gauche sont descendus dans les rues des principales villes du pays pour manifester leur colère. En plus de manifester en face des résidences de membres du gouvernement, les groupes de radicaux ont décidé de s’en prendre aux Chrétiens. C’est ainsi que le dimanche 25 octobre, de nombreuses organisations catholiques, patriotiques et nationalistes, appuyés par des ultras de football, ont improvisé un plan de défense des lieux de cultes.
Ce plan consiste à placer un petit groupe de personnes (généralement des jeunes hommes) qui montent la garde devant l’entrée des églises afin d’empêcher les manifestants scandant des cris vulgaires de pénétrer à l’intérieur des lieux de culte durant la messe. Malgré cela, il y eu de nombreux cas où les féministes sont entrés dans des églises afin d’y perturber la cérémonie.
Les rassemblements des pro-avortement, aux cris de « c’est la guerre », déclarant la « grève des femmes et prenant pour symbole un éclair rouge, ont notamment depuis cette fin de semaine causé toute une série de complications, en particulier dans le trafic automobile, rendant le passage difficile même pour les ambulances.
À Poznań, un prêtre s’est vu obliger d’interrompre la messe étant donné le chahut et le désordre provoqué par les fauteurs de trouble. Plusieurs monuments à la mémoire de Saint Jean Paul II ont également été profané, tout comme l’ancienne cure du Cardinal Wyszyński à Lublin. Dans la ville de Łódz, un groupe de jeunes femmes vêtues de capes entrèrent dans une église afin de dérouler une banderole avec des inscriptions offensantes envers les Catholiques.
Lundi soir, l’atmosphère était particulièrement tendue dans le centre de la capitale, Varsovie, où des heurts ont éclaté entre manifestants pro-avortement et supporters de football. Devant la célèbre église de la Sainte-Croix située dans le centre-ville, les passants ont pu assister à des scènes surréalistes. Les manifestants pro-avortement y scandaient des slogans tels que « allez vous faire foutre », « on enc… le PiS » et autres tout en moquant des symboles religieux tandis que les Catholiques rassemblés devant l’entrée priaient le chapelet. Les deux groupes étaient séparés par une rangée de policiers.
D’innombrables graffitis ont également été gribouillés sur les murs d’églises aux quatre coins du pays. Parmi les plus abjects, on retrouve des inscriptions telles que: « dommage que [la Vierge] Marie n’a pas procédé à un avortement », « on enc… le clergé », « l’avortement sauve des vies », etc.
Les exemples formulés ci-dessus ne représentent qu’une infime partie des actes anti-Chrétiens perpétrés au cours de derniers jours. Les provocations des mouvements LGBT avaient déjà augmenté au cours de cet été mais la violence et l’agressivité des féministes radicaux dépasse largement tout ce qui à pu être observé jusqu’alors.
Affrontements dans les rues de Varsovie entre protecteurs d’églises (ici notamment un supporter du club de football Legia de Varsovie – écharpe rouge et verte) et militants d’extrême-gauche :
Zamieszki na Placu Trzech Krzyży. pic.twitter.com/5HrMcGovmS
— Marcin Terlik (@MarcinTerlik) October 26, 2020
Le gouvernement tremble à nouveau
Ces dernières semaines, le gouvernement conservateur de Mateusz Morawiecki a montré qu’il désirait ratisser large au niveau de l’opinion publique. L’exemple le plus marquant fut un récent projet de loi visant à limiter la souffrance animale. Cette question avait créé de vifs débats au sein de la coalition au pouvoir elle-même. Il y eu récemment aussi la question de la fameuse Convention d’Istamboul que le dirigeant du parti Pologne solidaire Zbigniew Ziobro (en coalition avec Droit et Justice de Kaczyński et Accord de Gowin au sein de Droite unie) voulait rejeter au niveau national. Ces deux éléments ont chamboulé l’ordre au sein du gouvernement qui a depuis été remanié.
Le président du PiS (Droit et Justice) Jarosław Kaczyński et ses proches collaborateurs sont maintenant depuis plusieurs mois sous le feu des critiques en provenance de l’aile droite de leur coalition (Pologne solidaire), de la droite nationaliste (Confédération) et même de quelques députés du parti paysan (PSL) pour leur récente tendance à trop caresser la gauche dans le sens du poil.
Les nombreux sites catholiques polonais, habituellement réservés dans leur critique du plus grand parti du pays, ont commencé à parler de « pseudo-droite » et de trahison des valeurs chrétiennes au profit de calculs politiciens. Concernant l’avortement, les milieux catholiques et nationalistes ont jusqu’à récemment toujours eu du mal à digérer la décision du PiS de « systématiquement mettre le sujet de l’avortement au réfrigérateur ».
Or, la récente décision du Tribunal constitutionnel au sujet des avortements eugéniques rebat les cartes.
Pour commencer, ceux jusque maintenant qui critiquaient le PiS pour son manque d’action à ce sujet sont maintenant les premiers à saluer cette décision et à dénoncer la barbarie des manifestants pro-avortement. Plus personne ne peut objectivement affirmer que Kaczyński joue le jeu de la gauche.
Ensuite, c’est évidemment le timing de la décision du Tribunal constitutionnel qui pose question. En effet, celle-ci fut annoncée à peine deux jours avant l’entrée en vigueur de nouvelles restrictions liées à la pandémie de COVID-19 (fermeture des restaurants, incitation à rester chez soi, limitation de la liberté de mouvement, etc.)
Enfin, il est possible de spéculer sur un éventuel pari des dirigeants du PiS que les nouvelles restrictions (qui soit dit en passant on été annoncée à peine quelques heures avant leur entrée en vigueur !) limiteraient le nombre de manifestants, inévitables à l’occasion d’une décision si importante et controversée. Les faits de ces derniers jours ont montré que l’ampleur et la violence des pro-avortement a largement dépassé tout ce à quoi on pouvait s’attendre.
Le PiS se retrouve donc dans une situation particulièrement délicate. Les sévères troubles à l’ordre public causés par les récentes manifestations s’ajoutent à une gestion chaotique de la « deuxième vague » de coronavirus dans le pays. Jarosław Kaczyński et les siens espèrent voir les manifestations diminuer progressivement (ou du moins leur caractère violent et blasphématoire) et éviter un deuxième confinement, qui serait une véritable catastrophe pour l’économie polonaise, bien que le confinement soit réclamé par une grande partie des libéraux. À tout cela s’ajouteront certainement dans les semaines à venir les inévitables tirades de donneurs de leçons occidentaux menaçant d’affamer financièrement la Pologne pour la décision de son Tribunal constitutionnel au sujet d’une question qui, une fois encore, appartient selon les traités européens à la compétence exclusive des États membres.
Une chose est sûre, l’intensité, la violence et la vulgarité des manifestants pro-avortement à surpris tout le monde et confirme le processus de radicalisation des mouvements féministes et d’extrême gauche dans le pays, où la haine s’exprime sans tabou ainsi que des velléités révolutionnaires. Les réseaux internationaux sont également au rendez-vous, notamment au niveau de la presse occidentale qui mène une campagne acharnée contre la Pologne et cette décision en particulier. Mais outre la Pologne, c’est bien souvent aussi l’Église catholique qui est visée, et tout cela laisse présager un accroissement des tensions autour des questions sociétales en Pologne alors que les prochaines élections ne sont que dans trois ans.